Former une équipe pédagogique à la Robustesse, le récit d’une le récit d’une formation par l’expérience par Laurent Marseault
Les participant.e.s
17 personnes dont
- Laurent Marseault : le Pompier animateur nature spécialisé homo sapiens / coopérations
- Jean-Marie Gilliot, IMT Atlantique
- Janick Tilly : enseignante master DPEC UBO
- Michel Briand : animateur d’Innovation pédagogique et transition, référent des communautés apprenantes
- Paul Saada, service civique au campus de la transition
- Julie Chabaud, exploratrice en métamorphoses, labo furtif, contributrice de la communauté de démultiplication de larobustesse.org,explorations de la robustesse en itinérance
- Camille Larcin : Doctorante à l’IFRES à L’université de Liège
- Carine Ramé : acculturation au feedback des équipes et innovation collaborative : coach, formatrice et codesigner, CEC et permaleader
- Véronique Bournaveas : conseillère pédagogique pour l’université de Pau et des Pays de l’Adour jusqu’à la fin de l’année car j’ai choisi la voie de la bifurcation, et donc ouverte à des coopérations
- Laure Pillot, Institut Français de l’éducation ENS de Lyon
- Eric Cousin , IMT Atlantique, enseignant Informatique + TES
- Catherine Adam, ENSTA
Introduction
Bonjour Laurent, on a souhaité aborder la question de se former à la robustesse dans un esprit, non pas de formation individuelle, mais plutôt d’une formation qui concernerait une équipe pédagogique, avec cette analogie des formations à l’approche par compétences mises en place dans nombre d’établissement, il y a quelques années déjà. Ces sessions de formations, étalées en général sur plusieurs journées ont permis de déployer cette approche par compétences dans les établissements, en particulier celle où je travaillais à l’époque, Telecom Bretagne (devenu l’IMT Atlantique). Aujourd’hui on peut envisager une démarche analogue sur la robustesse, pour des établissements qui s’intéressent à cette question : mettre en place des formations pour leurs équipes pédagogiques. Donc, le but de ce webinaire de la communauté apprenante robustesse et formation est que tu nous présentes ce que vous avez développé dans le cadre de larobustesse.org .
Nous avons la chance d’avoir aussi Camille, qui participe au travail qui se fait à l’Université de Liège sur pédagogie et robustesse, qui pourra apporter un complément.
Dans un second temps, un échange permettra aux participants de réagir et d’exprimer leurs besoins en termes de formations .
Ce webinaire sera aussi une ressource commune, récit d’un processus de formation par l’expérience qui pourra servir par la suite.
Laurent : Merci pour l’invitation. Peut-être commencer par dire d’où je parle. Je m’appelle Laurent Marseault, depuis à peu près cinquante six ans ; je suis animateur nature de formation, c’est mon métier de base. Par des histoires de vie, j’en suis arrivé à me spécialiser sur un seul animal, homo sapiens sapiens, pour aider cet animal bizarre à coopérer, collaborer, fonctionner en réseau ; au début dans le champ de l’éducation à l’environnement en travaillant sur trois grands leviers : la posture politique, les techniques d’animation et les outils numériques.
J’ai fait beaucoup d’accompagnement de structures, de formations dans le champ de l’éducation environnement, qui assez rapidement, se sont appelées éducation au développement durable. Avec quelques-uns on a été assez critique sur le fait de voir que l’on rajoutait tout un tas de notions, plus ou moins sympathiques sans forcément re-convoquer les manières de faire la formation, de faire de la pédagogie.
Et l’autre élément qui nous embêtait un peu, c’était qu’on avait ce qu’on appelait les "toujours là", sur les sujets environnementaux, de transition, de développement durable, avec tout le temps les mêmes personnes. Si on a envie que le monde bouge, il y a un enjeu à pouvoir embarquer plus largement que les "toujours là" ou -je vais le dire de manière un peu caricaturale- d’embarquer un peu plus que les consommateurs des bioshop, on n’a pas beaucoup de temps ensemble, alors j’y vais un peu vite.
Et on a vu arriver cette notion de robustesse avec, je le dis comme ça, mais après je mettrai plus de finesse, de nuance, "rien de nouveau sous le soleil". La notion de robustesse fait une synthèse, plutôt jolie et fabrique un récit relativement désirable. Merci beaucoup, Olivier, parce qu’on voit, qu’il y a plein de personnes qui, d’un seul coup, se trouvent intéressées par le sujet : des élus, des entreprises, des pédagogues s’intéressent à la notion, avec en deux ans un véritable engouement. On a croisé Olivier à plusieurs reprises lors de conférences et surtout, on voyait qu’à la fin de chaque conférence les personnes avaient plutôt le sourire et des envie de. Et quand les gens ont petit sourire, des petites envies de, cela commence bien ! Avec quelques personnes, plutôt pédagogues, on a proposé à Olivier de monter un processus qui permette eux gens, une fois qu’ils ont vu cette notion intéressante, de passer du concept à l’action. Il a répondu dans les trente secondes et demi, "oui, super intéressant". Avec un financement de la région wallonne où quelques personnes, aiment pas mal les projets sur lesquels on travaille, on a fabriqué un prototype de formation, dont tous les contenus sont réutilisables par d’autres et protégés comme des communs. On a testé cette formation en Belgique en invitant quelques complices, plutôt pédagogues, qui connaissaient bien la notion et les notions connexes. On a eu des retours bienveillants, mais assez ciselés qui ont fait que, très rapidement, on a fait évoluer le processus toujours en gardant l’idée que les personnes viennent avec pour objet : comment fait-on pour passer concrètement à l’action ?
Michel : Merci pour cette introduction, est ce que tu peux dérouler ce processus ?
Laurent : C’est une formation qui, de base se déroule sur quatre jours et que l’on a maintenant déclinée de plusieurs manières différentes. (les traces des formations sont documentées sur larobustesse) Avec quatre jours, on est vraiment dans l’expériencel : on fait vivre aux personnes tout un tas de choses qui les amènent à comprendre et surtout à voir comment cela leur donne des pistes opérationnelles, au vu de leur contexte.
Avant de rentrer plus dans le détail, comme on a vu qu’il y avait un engouement autour du sujet, on a fait une espèce de communauté apprenante de personnes (voir l’onglet "ils peuvent an parler") qui ont envie de faire des formations autour du sujet, avec une formation en 2 fois 3 jours. Dans la première séquence, on s’est réaligné autour des notions. Ensuite, pendant le mois et demi entre les deux rencontres, les personnes ont réfléchit sur comment ils souhaitaient transposer cette formation dans différents contextes. Lors de la deuxième rencontre, là, chacun.e a présenté ce qu’il avait envie d’en faire : des conférences, des formations courtes, des balades avec des ânes, de l’accompagnement de territoires. La seule condition, c’est que l’intégralité de ses contenus soient sincèrement partagés et restent des communs. Maintenant il y a une espèce de communauté que l’on appelle les "gaston", parce que l’autre Gaston Lagaffe, c’est le héros de la robustesse. Cette communauté apprenante continue à cogiter sur la notion et on souhaite -ce on inclue Olivier Hamant et les personnes qui sont dans la gastonade- que cette notion de robustesse reste une notion vivante, qu’elle ne soit pas personnifiée et qu’elle reste un véritable commun géré par une communauté grandissante.
les formats d’animation documentés sur larobustesse.org
question de Laure La formation s’adresse à qui ?
Laurent : A des personnes qui ont envie de passer à l’action, de passer du concept à l’action, qu’elles soient ou non dans la pédagogie, on a des formateurs, on a fait deux fois la formation pour Supagro Florac, pour des personnes qui accompagnent des structures, pour des chefs d’entreprise, c’est vraiment extrêmement varié, charge à chaque personne de le transposer dans son contexte. La seule chose, encore une fois, c’est que si vous en faites des choses qui sont encore plus sympathiques que ce que nous on a pu proposer, surtout se débrouiller pour que cela reste des communs.
