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Partage de veille d’un DRH, sur le digital learning, les MOOC et le digital RH…

20 juin 2016 par Miss MOOC Veille 680 visites 0 commentaire

Un article repris de https://missmoocparis.wordpress.com...

Rencontre avec Arnaud Dillenschneider

Après Pascal Robert, Stéphane Saba et Patrice Couillet, c’est aujourd’hui au tour du DRH Arnaud Dillenschneider de partager son regard et sa veille, sur l’évolution du digital learning dans l’entreprise, et sur les perspectives RH (voir la vidéo en fin d’article) qu’offre le digital…Arnaud DillenschneiderDRH ayant traversé les secteurs de la grande distribution, de l’automobile et de l’environnement, c’est avec beaucoup d’amabilité et d’enthousiasme qu’Arnaud se prête à l’interview pour partager avec vous chers lecteurs, le baromètre de ce qu’il observe dans l’Entreprise…

Arnaud, 2015-2016, la formation se transforme sous l’impact du digital et de la réforme de la formation, comment vois-tu cette évolution au niveau des entreprises ?

Je crois que l’impact de la réforme est largement distancé par tout ce qui vient du digital. C’est celà qui révolutionne complètement nos façons de travailler et évidemment nos façons de nous former et de développer nos compétences.

La vraie révolution c’est celle-ci. La vraie réforme c’est celle-ci.
On a aujourd’hui des outils formidables pour développer les compétences. Ils sont libres d’accès pour, à peu près, n’importe qui. Cela offre des perspectives d’épanouissement et d’émancipation qui sont particulièrement importants.
Avec un ordinateur ou un smartphone on peut tout faire, tout apprendre et c’est vraiment quelque chose de révolutionnaire.

Le salarié peut s’affranchir, si il le souhaite, du cadre de l’entreprise.

Et, évidemment, côté entreprise, cela donne des perspectives très fortes. Ces technologies qui arrivent permettent de développer les compétences avec des coûts assez limités.
Même si on ne mesure pas bien aujourd’hui l’impact que ça peut représenter, on voit clairement qu’on est en mesure de dispenser de la formation de qualité avec des moyens bien moindre que ceux que nous avions précédemment. Notamment il est possible de former les gens à distance à travers des outils multimédias.

Ça présente vraiment beaucoup d’avantages ; des avantages financiers, des avantages en terme de motivation (le présentéisme inactif en formation a toujours existé dans les entreprises) et je crois que l’on va pouvoir mesurer la vraie motivation des gens à se former. Offrir des outils un peu plus « fun » , se former avec des jeux de rôle, de la vidéo, du multimédia, des quizz etc.
Beaucoup d’éléments qui vont renforcer l’attractivité et la motivation en prenant du plaisir à apprendre.

Les Mooc, les Cooc, les Spoc, font aujourd’hui partie intégrante de l’écosystème formation.
Cela modifie les usages des collaborateurs, comme celui des entreprises, qu’est-ce que tu observes en terme d’évolution des usages ?

En premier lieu, il m’a fallu un peu de temps pour apprivoiser la prononciation de cette bête-là ;-) !

Plus sérieusement je crois que c’est quelque chose qui, comme le reste du digital, envahit d’abord nos vies personnelles et qui arrive dans l’entreprise par l’extérieur en bousculant les codes établis.

Ces outils sont formidables. Ils donnent la possibilité de développer facilement des compétences. Chacun peut avoir l’accès à la formation, à l’information. Chacun peut devenir maître de son destin et se former selon ses souhaits ! Évoluer dans l’entreprise, apprendre de nouvelles choses, se cultiver sur un sujet en particulier. Là aussi, un ordinateur, un smartphone, il y a des centaines, peut-être des milliers de MOOC qui sont ouverts sur internet, c’est juste un gigantesque supermarché du savoir.

Et pour l’entreprise, ça ne peut être que profitable. On va pouvoir adapter ces MOOC à la vie de l’entreprise, aux spécificités et aux besoins.

Tu as rencontré des entreprises qui en ont fait ou c’est un peu tôt pour l’instant ?

Je rencontre plutôt des entreprises qui sont encore dans le e-learning .
L’aspect MOOC complet avec à la fois du multimédia, la partie sociale, discussions, réseaux sociaux, capitalisation d’expériences, des connaissances, je ne l’ai encore ni vu, ni expérimenté pour l’instant.
Je pense que, comme tout le reste, cela arrive très très vite et je n’y vois aujourd’hui que des bénéfices.

J’émettrais juste deux-trois réserves liées au fait que c’est un phénomène récent.

