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Apprendre et s’émouvoir dans un monde en transition, un duo gagnant ?

23 mai 2025 Transition 215 visites 0 commentaire

Ce texte présente la conception et l’évaluation d’un nouveau certificat universitaire proposant une approche systémique et interdisciplinaire de la transition écologique. Ancré dans les humanités environnementales, le programme articule et fait dialoguer diverses disciplines tout en s’inscrivant dans une pédagogie transformative mobilisant les connaissances cognitives, l’engagement émotionnel et l’action concrète. L’évaluation du certificat par le biais de l’analyse des événements émotionnels vécus par chacun des participants confirme l’intérêt de considérer les émotions comme révélatrices de l’impact cognitif de l’expérience proposée mais aussi comme levier d’action concrète et comme indicateur de transformation intérieure. Les résultats de cette première expérience ouvrent des perspectives prometteuses pour la pédagogie transformative en contexte universitaire dans une perspective d’éducation à la durabilité.

Cet article est présenté au collloque QPES 2025 Ecosystémes de formation pour quelle(s) transformation(s) du 19 au 23 mai Brest, dont les actes sont publiés sous licence CC by sa nc. Il est présenté lors de la session "Sensibiliser les étudiant.es à la transition écologique"

JULIE LECOQ, UCLouvain, Louvain Learning Lab,

NATHALIE KRUYTS UCLouvain, Louvain Learning Lab

VERONIQUE BRAGARD, UCLouvain, Faculté de philosophie, arts et lettres

CHARLOTTE LUYCKX UCLouvain, Louvain Learning Lab

AUDREY BEGHON UCLouvain, Louvain Learning Lab

1. Introduction

Face à l’urgence climatique et à la complexité des enjeux sociétaux contemporains, les institutions d’enseignement supérieur sont confrontées à la nécessité de repenser leurs curricula. C’est dans ce contexte que s’inscrit la création d’un certificat novateur intitulé « Transition écologique : approche systémique & enjeux culturels, philosophiques et psychologiques ». Fidèle aux principes des humanités environnementales, ce dispositif de formation continue propose une articulation originale entre diverses disciplines (philosophie, psychologie, littérature, sciences de l’environnement, ingénierie, etc.), tout en s’appuyant sur un puissant ancrage territorial et une approche pédagogique holistique, dite « tête-coeur corps ». Les apprenants sont ainsi invités à mobiliser conjointement leurs connaissances cognitives, leur sensibilité émotionnelle et leur engagement dans l’action, pour s’approprier un regard critique sur les enjeux de la transition et renforcer leur capacité à y contribuer concrètement.

Conçu et animé par une équipe interdisciplinaire, l’originalité du dispositif réside notamment dans l’importance accordée aux émotions en tant que leviers de transformation et dans la volonté de former des acteurs engagés et capables de mettre en pratique ces nouvelles connaissances et postures. Dans cet article, nous présentons les fondements théoriques de cette formation, sa mise en oeuvre, ainsi que les premiers enseignements tirés d’une évaluation centrée sur l’expérience émotionnelle des participants. Par ce partage d’expériences, nous souhaitons contribuer aux réflexions actuelles sur les pédagogies transformatives, qui invitent l’enseignement supérieur à refonder ses méthodes et ses objectifs face aux défis critiques de l’Anthropocène.

2. Un certificat en transition proposant une approche systémique

2.1. Un ancrage dans les humanités environnementales

L’analyse de l’offre de formation de l’enseignement supérieur en Belgique réalisée par l’ASBL The Shifters Belgium (The Shifters, 2022) révèle que plus de 60% des formations ne comportent aucun cours qui traitent des enjeux climatiques et environnementaux. L’offre de formation existante apparait comme cloisonnée et concentrée principalement dans les sciences et les sciences appliquées.