Ce que nous avons fait, quand je dis nous, c’est avec mon complice Gatien, c’est une formation sur quatre jours. On envoie en amont des contenus aux personnes, des bouquins à lire, des podcasts pour que les personnes aient éventuellement quelques questions sur la robustesse mais qu’on ne soit pas là pour expliquer la robustesse, mais pour explorer comment on fait pour passer à du concret, de l’opérationnel.
La première partie est classiquement de l’interconnaissance, j’y reviendrai plus tard. Et tout de suite, on analyse une fluctuation qu’ont vécue quasiment toutes les personnes qui viennent à notre formation : le covid. On aide les personnes à analyser ce qu’était du robuste déjà là, parce que quand on vit une fluctuation, cela permet de s’apercevoir qu’il y a des choses qui sont vraiment importantes, que l’on a vraiment envie de conserver et qui ont permis que ça se passe plutôt bien. Quelles étaient ces les choses qui étaient vraiment à conserver ? Et quelles sont les choses à ringardiser, des choses qui étaient des fonctionnements puants et qu’il nous faut absolument identifier. C’est comme ringardiser la performance, parce qu’en général il y a de la performance derrière et du coup plus, de manière plus large, qu’est-ce qu’il faut absolument cesser de faire. Le troisième volet, c’est qu’est-ce qui nous manquait ? qu’est-ce qu’il aurait fallu inventer avec du recul pour que cela puisse bien se passer. Cela s’appelle La méthode des trois C : Créer, Continuer, Cesser que l’on a un petit peu "robustisé".
A travers ces réflexions individuelles en partage collectif, on s’aperçoit que les personnes, en faisant cela font ressortir quasiment tous les principes de la robustesse. Cela produit une espèce de de sommaire des sujets sur lesquels, on va revenir par la suite.
A la fin de de chaque journée, on demande aux personnes, par rapport à ce qui s’est passé, quelle idée ça vous donne par rapport à votre contexte ? des idées d’actions ? des idées de réflexion ? des idées de personnes à contacter ? de personnes avec lesquelles partager vos idées ? ou des personnes avec lesquelles ce serait bien de continuer à discuter ? On commence à gratter, sans le dire, la notion de coopération.
Le lendemain, on travaille sur la notion du temps. Là dedans il y a deux grands sujets. Un premier sujet c’est prendre le temps, avoir du temps pour questionner la question : nous sommes des grands malades mentaux de la performance, et donc, grosso modo, on va tout de suite essayer de trouver des réponses à comment on va pouvoir mettre de la robustesse dans un système sans forcément que questionner le système.
Un un des gros enjeux, c’est de s’apercevoir qu’on va tout de suite essayer de passer à l’opérationnel sans prendre du temps. Et après, l’autre élément, c’est dire que nous, les humains, au vingt-et-unième siècle, nous n’avons jamais eu autant de temps à toute l’échelle de l’humanité, nous n’avons jamais eu autant de temps libre, on n’a jamais vu ça. Sauf que ce temps libre, actuellement, on s’aperçoit qu’il est bouffé, ce temps libre est capté, là, je voulais pas vous faire le cours... Si vous ne reprenez pas du pouvoir sur le temps, vous n’aurez pas le temps de penser pour pouvoir panser.
Mettre en place de la robustesse, cela demande du temps, de prendre du temps de manière régulière, du temps pour réfléchir, du temps pour coopérer, du temps pour se connecter au territoire, etc. Et si ce temps-là on l’a pas, dans notre monde de petits hamsters qui courront comme des machins dans leur roue et qui ayons l’impression qu’à la fin de la journée ou à la fin, juste avant nos vacances, qu’on n’a pas eu le temps ; cette notion du temps, elle est fondamentale. On a une demi-journée là-dessus et on va notamment se débrouiller pour provoquer un bug dans la formation, pour qu’un moment ça parte en vrille et là, les apprenants se demandent ce qui se passe. Se demandant ce qui se passe, on parle de l’intérêt du bug qui permet de s’apercevoir que nous sommes dans des rails qui nous permettent d’aller de plus en plus vite, -on adore aller plus vite- mais si on ne déraille pas il n’y aura pas de robustesse. On commence cette notion du temps, on prend du temps et on le fait dès le début, parce que les personnes viennent là pour trouver les réponses et si on ne se regarde pas un tout petit peu fonctionner et dysfonctionner, çela va être compliqué, cela c’est la notion du temps.
Ce qu’on va faire assez rapidement, c’est aussi expliquer que la robustesse c’est
rester stable à court terme et viable à long terme malgré les fluctuations
la définition officielle, une phrase qu’on peut découper en deux parties, qui sont deux parties absolument indissociables.
Rester stable à court terme
Nous sommes dans un monde qui est fluctuant, où ça tangue un peu dans tous les sens, il suffit d’ouvrir un peu la télé ou d’aller dans la rue pour voir que ça tangue dans tous les sens. Les plus optimistes disent que ça va tanguer pendant deux cents ans. Cela va tanguer de plus en plus et de plus ne plus rapidement, ça fluctue. Une fois que l’on a dit ça, il va nous falloir travailler sur deux éléments, avec en première partie de la phrase, rester stable à court terme malgré les fluctuations, cela veut dire faire des tests de fluctuations. Un bel exemple en est le covid, qui était une fluctuation. Comment on vit cette fluctuations ? comment on le vit au quotidien, et comment on analyse ces fluctuations, on reprend l’idée des trois C : qu’est-ce qu’il nous faut conserver, qu’est ce qu’il nous faut ringardiser, qu’est ce qu’il nous faut inventer ?
On peut s’amuser à faire des exercices de pensée et assez rapidement on met en place avec les personnes, des tests de fluctuations. On explique ce qu’est une fluctuation, ce que n’est pas une fluctuation, donc la différence entre une tendance et une fluctuation. C’est le côté stress test, avec un petit cran de plus. Pour aller travailler en entreprise, elles adorent les tests de fluctuations, trouvent cela sympa, que l’on fait déjà cela. On explique qu’l y a trois types de fluctuations :
- la fluctuation de niveau 1, cela nous bouge un peu, mais après on revient sur un état quasi d’équilibre. Pour beaucoup, de structures, le covid a été une fluctuation de niveau 1, cela nous a un peu chamboulé, on est d’accord qu’il y en a qui sont morts au final, on , mais pour beaucoup, grosso modo, on est revenu à notre notre système précédent, souvnet nsans avoir pris le temps d’analyser ce qui s’est passé.
- la fluctuation de niveau 2 : ma structure n’a plus d’objet. Faisons l’hypothèse d’une réorganisation au niveau de l’enseignement supérieur avec une décision politique que les grandes écoles, c’est quand même pas terrible. Et donc XXX, on décide de la supprimer. Cette fluctuation là fait que la structure XXX n’a plus de n’a plus d’objet. Ou alors, on l’a vu sur des réaffectations de budget dans l’animation nature, certaines régions ont réaffecté les fonds destinés à l’éducation à l’environnement, vers les chasseurs, en trouvant que c’était plus pertinent. Je ne suis pas là pour dire que c’est une bonne idée ou pas, mais pour ces structures là qui fond de l’éducation à l’environnement c’est une fluctuation niveau 2, une fluctuation qui peut n’avoir aucun impact pour la structure d’à côté.