Tout d’abord, la qualité des MOOC me semble inégale. Comme toutes les choses qui sont jeunes et nouvelles, il va falloir un peu de temps pour que les plus qualitatifs se démarquent.
C’est probablement lié avec le fait de trouver un vrai modèle économique. Aujourd’hui beaucoup de MOOC sont gratuits. Certains commencent à être payants, ce qui me semble normal, il faut que tout le monde y trouve son compte, que tout le monde vive. C’est un service qui est apporté aux entreprises, aux personnes et donc il n’y a pas de raison que ce ne soit pas un service rémunéré, il faut juste trouver le bon équilibre entre l’accessibilité et le coût.
Et la troisième chose, particulièrement importante, c’est l’aspect relation interpersonnelle  : la formation c’est certes acquérir un savoir… mais c’est aussi rencontrer d’autres personnes, voir des collègues, voir des gens d’autres entreprises, faire du benchmark, avoir des retours d’expériences.
Je pense qu’il faut être particulièrement attentif là-dessus pour que le MOOC ne soit pas juste une traduction numérique d’un savoir top down mais qu’il puisse être aussi une occasion de faire des rencontres et d’échanger. Les outils nous le permettent, pour faire des vraies communautés d’experts, faire en sorte que les gens puissent se rencontrer, se connaître, échanger, s’enrichir et partager son savoir.

Tu es en train de dire que le MOOC n’est pertinent que s’il est inscrit dans quelque chose de plus large qui maintient la partie présentiel en complément ?

Le MOOC doit contribuer au maintien du lien social qui est une partie de la formation. C’est un point sur lequel il faut être, à mon sens, très attentif.
Cela me semble tout à fait faisable. Les outils et l’économie dégagée par cette façon de travailler va nous permettre d’avoir des moments de convivialité et de rencontre qui seront tout à fait positifs.

Petit aparté à la sauce Miss MOOC… sur l’évolution des MOOC et du présentiel. Me vient à l’esprit, le MOOC Du manager au leader agile, Cécile Dejoux a réintégré de la connexion en présentiel en faisant un MOOC Tour pendant le MOOC. Au travers différents Cnam de France, elle est allée à la rencontre des MOOCer et des managers. Cela contribue à cette connexion qui était déjà forte pendant le MOOC, via des RDV réguliers en direct, par visio-conférences.

Comment penses tu qu’agisse ce type de modalités, sur du moyen terme ? Par exemple, un des points forts du MOOC, c’est de créer des communautés d’apprenants, donc si on se projette un peu plus loin, qu’est ce que cela peut engendrer pour l’entreprise ?

Je pense que cela va contribuer à une forte remise en cause que l’on observe déjà. Notamment, je pense à des systèmes de management très pyramidaux et, encore une fois, très top down de management et de direction des entreprises. L’esprit communautaire, le fait que tout le monde puissent avoir accès à l’information rapidement et facilement, influe très fortement sur les méthodes de management et sur la façon de gérer les équipes.
Quand les équipes, ont la capacité d’avoir la même information que le manager, d’une façon aussi rapide et aussi pertinente, cela veut dire que le manager doit avoir un rôle différent.
Plus un rôle de leader, d’animation et surtout de vecteur de sens par rapport aux orientations de l’entreprise.
C’est à mon avis, son rôle n°1 mais probablement un peu oublié dans les organisations trop hiérarchiques et trop pyramidales.
J’espère que l’on va enfin basculer vers un mode de management qui soit pleinement participatif et communautaire.
Pour moi ce n’est pas un mot tabou « communautaire », c’est un vrai atout. Je le vois comme avoir la capacité de discuter d’égal à égal et de partager des expériences.
Ma vision est que ces nouvelles façons de travailler, d’apprendre, accélérent encore les changements en terme de management. L’arrivée des générations Y et Z y contribue aussi fortement.
C’est toute la notion d’horizontalité que ça contribue à amener.

Est ce que derrière, il peut y avoir les freins et les peurs que ça lève ?

Oui il y a évidemment des freins et des peurs pour tout le monde.
Et pour les managers qui peuvent se sentir un peu en difficulté au regard de cette perte de pouvoir qu’ils peuvent imaginer. Notamment liée au fait qu’ils avaient le contrôle de l’information précédemment alors qu’aujourd’hui l’information est diffusée partout, de la même façon, avec la même rapidité. Et puis ça peut être également assez inquiétant pour certains collaborateurs. On va leur demander d’être plus autonomes, de prendre plus de responsabilités. Mais je pense que cela va tirer tout le monde vers le haut. Très probablement apaiser les relations dans le travail puisque le rapport sera différent, avec une information qui est pour tous, à la même vitesse etc, forcément on viendra concentrer sur les sujets essentiels. Partager les enjeux, les objectifs,se concentrer sur le sens que l’on donne au travail. Avoir la capacité pour les gens de travailler différemment. Nous touchons au coeur de cette révolution managériale que nous sommes en train de vivre.

Plus largement, côté digital RH, quelles grandes tendances observes tu ?

Arnaud, un grand merci pour toutes ces perspectives que tu ouvres, tant côté MOOC, digital learning que sur les sujets RH.
Au plaisir de se recroiser très bientôt pour suivre ces évolutions, leurs impacts et la transformations des usages qu’elles vont engendrer

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