La création de ce nouveau certificat propose une réponse à ce double écueil : ▪ En proposant un regard spécifique à partir de trois piliers des humanités environnementales : la psychologie, la philosophie et les études culturelles et littéraires. Il s’agit ainsi d’expliciter les enjeux philosophiques de la transition en donnant une place centrale à l’individu (son vécu et ses affects) tout en soulignant l’importance d’élaborer de nouveaux récits à travers un travail critique sur les imaginaires. ; ▪ En entrant en dialogue avec les développements contemporains en sciences de l’environnement et des matières connexes afin d’immerger les apprenants dans une vision systémique1 de la crise environnementale et de leur permettre de l’appréhender dans toute sa complexité.

En outre, par son approche, l’ambition du certificat ne se limite pas à développer chez les apprenants un savoir et une vision (ce qui est essentiel mais insuffisant) mais de les amener à une prise de conscience plus profondes et à un passage à l’action.

2.2. Une perspective interdisciplinaire

2.2.1. Un public hétérogène

Co-financé par le Fonds Social Européen, ce certificat de formation continue est proposé à un public travaillant dans le domaine du conseil pédagogique, de l’enseignement, de la formation (en entreprise ou dans le secteur associatif), dans les secteurs culturels et médiatiques. Enfin, il 1 Par vision systémique nous entendons l’articulation et le dialogue avec des champs disciplinaires variés, permettant de comprendre que l’urgence écologique questionne notre culture comme système, dans ses dimensions institutionnelles, politiques, sociales, anthropologiques, techniques, économiques, tout comme elle interroge notre rapport au vivant, aux émotions, à la finitude, et au progrès est aussi ouvert aux étudiants en master et aux chercheurs. Un tarif solidaire est proposé. Afin de garantir la qualité de la formation, le nombre d’inscrits est limité à 25 et l’acceptation se fait sur dossier.

2.2.2. Une équipe d’enseignants issus de diverses disciplines

L’équipe d’intervenants du certificat rassemble plusieurs membres d’un collectif de chercheurs collaborant déjà depuis plusieurs années au sein du GRICE (Le Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur la Crise Ecologique). Réunie, l’équipe enseignante est composée de 9 intervenants ayant une expertise dans les disciplines suivantes : Philosophie, Littérature, Polytechnique, Géographie, Agronomie, Psychologie et Economie. Des intervenant extérieurs ont également été sollicités dans le cadre d’ateliers thématiques.
2.2.3. Sept étapes conçues et animée par des binômes interdisciplinaires et une conseillère pédagogique
Le scénario pédagogique se structure en sept étapes programmées sur la durée d’un quadrimestre. A chaque étape correspond une journée en présentiel à laquelle est lié un travail préparatoire et un travail d’intégration. Parmi ces journées en présentiel, quatre se déroulent en dehors du campus : deux journées consécutives ont lieu au sein de l’Arbre qui Pousse, un éco-lieu situé à quelques kilomètres, véritable laboratoire de transitions ; les deux autres journées ont lieu dans un monastère voisin, situé en pleine forêt.

Chaque étape a été confiée à un binôme d’enseignants accompagné par une conseillère pédagogique formée à la pédagogique « tête-coeur-corps » (voir 2.4).

  • Étape 1 : Qu’est-ce que la transition ? Vision systémique d’un retour sur Terre ;
  • Étape 2 : Le terrain de jeu planétaire – penser la limite ;
  • Étape 3 : De la paralysie à l’engagement - Resituer nos émotions au coeur du changement ;
  • Étape 4 : L’humain en Anthropocène - Dépasser le clivage humain/nature ;
  • Étape 5 : Écophilosophies - Revisiter nos racines culturelles ;
  • Étape 6 : Littérature, imaginaires et écopoétique - Redéployer nos liens au vivant ;
  • Étape 7 : S’engager dans l’écosystème de la transition - Construire un monde commun.

Ces étapes suivent une logique d’intervention similaire au processus en spirale proposé par Macy et Brown (2018) dans les ateliers sur le travail qui relie , intégrant une phase de « deuil » qui correspond à l’étape 2 où les participants sont confrontés à la réalité de la destruction massive des systèmes vitaux de la planète.