-* la fluctuations de niveau 3, renverse plutôt le territoire. Vous avez vu qu’il y a des petites, coupures d’internet parce que, les gros serveurs internet, il n’y en a trois au niveau mondial qui reposent sur des technologies qui ne sont pas si robustes que cela, et donc un des scénarios de l’armée française qui s’amuse à faire des scénarios pour le cas où, un des scénarios c’est effectivement, il n’y a plus internet sur 6 mois. Faisons juste l’exercice de pensée qu’il n’y a plus internet pendant 6 mois, ce n’est pas une fluctuation de niveau 1, ce n’est pas une fluctuation niveau 2, et il est possible que ça gratte un petit peu. Et on peut faire plus simple : si les transports sont bloqués, parce que des gens en ont marre et se remettent à bloquer des ronds-points, des axes de circulation, en bas, si tous les flux de transport de marchandises sont bloqués, comment fait-on au bout de trois jours, dans les villes, cela va commencer à manquer !
Le jeu qu’on fait avec les personnes, c’est de s’apercevoir qu’autour de nous, il y a déjà plein de fluctuations, le signe que le monde performant est fragilisé, cela commence à craquer ici et là, et donc, on leur demande d’imaginer les fluctuations qui pourraient se passer sur leur structure ou sur leur territoire. On lit les écrits et ce qu’on s’amuse à faire, c’est tirer au sort une fluctuation et l’appliquer au projet d’à côté. Pourquoi on fait cela ? parce qu’à l’a différence des stress tests où le but est de s’imaginer ce qui risque de se passer et de se préparer à cela, par définition une fluctuation nous arrive sur la figure alors qu’on ne l’a pas imaginée. Alors que quand on fait un stress test, cela nous permet d’être adapté à une fluctuation que l’on a imaginée. Or, la robustesse n’est pas être adapté à des fluctuations que l’on imagine, c’est voir si on est adaptable à des fluctuations auxquelles on n’a pas pensé. Concevoir une fluctuation pour sa structure ou son territoire, effectivement, c’est une logique de stress test que font toutes les entreprises, où les collectivités avec lesquelles on peut travailler. Par contre, s’amuser à se tirer au sort d’une structure à l’autre, c’est une autre paire de manches et dire : tiens celle-ci, je n’y avais pas pensé. Et du coup, est-ce qu’on a des principes de fonctionnement qui vont faire qu’au final on est, par rapport à cette situation-là, adaptable. L’après-midi, on fait des tests de fluctuations, mais on ne fait que du niveau 1 ou du niveau 2. C’est en général assez intéressant, et on voit qu’il y a du robuste déjà là, et que parfois il y a des choses qui manquent cruellement.
Ça, c’est à peu près la deuxième journée.
le jeu des kaplas
documentésur La robustesse.org
La première après midi, on leur fait jouer à un jeu de kaplas. On donne aux personnes des kaplas de couleurs différentes et on fait trois groupes. Chaque groupe doit faire une tour de kaplas la plus haute, avec le moins possible de kaplas. Ils font de jolies tours, en général, très belles. Et ensuite on leur révèle, ça, ils ne le savaient pas, car typiquement, on est en mode performance, et donc on on leur révèle que les kaplas verts, c’est plutôt l’environnement, les kaplas bleus, plutôt le social, et les kaplat rouges, plutôt les personnes. Et là on tire au sort des fluctuations, il y a le plus grand employeur de la ville de Brest, qui vient de tout liquider, du coup, il y a un impact au niveau social, donc vous devez enlever 2 kapla social. Et puis il y a plein de personnes qui sont en dépression, et donc vous devez enlever 3 kapla bleu.En faisant cela, on s’aperçoit que plus vous avez une tour performante, plus, dès que vous avez des fluctuations, cela va se casser la figure.
la santé commune introduction
Dès qu’ils ont tiré leurs cartes de fluctuations, on leur donne un dé, et ce dé là, c’est un dé santé commune -on n’a pas encore parlé de cette notion-là-. Etre stable à court terme et viable à long terme. Stable à court terme, c’est faire des tests de fluctuations. La santé commune, c’est si on ne veut pas avoir à se prendre dans la figure des fluctuations avec de plus en plus grande amplitude et avec une fréquence de de plus en plus grande, il nous faut réparer le monde dans lequel on est et pour réparer le monde.
"Avec la santé commune, il s’agit ni plus ni moins que de se ré-approprier la définition du mot santé en considérant que la santé des humains dépend de la santé des sociétés, qui elle-même dépend de la santé des milieux naturels."Institut Michel Serre
Tout projet au 21ème siècle doit absolument réparer la santé des personnes, la santé des sociétés, la santé des écosystèmes et d’un écosystème : l’eau, le sol, la biodiversité. C’est dire que si on veut ne pas prendre un tampon de plus en plus important, il fautque nos projets réparent cela. Le petit, dé qu’on lance, c’est dire : tu lances le dé et dire "on avait fait un chantier participatif et vous regagnez un kapla bleu". Oui, il y a des fluctuations, mais quand il n’y a pas de fluctuations, comment répare-ton cette santé commune ? Lors du première tour, on voit bien que plus la tour est performante, plus elle se casse la figure rapidement, on leur demande maintenant de refaire la tour, vous avez compris qu’on va tirer les fluctuations. Vous avez compris qu’avec le dé santé commune, on va pouvoir recharger un peu les batteries. Et donc le but du jeu, c’est de faire des tours qui vont passer des fluctuations. Et qu’est ce qui se passe ? ils font une tour qui en général est plus basse. Il y a quelques personnes qui, du coup, disent : "ah ben non, on ne va pas faire trois tours, parce que ce n’est pas dans la consigne, on va plutôt mutualiser l’intégralité de nos kaplas, pour faire quelque chose en commun", donc, la notion de coopération ouverte. Et d’autres qui restent en coopération fermée, chaque équipe dans son coin. Et puis on va faire du sous-optimal, on va mettre des kaplas qui ne servent à rien, on va faire de la redondance. En fait, ils vont mettre en place, sans le savoir, tous les concepts qui sont les concepts fondamentaux de la robustesse.
Ils sont super contents parce qu’on fait des test de fluctuations, il y a des tours, qui vont plus loin que d’autres, en prenant bien conscience que si on ne répare pas par petit temps, de toute façon, ça va se casser la figure. Ils sont tous contents, parce qu’ils pensent avoir tout compris, ce jeu, c’est génial.
de la coopération ouverte
Puisque vous avez tout compris, on remet tout à plat et on recommence. Là, ce qui est mis en jeu, c’est non plus la compréhension des mécanismes, donc sous optimalité.. etc Ce qui est ce qui est mis en jeu, c’est la capacité à faire équipe pour, ensemble, fabriquer une tour. Ce n’est plus du tout la notion de robustesse, mais comment va coopérer ce qui est une notion fondamentale : quand on se prend un test de fluctuations sur la figure, s’il n’y a pas de coopération dans votre structure, ça va mal se passer. Pareil pour travailler la santé commune : aucune structure ne peut travailler toute seule l’idée de santé commune. Plus on fait de la fluctuation de niveau trois, plus les solutions sont territoriales et en logique de coopération et surtout de coopération ouverte. L’idée, c’est de s’apercevoir qu’au bout d’un moment, le facteur limitant, ce n’est plus la compréhension des phénomènes des mécanismes, c’est la capacité à coopérer à minima au sein de l’équipe et à maxima entre les équipes, donc cette fameuse notion de coopération ouverte avec lequel on s’amuse avec Michel depuis un certain temps ("La coopération ouverte un concept en émergence").
Voilà donc, ça, c’est le jeu des kaplas, le but est de mettre en place des situations où, en fait, les personnes apprennent, acquièrent les notions, vivent pour de vrai les notions de fluctuations, les notions de santé commune.
