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Formation à l’IA – épisode 1 : Elements Of AI

9 février 2021 par binaire Coopérer 501 visites 0 commentaire

Un article repris de https://www.lemonde.fr/blog/binaire...

Nous vous l’avions annoncé ici, Victor Storchan- va nous présenter trois initiatives de formation à l’intelligence artificielle (IA).
Il s’entretient aujourd’hui avec Temuu Roos, Professeur d’IA et de Data Science à l’Université d’Helsinki, sur le MOOC « Elements Of AI” déployé en Fin

un article repris du magazine binaire, une publication sous licence cc by par défaut

Publié le 12 janvier 2021 par binaire

La formation/certification à l’IA

Victor Storchan (VS) : Quelles ont été vos motivations initiales et vos objectifs pour l’élaboration de votre cours en ligne ?

Teemu Roos (TR) : D’une certaine façon, nous voulons permettre aux gens de se lancer dans la technologie de la manière qu’ils jugent la plus appropriée pour eux-même. Certains voudront peut-être commencer à acquérir des compétences qui leur permettront d’évoluer et commencer à résoudre des problèmes par l’IA dans leur travail. Mais plus que cela, nous espérons que les gens pourront se forger leur opinion sur le type de technologie que nous devrions développer et comment cela devrait être réglementé.

VS : Quel est le public que vous visez ? Quels sont les apports de votre cours pour ce public ?

TR : En bref, notre cours s’adresse à tout le monde sauf ceux qui travaillent dans la technologie. Cependant, nous avons eu des retours indiquant que même pour ce type de personnes certaines parties du cours couvrant les implications sociétales leurs sont utiles.

Pour le grand public, le cours propose une introduction en douceur sans nécessiter aucune connaissances techniques a priori.

VS : Pouvez-vous partager les premiers résultats à ce stade et quelles sont vos perspectives futures ?

Sur les modèles d’écosystèmes français, finlandais et européen, questions spécifiques selon les partenaires

TR : Nous avons maintenant plus d’un demi-million d’inscriptions dans plus de 170 pays, et le cours est actuellement classé premier parmi tous les cours d’informatique ou d’IA sur Class Central. Nous venons de lancer le cours de suivi “Building AI”. Notre perspective d’avenir consiste à viser l’objectif de formation de 1% de la population européenne et à terme le monde entier.

VS : Comment vos ressources participent-elles à la création d’une confiance dans le développement de ces innovations, et aident-elles à développer un esprit critique constructif à ces sujets ?

Lors d’une déclaration commune en Août 2018, la France et la Finlande ont affirmé leur volonté partagée de “jouer un rôle actif pour promouvoir une vision de l’intelligence artificielle juste, solidaire et centrée sur l’humain, à la fois fondée sur la confiance et facteur de confiance”.

TR : Nous sommes pleinement attachés à la vision centrée sur l’humain d’une IA européenne digne de confiance : le cours invite le participant à se forger une opinion personnelle, éduquée et critique sur l’IA dès le début. Par exemple, le quatrième exercice demande au participant de critiquer les définitions existantes de l’IA et de proposer une définition qui lui est propre et qu’il juge plus pertinente. Un autre exercice lui demande de trouver des solutions au phénomène dit de « bulle de filtre » sur les réseaux sociaux. Le fait est qu’il n’y a aucune bonne ou mauvaise réponse à ces questions, et qu’aucune de leurs questions n’est notée automatiquement sous forme de questions à choix multiples, contrairement à ce qui est courant dans les MOOC. Au lieu de cela, les participants sont notés par d’autres participants dans un processus d’évaluation par les pairs, afin que chaque participant soit exposé aux pensées et aux arguments des autres.

Le projet entrepreneurial

VS : Quelles difficultés surmonte-t-on pour déployer un projet comme celui-ci ?

TR : Étant donné que le projet n’est pas seulement un cours en ligne mais une initiative plus large, il implique un réseau de collaboration étendu avec plusieurs partenaires dans chaque pays. Cela vient avec des frais généraux de coordination qui sont importants et nécessite des levées de fonds. Le projet, qui est un mélange de politiques éducatives, scientifiques, industrielles, publiques, et de communication est tout à fait unique dans son genre. Ceci rend difficile de le placer dans les catégories de projets déjà existantes.

VS : Pour “Elements of AI” qui est en train d’être déployé en Europe, quelles sont les difficultés spécifiques que l’on rencontre lors du passage à l’échelle européenne ?

