Quelles différences fait-on entre « éducation » et « enseignement » ? Qu’entend-on par compétence ? Que veut dire « apprendre » ou « autonomie » ? Une quarantaine de grands mots de l’éducation sont clairement définis et détaillés par des spécialistes qui les ont présentés dans leur complexité et accompagnés de quelques références pour qui veut aller plus loin. Ils ont été relus par des praticiens qui s’en servent au quotidien : enseignants, formateurs, inspecteurs, chercheurs et étudiants y trouveront matière à penser et raison d’agir. Ces mots et leurs définitions disent les valeurs, les finalités, les principes que le Crap-Cahiers pédagogiques défend, y compris ceux de la diversité des points de vue, du débat, des questionnements ouverts, sans dogmatisme, juste parce que selon nous, c’est toujours « plus compliqué que cela ».
Pourquoi les Cahiers pédagogiques ont-ils souhaité publier ce petit dictionnaire ?
L’association CRAP-Cahiers pédagogiques met à disposition du monde de l’éducation et de l’enseignement de nombreuses ressources pour penser les conditions de la pédagogie. À ce titre, elle utilise des notions, parfois courantes, d’autres fois spécifiquement professionnelles, pour avancer dans la compréhension des idées et des pratiques.
Cela fait longtemps que le besoin nous est apparu de rendre moins équivoques un certain nombre d’entre elles. En effet, qu’entend-on vraiment par éducation, autorité, inégalités, pédagogie ? Comme l’explique très bien Michel Tozzi dans son travail de didactisation de la philosophie, penser passe par une contrainte de conceptualisation. On a besoin de mettre du sens derrière les mots que l’on utilise pour pouvoir se comprendre. Sinon, on confond et on prend le risque de prêter à l’autre des idées qu’il n’a pas.
Si les préoccupations éducatives sont collectives, on a d’autant plus besoin d’être au clair sur le sens de ces mots pour ne pas finir par se disputer et, au final, continuer à rester chacun dans nos chapelles.
À qui est-il destiné ?
Il n’y a pas de public cible, si ce n’est nos lecteurs. Ce « petit dictionnaire » a le mérite d’exister. Il servira très certainement aux futurs auteurs des articles des Cahiers pédagogiques. Il servira également aux étudiants qui se destinent aux métiers de l’éducation. Il peut aussi être une ressource pour quiconque souhaite mettre ses idées au clair concernant une notion précise.
Le principe n’est pas de clore le débat. Au contraire, il est de le permettre. Nous pensons que les définitions et repères indiqués par les entrées de ce glossaire peuvent participer à faire avancer les réflexions. Principalement parce qu’un travail de conceptualisation est un chemin et que le plus important est d’être en route. Rien de pire que les effets Sisyphe, où chacun est condamné à devoir tout réinventer, sans pouvoir compter sur les apports de ces prédécesseurs. C’est pourquoi nous pensons qu’il sera sans doute nécessaire, dans quelques années, de faire paraitre un nouveau glossaire, avec une évolution des idées aujourd’hui énoncées.
Comment se présente-t-il et comment s’est organisé le travail ?
Nous avons tous les deux, en lien très étroit avec le comité de rédaction des Cahiers pédagogiques, conduit une démarche nouvelle pour la constitution de ce glossaire. Nous avons d’abord demandé aux militants de l’association quelles étaient les notions qui étaient les plus utiles pour eux.
Ensuite, pour les quarante-et-une les plus plébiscitées, nous avons sollicité des experts du sujet. Ils nous ont alors envoyé un premier jet, qui a été mis à l’épreuve réflexive de pédagogues de terrain : des enseignants et des étudiants. Ceux-ci ont reçu pour consigne de surligner tout ce qui n’était pas clair pour eux et de noter les questions qu’ils se posaient encore. C’est à partir de ces retours que les experts ont repris leur texte et l’ont fait évoluer vers la forme que nous présentons dans le glossaire.
Cette démarche n’est pas la nôtre. C’est celle qui est utilisée pour les bibliothèques de travail en pédagogie Freinet (où des enfants sont amenés à donner leur avis sur des textes encyclopédiques avant leur édition). C’est aussi celle employée pour les publications scientifiques, avec les procédures d’expertises à l’aveugle.
Nous avons fait le choix d’une structure commune à toutes les entrées : des définitions qui prennent en compte les acquis de la recherche dans leur diversité, mais orientées par des conceptions et des valeurs fortes, celles de l’éducation nouvelle dont se revendiquent les Cahiers pédagogiques et qui envisagent les concepts dans leur complexité, avec toujours une partie intitulée « Ce n’est pas si simple ». Ces fiches renvoient bien sûr également à des références qui permettront d’aller plus loin sur une notion pour ceux qui le souhaitent.
Qui sont les auteurs ?
Les auteurs des textes sont des experts des notions travaillées. Ce sont des universitaires reconnus pour leurs travaux en éducation, des enseignants particulièrement expérimentés dans les domaines évoqués, ou encore des figures historiques des Cahiers pédagogiques ayant coordonné plusieurs dossiers de la revue sur le sujet qu’ils développent, et beaucoup cumulent deux ou trois de ces qualités.
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