On met en base de données les tests de fluctuations parce qu’il y a des fluctuations dont tout le monde parle, et puis parfois une situation à laquelle n’on n’avait pas pensé, que l’on met enbase de données sur le site, larobustesse.org. L’idée, c’est aussi de faire comprendre aux personnes que, certes, nous, on a un peu pensé au sujet, mais que plus on va travailler cette notion en lien au contexte dans lequel sont les personnes, plus les personnes travaillent la compréhension de la notion même de robustesse, et donc on glisse petit à petit vers la notion de communauté apprenante. Nous, on partage l’état de nos réflexions, mais ’bienvenue à bord le premier qui dit qu’il a tout compris, qu’il sait tout faire, ce n’est pas vrai !" C"est un processus qui doit rester ouvert.
Interconnaissance jour après jour
Chaque matinée, on demande aussi aux personnes de partager les idées que ça leur donne et de les partager. Et chaque matin, on demande aux personnes deux choses. La première c’est qu’est-ce qui surnage après une nuit de sommeil et la deuxième, on refait tous les matins un tour de présentation. L’idée c’est de comprendre que faire de la robustesse, ne se fait pas tout seul, cela se fait en équipe ; la coopération, se construit avec notamment, l’idée d’interconnaissance. On fait de l’interconnaissance au début de la formation, puis après on ne se connaît plus et donc, chaque matin, on refait de l’interconnaissance et cela les déstabilise beaucoup au début, puis en fait, rapidement, ils comprennent que plus on fait ça, plus on peut planter les racines du groupe et plus on plante les racines du groupe, plus cela permet de faire des branches un peu audacieuses.
et les évolutions ?
Ce qu’on voit, c’est qu’au début, les gens sont dans de la présentation, "je m’appelle Laurent Marseault, j’ai trois filles et mon métier, c’est ça". Et puis, petit à petit, les personnes parlent d’eux sur des dimensions plus personnelles. C’est aussi un élément sur lequel on parle beaucoup pour la coopération : la coopération se construit sur l’exposition de nos vulnérabilités. Si je veux faire équipe, c’est comment je dis qui je suis mais ce que je ne suis pas, et en quoi j’ai besoin de l’autre,
le jeu des terriers
La troisième journée on fait, le jeu des lapins et des terriers. On commence par faire un partage de compétences : on va vous mettre en situation et quelles sont les compétences que vous avez et qui, d’après vous, sachant que le sujet, c’est la coopération, quelles sont les compétences que vous avez, que vous êtes prêt à mettre au service du collectif ? Là les personnes disent plein de choses extraordinaires, sont capables de faire des synthèses, sont capables de... je ne fais pas la liste, mais il y a plein de choses. Et à chaque personne, on donne un kapla (ils nous servent deux fois) pour chaque compétence. La consigne est donnée, ils se retrouvent, chacune et chacun, avec quelques kaplas et leurs compétences et on les emmène dans une autre salle dans laquelle on a préparé des terriers avec autant de terriers que de personnes, un terrier c’est un post-it collé au sol avec un numéro.Et on leur dit : à partir de maintenant, vous êtes des lapins, aucun lapin ne parle. Donc interdit de se parler et on va vous donner une mission. Chacun reçoit un petit papier, le petit papier, c’est, tu dois relier le terrier numéro ton terrier, avec le terrier numéro douze et le terrier numéro vingt sept. Et cela, vous devez le faire sans parler et vous devez le faire uniquement avec les éléments que vous avez sur vous.
Là, vous avez un groupe de lapins qui, en général, sont totalement sidérés. Vous avez des personnes qui se mettent dans un coin et se mettent à dire : mais c’est quoi ce truc ? vous avez des personnes qui commencent à s’hyper-activer en sautant comme des lapins, en essayant de rassembler tout le monde pour faire comprendre uniquement par le non-verbal, quelle est la stratégie qu’il faudrait avoir, parce que, bien évidemment, chacun a une idée, et pense que son idée est quand même vachement meilleure que celle des autres. Vous avez aussi des personnes qui sont focus sur leur tâche, qui vont déjà essayer de, d’autres qui ne comprennent pas la consigne ; d’autres qui disent : ah non, il faut absolument qu’on mette tous les défis ensemble et qu’on les résolve collectivement. Et, assez rapidement, vous allez voir une personne qui va défaire ses lacets, une personne qui va enlever sa ceinture, son écharpe. Et alors que la tâche paraissait totalement insoluble pour le groupe, on s’aperçoit qu’à partir du moment où il y a quelques personnes qui commencent à donner des pistes, en tout cas à le montrer et être dans l’opérationnel, en fait, ça se résout assez vite. Sauf que comme on est des petits coquins, s’il y a plein de post-it qui sont sur le sol, il y en a un qui est sur un mur et l’autre qui est dans la pièce d’à côté et donc, au bout d’un moment, si plein de personnes ont résolu leur truc et sont super contentes, d’autres qui continuent à galérer. Comme on est gentil, on dit : "est ce qu’il y a des personnes qui n’ont pas résolu leurs défis ?" on partage cela et ils se mettent à passer en projets plus collectifs.
Nous on note tout ce qui se passe et ensuite, une fois que les défis sont réalisés, on propose aux gens de débriefer çela : qu’est qu’est-ce qui fait que ça a fonctionné ? il y a des personnes qui ont fait un truc tout seul, mais s’ils avaient caché ce qu’ils avaient fait, les autres n’auraient pas pu être déclenchés. On peut faire de la coopération en étant tout seul, c’est la notion de stigmergie. Le côté donner, à voir si je donne, si je montre ce que je fais, les autres peuvent s’appuyer dessus, s’apercevoir qu’en fait, si chacun reste sur son défi, c’est impossible, avec les éléments que j’ai sur moi, de faire la totalité, mais par contre, je peux passer par le terrier des autres. Et donc, quelles sont les choses qu’on mutualise, quelles sont les choses que je garde pour moi ? Bon, je ne vais pas vous faire tout le debrief, mais c’est super intéressant ! Il y a des gens qui disent oui, mais "et mes compétences, les fameuses compétences qu’on a partagées, nous les intellos, on a partagé ce qui nous semblait bon pour coopérer", et leur répondre les compétences c’est bien de les avoir échangées, mais ce qu’on voit, c’est qu’elles sont mobilisées parce qu’il y a un défi, parce qu’il y a une situation. On revient sur le fait que la coopération se construit sur l’expression de ces vulnérabilités, le fait d’avoir un défi, de savoir défaire des lacets, là ça peut servir et comment on rend visible les compétences des autres, quelle est la posture ? Je ne fais pas le détail, mais c’est intéressant et on fait ensuite une espèce de méga synthèse.
autour de la coopération
On n’a qu’une journée sur la la coopération, alors que dans animacoop ou cooptic les formations durent quinze semaines... on fait un atterrissage avec les personnes sur, d’après vous, quelles sont les ingrédients, les fondamentaux de la coopération, et plutôt sous la forme d’un espace de discussion apprenante. Cela part un peu dans tous les sens, mais en général, les gens ont plein d’idées. Après on restructure ça selon de deux entrées : une entrée autour d’une notion qui s’appelle la **gouvernance contributive**, dans lequel un certain nombre d’étapes ont été formalisées par un ancien élu brestois, et avec comme autre entrée tout un processus de formation autour de la coopération sur moi : ma posture, ma posture au groupe, ma posture aux autres, au nous, quels sont les éléments pour faire du nous ? comment, une fois qu’on a fait du du nous, on s’articule avec l’extérieur. c’est le matin du troisième jour.