TR : Le projet a reçu un énorme soutien de la Commission européenne et d’autres acteurs ainsi que de nos partenaires locaux dans chaque pays de l’UE, donc d’une certaine manière cela a peut-être été moins douloureux que prévu. Bien entendu, coordonner le projet est une tâche colossale. Il y a eu des problèmes mineurs liés à l’appariement de notre « marque » avec diverses organisations nationales et initiatives – par exemple, nous voulons garder le contrôle de toute publication dans le cadre de la marque “Elements of AI”. Cela signifie que nous ne pouvons pas systématiquement accepter les contenus que nous suggèrent nos partenaires dans les différents pays. À terme, nous aimerions bien sûr poursuivre la co-création de contenus éventuellement sous une marque commune avec nos merveilleux partenaires nationaux. Mais le l’ampleur et l’urgence du projet ont jusqu’à présent mis ces plans en suspens.

Note : Elements Of AI a reçu des fonds européens pour être traduit dans toutes les langues européennes.

Les modèles d’écosystèmes

VS : Au-delà de la formation, quels sont les atouts et les faiblesses de l’Europe pour peser dans la compétition technologique mondiale ? La dynamique européenne sur l’IA actuelle est-elle suffisamment ambitieuse ?

TR : La fragmentation de l’industrie est probablement le facteur le plus important. Il a des retombées sur la capacité de retenir les talents et les investissements en Europe. Au lieu de ça, on observe un mouvement des experts vers les États-Unis, notamment lors de montées en puissance appuyées par des fonds de capital-risque américains. L’Europe peut faire beaucoup mieux en tirant parti d’une main-d’œuvre qualifiée et d’institutions de recherche de qualité.

VS : Une récente étude McKinsey a identifié la Finlande (avec 8 autres pays nordiques) comme pouvant prendre le leadership sur le numérique européen. Comment décririez-vous les spécificités de l’écosystème finlandais ?

TR : L’écosystème finlandais a récemment investi considérablement dans la numérisation à tous les étages. Les investissements en IA commencent peut-être seulement maintenant à augmenter en volume, mais le bon positionnement stratégique sur le numérique offre un environnement fertile pour un bon retour sur investissement de l’IA. Il convient de noter que ce ne sont pas seulement les industries des TIC (Technologies de l’information et de la communication) et des jeux qui sont manifestement « nées du numérique », les piliers traditionnels de l’industrie finlandaise (foresterie, industrie, maritime, construction) sont également bien préparés.

VS : Votre initiative crée donc un lien éducation et IA, quels sont les liens à renforcer entre IA et éducation (par exemple apprentissage de l’IA dans le secondaire) et éducation et IA (par exemple des assistants algorithmiques), et quels sont les impacts socio-économiques visés ?

TR : Je crois qu’il est le plus important d’apprendre les bases au secondaire : les mathématiques, le numérique, et peut-être la programmation. Si l’IA peut être introduite à ce niveau dans une certaine mesure, elle devrait l’être sous l’angle de la “littératie numérique” plutôt que par la dimension technique. Personnellement, je suis assez vieille école quand on parle d’éducation. Je vois une certaine valeur à appliquer l’IA dans l’éducation personnalisée. Par exemple, les applications d’apprentissage des langues telles que Duolingo sont bonnes parce que l’apprentissage de la langue exige la répétition, la répétition, et encore la répétition. Mais je pense toujours que dans l’ensemble, l’éducation nécessite une interaction interhumaine.

VS : Confier à des algorithmes des tâches qui mènent à des décisions cruciales, par exemple en matière de justice, d’embauche, ou d’autres décisions à forte conséquence humaine, questionne, quel est votre positionnement sur ce sujet ? Quelle place pensez-vous que l’éthique doit prendre dans votre enseignement ?

TR : L’IA centrée sur l’humain est le concept clé ici. Nous devons toujours évaluer les conséquences du déploiement des systèmes d’IA d’une manière qui englobe l’ensemble du système : comment s’opère l’interaction souvent complexe et dynamique entre le système, ses opérateurs et ses utilisateurs. Il ne suffit pas de tester le logiciel indépendamment de son contexte.

VS : Le fait que des tâches cognitives de plus en plus complexes soient réalisées par des programmes nous amène-t-il à reconsidérer l’intelligence humaine ? Est-ce cela a des impacts sur notre vision de l’IA ? Sur son enseignement ?

TR : Je considère toujours l’IA comme un outil. L’utilisation de l’outil libère les humains pour faire plus de tâches « humaines ».

VS : Nous vivons au temps des algorithmes. Quelle place voulons-nous accorder aux algorithmes dans la “cité” ? Est-ce que cela nous conduit à repenser cette cité ? Comment mieux nous préparer au monde de demain ?

TR : Comme je l’ai dit, je considère l’IA et les algorithmes comme des outils (certes complexes) et leur place devrait se limiter à celle qu’ont les outils dans notre société.

Licence : CC by-sa

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