question est ce que tu peux expliquer les deux entrées : gouvernance contributive et l’aspect coopération
Expliquer la coopération peut se faire de quinze mille manières différentes et comme on l’a fait en débrief d’une situation vécue et en une discussion qui part dans tous les sens, pour certains cela va très bien, et d’autres ont besoin de repères plus structurés : la coopération c’est 1.. 2.. du coup, on leur propose deux manières de penser la coopération, une manière logique, avec la spirale autour de la gouvernance contributive, cette gouvernance contributive, de Michel Briand permet d’avoir un truc un peu propre :étape 1, étape 2, étape 3.. Et aussitôt on leur montre un autre processus, car la coopération, c’est d’abord penser, moi, mon rapport aux autres, de faire du nous, de le confronter à l’extérieur. Cela permet montrer qu’il n’y a pas une manière de de penser la coopération, parce que, dès que tu fais des trucs un peu formalisés certains pensent que c’est la manière de penser. Nous, ce qu’on aime bien, c’est dire : le sujet est important, par contre, il y a plusieurs manières de penser, on vous en propose deux, souvent les gens confondent ce qu’on appelle l’esprit et la loi : en fait ils retiennent : étape 1, 2, 3, mais pas pourquoi il faut faire de la gouvernance partagée. D’où l’intérêt d’expliquer un sujet, dès que tu passes en méthodo, à minima de deux manières différentes, pour que les gens comprennent qu’il y a plusieurs manières de penser les choses.
Ton premier auteur, c’est michel, Et le second : est-ce que c’est un collectif ou vous choisissez aussi ?
Le deuxième, c’est un projet qui s’appelle cooptic, par Gatien Bataille qui a travaillé sur le sujet dans une formation sur la coopération qui dure quarante demi-journées -en terme de contenus, c’est le top-. L’idée, c’est justement de montrer qu’il y a plein de manières de faire, et on pourrait en choisir d’autres. On veut vraiment éviter l’effet gourou où les gens cherchent le, la future personne qui va leur montrer la voie, d’où l’intérêt de dire : voilà, le père Hamant, ce n’est pas lui qui a tout inventé, il a cristallisé des choses qui viennent de partout et tu continues à cristalliser. Donc dépersonnaliser et derrière cela il y a plein de méthodos. Il y a de gros paquets sur lesquels travailler, si tu veux une référence : Ivan Illitch, outils conviviauxcomment on se débrouille pour que le processus précis sur lequel on est reste un processus convivial.
Fluctuation de niveau 3
Ensuite on fait vivre aux personnes la fluctuation de niveau 3, parce que quand même, ça, c’est trop rigolo. On leur dit : voilà la fluctuation sur lequel on vous a fait travailler : en 2008, vous vous rappelez de petites bulles spéculatives ont mis le bazar au niveau mondial, des personnes disent que la prochaine bulle sera autour de l’intelligence artificielle, parce que, visiblement, il n’y a aucune entreprise d’intelligence artificielle qui gagne des sous, par contre, on leur a prêté des sommes absolument colossales les seuls qui gagnent de l’argent c’est Nvidia qui vend les puces pour faire tourner intelligence artificielle. La masse monétaire en jeu, est ici dix fois supérieure aux subprimes, où en 2008 quelques personnes disent que, à quinze jours près, l’euro n’avait plus de valeur. Donc, on peut s’imaginer cet exercice de pensée "l’euro n’a plus de valeur et si l’euro n’a plus de valeur qu’est ce qui se passe ?"
Donc exercice, on fait, travailler les gens en deux formats : on y réfléchit tout seul, puis par petits groupes, et puis ensuite qu’est ce que ça provoque ? qu’est-ce que ça leur fait de s’apercevoir que ? En général, on s’aperçoit de nos dépendances, qu’il va falloir revenir à des besoins qui sont fondamentaux. Et souvent ses besoins fondamentaux, je ne peux pas les régler tout seul, donc il faut que je les règle avec mes petits voisins. Les pistes de solutions à une fluctuation de niveau trois sont des solutions territoriales. Cela oblige à territorialiser la question. Première façon de faire : on fait un cheminement d’abord tout seul, puis par petits groupes, et on met en partage. Deuxième solution, on fait un jeu de rôles, en donnant à chacun un rôle, directeur de supermarché, enseignant, maraîcher...
d’où viennent les besoins fondamentaux ?
Les besoins fondamentaux émergent dès que tu mets en place la situation de niveau trois. Dès que tu dis aux gens : voilà, l’euro n’a plus de valeur, comment on va faire ? peut-être qu’au début, c’est comment on va faire pour payer notre électricité, puis, au bout d’un moment s’il n’y a plus d’euros, on ne peut plus acheter, donc il faut échanger, "échanger avec qui ? sur quoi ? et là, quasiment pour tous les groupes c’est 1) il va falloir qu’on mange, 2) il va falloir qu’on reste à peu près en santé 3) il va falloir qu’on fasse circuler une information.. Il n’y a pas de solution par rapport à cela pas de bonnes solutions. Le processus qui nous intéresse, c’est que les gens vont discuter collectivement des choses qui sont importantes pour eux et l’important pour eux, ce n’est pas forcément d’avoir ma Tesla qui continue à fonctionner, c’est quoi les besoins d’un territoire, d’un métier...
Ce qui est souvent intéressant, c’est que tu t’aperçois que pour résoudre ce niveau 3, on va peut-être avoir besoin de personnes différentes. Etre entre bobos bio qui allons acheter à la biocoop, ce n’est pas suffisant pour trouver des réponses. C’est vraiment faire prendre conscience aux gens que, je cite Latour dans le texte "Il va nous falloir composer" composer avec des personnes qui ne sont pas forcément mes copains, mais par contre qui sont mes voisins, qui sont les mêmes habitants d’un territoire. C’est intéressant de s’apercevoir que je vais avoir besoin de tonton machin, qui n’est pas sympa, mais qui sait encore faire des postes à galène, ou qui a encore un poste de CB, dont on aurait besoin, peut-être que la radio associative du coin, dans ce cas-là peut servir. Et donc, on va aller chercher dans le territoire, des gens qu’on devrait associer à cette réflexion, à un moment, si on a envie de se préparer à cette situation-là, à ces fluctuations de niveau 3, même si tu n’aimes pas les gens, fais le à minima pour ton intérêt personnel.
tu parles de deux formats est ce que tu les fait l’un après l’autre ?
J’ai cité deux formats différents, l’intention, c’est de leur faire vivre de la fluctuation niveau 3, qu’ils comprennent ce que ça fait et surtout qu’au final la solution est territoriale. En fonction du temps, en fonction de l’énergie du groupe- parce que ça leur donne mal à la tête de les faire agir sur tout ça, ça fait vraiment cogiter- et donc en fonction de l’énergie du groupe, du temps qu’on a, etc. on prend telle ou telle méthodo.
Santé commune et territoire
Ensuite, le jour suivant- on fait pareil : qu’est-ce qui surnage ? qu’est-ce qui flotte ? et on fait de la présentation. Là, on va commencer à les gratter avec l’idée de santé commune. La première partie de la phrase rester stable à court terme, ce sont les tests de fluctuation, rester viable, c’est cette notion de santé commune, comment on peut réparer la santé des personnes, des sociétés, contribuer à ? Là ce qu’on aime beaucoup, c’est s’appuyer sur un lieu. La semaine dernière, on était chez Pocheco, où ils ont quand même cogité à deux, trois choses. Dans chaque lieu, c’est comment, sur le territoire sur lequel on est, dans la relation avec nos fournisseurs, nos clients, chez moi, -on habite tous quelque part- comment je contribue à réparer cette santé commune. On s’aperçoit si on ne fait pas les choses de manière théorique, mais appliquée à un lieu, des idées, on en a plein et on essaye de se faire une petite base de données d’idées : que dès qu’on réfléchit à cela, les gens ont des idées, et on va s’apercevoir que des endroits qui réfléchissent à ça sans le nommer, il y en a plein, mais surtout s’apercevoir que moi tout seul, je ne pourrai pas réparer toutes ces santés là. Donc, c’est quelle alliance, de quelle manière je vais faire avec telle structure ?
Pour vous donner un exemple, j’étais il y a quelques temps, avec les entreprises de la ville de Grasse, qui sont beaucoup des parfumeurs, avec beaucoup de salariés, tous des gens qui font de la RSE, qui sont super contents parce que ils ont mis des nichoirs à insectes et qui sont très intéressés par la notion de robustesse. Et je leur dis : voilà le test de fluctuation ; être vivant, parce que si on fait des tests de fluctuation, on peut espérer être un peu plus vivant malgré les fluctuations, ce n’est pas suffisant. Etre vivant sur un territoire qui est mort, ce n’est pas joyeux du tout. Donc, c’est comment vous débrouiller pour que le territoire sur lequel vous êtes soit en santé, les gens, les sociétés, etc. Et là, il répondent : "nous, on ne s’occupe que de l’environnement, sur notre lieu". Oui, mais si ton lieu est sympa, qu’il y a pas mal de biodiversité, mais que tout à côté, c’est vraiment pourri, ça ne peut pas marcher. Encore une fois, on on est sur l’idée d’interdépendance ou de coopération ouverte, mais on est un cran de plus et donc, c’est quelle articulation tu vas faire ? "la santé des sociétés, on ne sait pas faire" Oui, mais si tu ne sais pas faire, avec qui tu vas t’allier parce qu’il ya des gens qui savent faire ça, et peut-être qu’une part de tes bénéfices, peut-être que tu as des locaux que tu peux mettre à disposition de structures qui travaillent là-dessus, qui peut-être le font très bien. Comment avec cette manière de penser la santé commune, tu prends conscience que il faut l’articuler sur un territoire et cela amène à dézoomer. C’est vraiment un élément sur lequel on travaille beaucoup : les gens viennent pour mettre de la robustesse dans leur structure, et au bout d’un moment, tu t’aperçois avec de la fluctuation de niveau 2 ou 3 que c’est impossible si tu n’articules avec ton territoire et avec la notion de santé commune encore moins. Donc, du coup, on travaille beaucoup, ça là, durant l’avant dernière journée.
Julie, qui est parmi nous fait, partie des gaston, et elle a fait cette formation-là avec des ânes, en itinérance. Une fois que sur ces principes-là, on est à peu près alignés, sur la notion du temps, la notion de comprendre comment fonctionne la nature, aller voir les principes de robustesse dans la nature, le côté fluctuations, le côté santé commune, elle a complètement transposé cela sur un moment d’itinérance avec des ânes, et c’est plutôt chouette. La joie aussi est une notion fondamentale, parce que quand les gens font des fluctuations de niveau 3, au début il y a un petit côté déprime, mais très rapidement, les gens sont hyper joyeux parce qu’il y a plein de solutions ; un monde robuste, c’est vachement plus sympathique à la fin, il y en a même qui disent : "vivement qu’il y ait une coupure d’internet pendant six mois, parce qu’effectivement, le monde robuste, il est beaucoup plus désirable"
Donc, bienvenue à bord, vous pouvez le changer dans tous les sens et je vais vous mettre en lien un chrono d’une des formations qu’on a faite. Mais ce n’est pas parce que nous, on le fait comme ça qu’il faut faire pareil, l’idée, c’est vraiment que que ce soit changé dans tous les sens.
(Sur le site, larobustesse.org vous trouverez le calendrier des formations qui ont eu lieu à plusieurs endroits, et peut être près de votre territoire.)
Quel est Le profil des personnes qui suivent des formations ?
Une partie des personnes qui étaient là sont dans des projets de transition pour qui le côté robustesse semble intéressant et leur permet d’élargir la manière de penser leur projet. Il y a aussi des enseignants comme à supagro Florac. On a pas mal de coach qui accompagnent un peu plus sur la durée et se tropicalisent, par rapport à la notion Le point de vigilance, c’est que ce n’est pas du stress test, ce n’est pas l’idée d’être adapté, mais adaptable et la robustesse c’est deux parties, les tests de fluctuations et la santé commune. Voilà pour le faire de manière un peu rapide.
Une fois, on a été sollicité par une entreprise qu’on ne citera pas, qui transportent des voyageurs plutôt dans l’ouest de la france, et qui nous dit : "ça nous intéresse beaucoup la robustesse, parce qu’il y a des fluctuations du type la mise en concurrence, etc. on aimerait pouvoir passer les fluctuations, et que nos concurrents ne les passent pas, cela nous fait un avantage concurrentiel". On leur répond, dans la robustesse, il y a la partie santé commune, en quoi votre projet va réparer la santé de ? "ah cela a on ne prend pas" La robustesse c’est deux parties indissociables ! L’autre élément de vigilance, c’est la privatisation. On a eu des échanges un peu serrés avec une structure qui a sorti la fresque de la robustesse sous copyright. On leur a dit 20 ème siècle. le copyright protégeait les auteurs mais au 21ème unième siècle, surtout, si on parle de robustesse, on va passer sur des licences ouvertes et du partage sincère.
On voit aussi des entreprises telle Pocheco, une entreprise qui est citée un peu partout comme un endroit qui fait un peu différemment ; on y avait huit personnes de la structure. L’idée, c’était de se bouger la tête, Quand tu as des structures qui pensent qu’elles sont arrivés à quelque chose, la robustesse est effectivement une grille de lecture qui permet de prendre un peu de recul. Et aussi des animateurs de territoire, là on va faire une formation en pays basque organisée par un tiers lieu pour des personnes de leur territoire, des associatifs, des élus, des personnes de collectivités territoriales et des entrepreneurs de l’ESS pour que ces personnes vivent la formation ensemble, pour réfléchir à l’idée d’un territoire robuste, ce qui me semble la bonne réflexion, parce que la robustesse se construit au niveau territorial et se construit en coopération inter territoriale.
Partie discussion
Est-ce que tu vas dans d’autres universités ou écoles ?
Elles sont intéressées. Actuellement, il y a une école de commerce de Chambéry qui voudrait que tous les étudiants suivent la formation et qu’on les fasse travailler sur la notion de robustesse. C’est assez troublant parce que tu vois des personnes qui, avant, mettaient un peu des surcouches, tous ces gens-là étaient plutôt dans la surcouche RSE et un petit peu développement durable, une surcouche sur des modalités de fonctionnement, mais qui là disent "ça va tanguer dans tous les sens et si, effectivement, on ne forme pas nos étudiants à cette appréhension là, çela risque d’être compliqué pour 1) le côté fluctuation et 2)pour que les projets des étudiants qui vont sortir des écoles contribuent à réparer les santé commune" et ils le disent de manière assez explicite ; c’est assez réjouissant. Vous l’avez aussi vu dans des écoles où des personnes qui arrivées à la remise des diplômes s’en vont en faisant un gros doigt d’honneur à leur structure : "Oui, vous nous avez formés mais vous ne nous avez pas formé sur les choses qui sont importantes" On voit des structures, des pédago qui prennent conscience de ça et qui, du coup, l’intègrent dans une sorte d’inversion pédagogique et réfléchissent vraiment fortement sur à quoi former au 21ème siècle.
Est-ce qu’une formation comme ça, serait envisageable pour Isblue, consortium d’établissement bretons d’enseignement supérieur sur la mer et les transitions ?
une réponse d’une participante J’interviens dans un master à l’UBO et c’est vraiment ce que j’essaye d’impulser, pour l’instant, je me sens un peu seule, et ce n’est pas si évident que ça. On commence par faire intervenir Bastien Jacobiak. Au lieu de le faire venir une fois, il va faire trois fois la conférence, une première approche autour de la robustesse, avec aussi un atelier pour des étudiants de master. En tout cas,il y a une impulsion et l’envie de creuser un sillon à l’échelle de de l’UBO mais là aussi, le lien est pas forcément facile avec la directive TEDS (transition écologique et développement soutenable) On réfléchit, mais on sent des freins."
Participante : "en résonance avec ce qui était dit pour l’UBO, effectivement le 15 janvier, dans le cadre de la convention ISblue en transition avec les équipes des différentes écoles et l’université la thématique sera dédiée à la robustesse à la fois avec cette intervention mais aussi avec des ateliers de coconstruction des équipes enseignantes et on aura besoin de toutes vos contributions, connaissances sur ces questions de robustesse et de cette intelligence collective. J’ai hâte qu’on se retrouve et merci pour ces partages vraiment enrichissants sur la posture à prendre. La session du 15 janvier est complétement ouverte. C’est vraiment le l’idée, d’amener une communauté apprenante de formateurs sur le territoire avec six écoles et une université et du coup, la robustesse prend tout son sens, merci de nous donner des inputs pour avancer là-dessus."
Laurent : J’ai partagé un lien sur le déroulé, minute par minute de la formation, telle qu’on l’a faite à Pocheco
Participant : Tu parlais de l’école de commerce de Chambéry, est-ce qu’ils sont dans un mode de coopération, puisque la coopération c’est être au service de ; est ce que tu penses qu’ils ouvriraient, ou c’est trop prématuré d’ouvrir leur espace pour d’autres acteurs que les étudiants de l’école ?
Pour l’instant, ils sont en train de réfléchir sur comment intégrer la robustesse, c’est plutôt pédago et ils veulent qu’on interagissent avec eux pour voir comment faire.
Pour rebondir, maintenant, ce qu’on met comme suite de la formation, c’est l’idée descommunautés apprenantes, cette notion-là, entre le fait d’être en contact avec cette formation, par des bouquins.. pour aider à passer à l’action, cela ne doit pas être tout seul ; comment, se faire une petite équipe ? Si on prend Pocheco, par exemple, au début, c’était on va mettre la robustesse dans Pocheco, ? on se calme, est-ce qu’il y a des personnes qui ont envie de- et donc, de la même manière que vous avez un atelier des réparateurs, des bricoleurs, chez Pocheco, ayez un atelier des robustes qui vont travailler cette notion-là.
C’était hyper intéressant, comme toujours sur ces temps-là. Tu as pal mal fait référence aux communs, tu as bien exposé la communauté, le CC by sa, est-ce que vous avez une réflexion autour de la gouvernance de ce que vous produisez ensemble ?
Laurent : Avec les personnes qui participent aux gaston, il y a deux règles sont en train de se dessiner : 1) tu as fait ta tambouille, mais les résultats de ta tambouille, tu les mets en partage, cela doit être visible aux autres et 2) il faut que tu sois dans une communauté apprenante, soit une communauté que tu animes, soit une communauté à laquelle tu contribues. Typiquement pour Pocheco, il y a des personnes qui voudraient faire des formations "Pocheco", et qui nous demandent "à qui on envoie les contenus pour qu’ils soient validés ? Est-ce qu’ils seront relus par Olivier ou à minima par les deux formateurs ?" Non, ces contenus ne seront pas validés par quiconque, par contre, le fait qu’il soit mis en partage sincère auprès de la communauté des gaston que les gaston peuvent lire ça, Les gaston et les autres personnes qui s’intéressent à la robustesse et puissent dire : ah, c’est génial, mais tu n’avais pas pensé à ça, ce qui évite les ego des personnes qui se pensent "les" personnes sources. Ce que tu mets, nous donne des idées auxquelles on n’avait pas pensé, si on dit que la coopération, c’est le partage sincère et l’écoute transformatrice, nous sommes prêts à être transformés par quiconque et nous sommes prêts à ce que la notion évolue. Le versus de ça, c’est le partage sincère, ce que tu fais, tu dois le montrer.
Mais là, il y a une personne qui dit "moi, ça fait trente ans que je fais de la robustesse", très bien, "je voudrais faire partie des gaston, je voudrais apparaître sur l’annuaire de la robustesse" pas de problème, ils sont où tes contenus ? "je peux vous envoyer mon powerpoint" elle l’envoie, mais est-ce que, tes photos dans ton powerpoint, sont des contenus ouverts réutilisables ? 1) non 2) montrer juste un powerpoint, c’est un peu léger, est-ce que ta formation, ta conférence a été enregistrée une fois ? "tu comprends avec des entreprises, c’est pas possible que je partage ça". On va te faire vivre un truc, on appelle ça une expérience réversible de solitude. Sois-tu participes avec la règle du partage sincère et de la transparence. Si tu n’es pas prêt à jouer à cela, expérience réversible de solitude !
Et on va prendre l’exemple de XXX, "on a fait un questionnaire, c’est génial, un questionnaire pour les entreprises, pour les aider à se positionner en termes de niveau de robustesse" Est-ce que je peux l’avoir ? " non, tu comprends notre business plan n’est pas encore tout à fait calé." Ecoutes dans ce cas-là, je préfère même pas le savoir, ne me dis pas que tu as fait des choses intelligentes et ça leur fait un peu bizarre. Maintenant, ils ont libéré le contenu, après moult heures de discussion, en open source et leurs fresque sur la robustesse est passée en open source et elle est partagée et il y a 2 ou choses que je trouve vraiment finaud. Mais je trouve aussi qu’il y a des trous dans la raquette, et donc on va en parler, il faut que tout ça reste encore une fois du mouvant. C’est la communauté qui doit être vigilante sur le fait que ces contenus n’oublient pas des essentiels que nous définissons collectivement. Tous les ans on essaie de réunir les gaston et la dernière fois, on avait discuté des essentiels de la robustesse et lors de la prochaine séance, on va les faire évoluer.
Participante : Concernant les évolutions, par le fait de partager tout ce qui se fait de nouveau, chacun constate l’évolution éventuelle, ok, par contre, est-ce que les membres de la gouvernance ont déjà enlevé des choses, se sont dit : cela on l’a dit , à un moment, on ne va plus dire : ça marche pas.
Laurent Cette communauté des gaston est assez récente. Elle a un an et on se revoit au mois de janvier.
Je pense que l’on va discuter de 2, 3 choses qu’on va peut-être décider d’enlever. Pour l’instant c’est plutôt vécu en sous-groupes. Tout à l’heure, on citait Bastian, il est très en lien avec Aurélie, et d’autres personnes qui font des podcasts, des conférences et qui ont vraiment désigné cela. J’ai discuté avec eux la semaine dernière et il y a des trucs qui effectivement, à l’usage on va plutôt le dire comme si, comme ça ou on qu’on enlève, parce qu’en fait ça n’apporte rien. Et pareil si on prend avec mon complice Gatien, avec qui je fais beaucoup de formations, au début, on avait tendance à avoir beaucoup de contenus, c’était étouffant et on a fait une épure, et partager, cette épure là, c’est vraiment intéressant.
Laurent Julie. S’il y a des choses que tu veux rajouter des choses n’hésites pas ; c’est assez facile de raconter ça et et que cela fasse joli. Il y a d’autres manières de faire, de penser, d’autres sensibilités, et du coup la diversité de cet éco système, cette pédago diversité est importante et fondamentale.
Julie Chabaud : C’est extrêmement riche de pouvoir partager avec une communauté et d’avoir du feedback quand on se pose des questions. Très concrètement, il n’y a pas longtemps, je suis intervenue devant une communauté d’innovateurs publics, on ne parle pas de la même manière, on ne parle pas au même endroit, donc pouvoir avoir un petit feedback de la communauté sur les angles à prendre sur les supports qui ont été utilisés dans des contextes similaires c’est précieux. C’est précieux de pouvoir échanger et aussi de pouvoir tester ses propres déroulés, parce qu’effectivement, on chemine sur cette, cette notion. On n’est pas arrivé au bout sur la robustesse, on a un super porte-étendard qui s’appelle olivier Hamant, mais effectivement, la question d’après la conférence, c’est concrètement comment on s’y prend, il n’y a pas le petit guide de la robustesse, il faut prendre du temps, il faut le malaxer, ça ne se passera pas de la même manière dans différents réels.
Moi, ce que j’explore et ce que j’aimerais qu’on travaille c’est cette question de la robustesse, de l’intime au planétaire, c’est-à-dire qu’il y a aussi toute cette dimension intime dans la transformation personnelle. C’est déjà aller interroger son propre rapport à la performance, parce que ça, on en est quand même super loin, y compris pour des gens qui veulent se lancer dans la robustesse, ils balancent, ils sont encore avec l’imaginaire de la performance, avec toutes les références de la performance. Sans rentrer dans des trucs qui ne sont pas de notre ressort, d’aller interroger ces questions de la robustesse intérieure, ce que ça nous fait de ne notre rapport à la performance, de notre rapport à la lenteur, etc. Il y a là des choses à déconstruire en nous, ou en tout cas à interroger en nous avant de pouvoir les porter dans des formes coopératives au niveau de nos organisations, de nos territoires. Pour moi, c’est un champ à explorer avec précaution et avec éthique. C’est indispensable de le faire de manière collective.
Michel Je voulais aussi interroger Camille, qui est à l’université Liège sur comment fonctionne le collectif autour de pédagogie et robustesse ?
Camille Merci, Michel, pour la proposition et merci, Laurent, pour la qualité de ta présentation. J’ai beaucoup appris. Je mène ma thèse sur une pédagogie qu’on essaye de développer et qu’on a appelée pédagogie de la robustesse, avec mon superviseur, Pascal Destroz. Je travaille à l’institut de formation et de recherche de l’enseignement supérieur et, en fait, cette volonté est née d’une réflexion d’un collectif d’enseignants de différents établissements de hautes écoles et d’universités en région wallonne. On s’est pris pas mal de claques, avec la massification des étudiants, sans avoir le financement nécessaire pour les accompagner adéquatement pédagogiquement ; avec les profils étudiants qui se diversifient ; avec l’intelligence artificielle, et ce qui nous a vraiment fait "peur collectivement" c’est l’IA : est-ce que l’institution va pouvoir répondre à cela et aux autres fluctuations aussi. Notre volonté a été de questionner de manière un peu systémique, pour le moment, assez centrée sur sur l’enseignement supérieur, comment est-ce que l’institution, à différents niveaux, peut répondre à ça ? et faire preuve de robustesse.
On a un site, Pedagogie-Robustesse qui est totalement ouvert, où je partage de manière assez synthétisée les réflexions que j’ai pour ma thèse, mais il y a aussi beaucoup d’enseignants, et de non enseignants d’ailleurs, qui partagent des ressources, leurs réflexions, puisqu’on a quatre axes, d’un point de vue institutionnel, sur l’évaluation, sur les compétences étudiants et sur les méthodes et dispositifs que les enseignants peuvent mettre en place. N’hésitez pas, que vous soyez enseignant ou pas, à venir y faire un tour et partager vos réflexions sur ce qu’on a déjà mis, puisque comme Laurent le disait, je pense que c’est le collectif qui va nourrir cette réflexion.
Pour le moment, j’ai principalement travaillé sur les compétences à faire développer aux étudiants. Tout à l’heure, on a parlé de l’approche par compétences, qui a répondu à un vrai besoin de la part des entreprises à une époque et aussi des enseignants et des institutions pédagogiques, mais aujourd’hui, des compétences, oui, mais lesquelles ? et pour faire quel métier au final ? Avec l’intelligence artificielle, on n’est pas sûr que les métiers resteront tels qu’ils sont, il y en a déjà pas mal qui sont en train d’évoluer et qui au-delà sont menacés de disparaître ou sans parler de disparition réelle, je pense qu’il va falloir s’adapter. J’ai présenté des compétences ou des aptitudes, je préfère le mot aptitude, puisque j’essaie justement de me détacher de l’approche par compétences que les étudiants peuvent développer, et qui seront difficilement automatisables. On parlait d’expérienciel, que les enseignants passent davantage par l’expérienciel avec leurs étudiants. Comment ? il y a les stages, etc. en belgique, il n’y a pas énormément de cursus en alternance, il faut parfois que les étudiants arrivent en fin de formation pour pouvoir rencontrer une réalité de terrain et se rendre compte à ce moment-là, que peut-être, ça ne leur convient pas.
Donc mettre davantage le fait d’expérimenter leur savoir, qu’ils arrivent sur le terrain, qu’ils fassent preuve d’adaptabilité, et qu’ensuite, leur savoir se crée à partir de leur expérience.
Des compétences aussi de régulation émotionnelle, de pensée complexe, d’âgentivié et, évidemment, de coopération. Pour le moment, on a créé un modèle, tout est sur le site et vous pouvez aisément l’utiliser ou le partager si besoin, il n’y a aucun souci. Je ne suis qu’au début de ma thèse, puisque ça fait à peine un an que je travaille sur le sujet et j’en ai encore cinq pour mener à terme cette réflexion.
Laurent Merci beaucoup, et surtout le fait que la réflexion soit partagée, et au final contributive. Je trouve ça vraiment très intéressant.
Camille : toute la recherche que je mène sera en collaboration soit avec des enseignants, soit avec l’institution, soit avec des enquêtes menées avec les étudiants pour savoir qui ils sont et quels sont leurs besoins aujourd’hui avec une volonté de robustesse.
Laurent dans les personnes qui viennent aux formations il y a aussi des personnes qui veulent faire des listes participatives, il y a vraiment un truc en train de se passer autour de robustesse, pour des gens qui veulent penser, autrement la démocratie, les premiers kilomètres de la démocratie.
question : J’ai une question concernant la notion d’épure, cela m’intéresse parce que c’est une problématique que l’on peut rencontrer également quand il s’agit de coopération, de partage sincère de documents. C’est quelque chose qui ouvre un espace auquel je n’avais pas pensé. Sinon, j’aurais une question plus tard également, concernant un événement qui s’appelle le hackathon robustesse et ESS et j’aurais aimé avoir votre vision de ce qui est en train de se se déployer à cet endroit-là, parce qu’il est question que ce genre d’événement puisse se faire aussi au niveau régional et je me questionne concernant l’intention d’être dans un mode de coopération ouverte, de partage sincère.
Laurent : Dans l’ESS, concernant la notion de partage sincère et, pour le dire de manière très affectueuse la marge de progression est non négligeable. L’autre élément, pour moi, le point de vigilance me paraît être une vigilance collective, le mot robustesse est vraiment le mot à la mode en ce moment. robustesse, du coup, warning, que ce soit pas le nouveau Ripolin qui va donner l’impression qu’on a changé. Pour moi, la robustesse amène à inverser les manières de penser à remettre un certain nombre de fondamentaux qui sont à discuter collectivement, et ce n’est pas une surcouche pour qu’une économie sociale et solidaire en difficulté, et notamment pour non partage. Mais effectivement, ce serait un sujet à part entière.
Merci beaucoup à vous et à tout bientôt.



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