2.3. Des acquis d’apprentissage à la hauteur des enjeux

En s’appuyant sur les référentiels existants en matière de compétences en développement durable (UNESCO, Commission Européenne, Campus de la Transition, etc.) et sur une méthode qui soutient l’obtention d’un consensus (Delphi), un groupe d’experts représentant la communauté universitaire a conçu à un modèle qui définit un référentiel de 5 compétences génériques qui semblent incontournables pour penser et agir en faveur d’un monde durable (Figure 1) (Beghon et al., 2022). Il est censé donner une vision partagée pour la formation et servir d’outil de réflexion pour les enseignants et les responsables de programme.

Figure 1 : Représentation graphique du référentiel de compétences UCLouvain : La roue du développement durable et de la transition.

Ce référentiel a largement influencé la rédaction des acquis d’apprentissage du certificat qui sont formulés comme suit :

A l’issue de ce programme, l’étudiant aura eu l’occasion de :

  • Maîtriser un socle de savoirs pluridisciplinaires pour penser la transition écologique et sociale de façon systémique ;
  • Identifier les interdépendances entre l’humain et le non-humain dans une perspective holistique ;
  • A partir de cas d’études, mettre en perspectives, dans un cadre interdisciplinaire, des outils d’analyse permettant d’appréhender la complexité des enjeux de la transition, en particulier ses dimensions culturelles ;
  • Comprendre et mobiliser les dynamiques de groupe et d’intelligence collective ;
  • Questionner et aligner ses aspirations à contribuer à la transition écologique et sociale avec ses projets professionnels, de nouveaux récits de transformation et choix de vie.

Compte tenu de la nature des compétences visées, la conception d’activités d’apprentissage et d’évaluation permettant l’alignement pédagogique a nécessité l’apport d’un courant pédagogique spécifique : la pédagogie transformative ou pédagogie « tête-coeur-corps ».

2.4. Une pédagogie transformative

Inspirée des travaux de Jack Mezirow (1991) et de Paulo Freire (2021), la pédagogie transformative cherche à engendrer des transformations profondes dans les cadres de pensée, les attitudes et les comportements des apprenants. En y intégrant les enjeux de durabilité, Sipos et al. (2008) enrichissent cette approche en y ajoutant des dimensions collectives, systémiques et éthiques. Ils définissent l’apprentissage transformateur pour la durabilité comme un processus visant à développer des connaissances, des compétences et des attitudes qui favorisent la justice écologique, sociale et économique. Ce processus repose sur un modèle holistique comprenant trois dimensions interdépendantes : (1) la tête, qui développe les compétences cognitives telles que la pensée critique ; (2) le coeur, qui engage les dimensions émotionnelles et éthiques pour nourrir un engagement authentique ; et (3) les mains/le corps, qui transforment la théorie en actions concrètes et impactantes.
Inspirée par la littérature scientifique et par une immersion au Schumacher College – un institut pionnier de l’éducation transformative –, l’approche pédagogique du certificat s’appuie sur six itinéraires clés pour favoriser une transformation en profondeur chez les apprenants (Beghon et al., 2025) :

  • 1. Expliciter l’implicite : contextualiser systématiquement les thématiques abordées en expliquant leur lien avec le développement durable et la transition (DD&T) ;
  • 2. Diversifier les points d’entrée : varier les angles d’approche en mobilisant des perspectives multiples (culturelles, scientifiques, personnelles) et en valorisant la diversité des participants ;
  • 3. Mobiliser un territoire local : connecter les apprenants aux acteurs de terrain et aux écosystèmes locaux, permettant une immersion dans des contextes réels et vivants ;
  • 4. Proposer une dimension collective : encourager les échanges pour co-construire des savoirs et renforcer le sentiment de communauté ;
  • 5. Réhabiliter les émotions : intégrer pleinement les dimensions émotionnelles dans l’apprentissage, en reconnaissant leur rôle dans la compréhension des enjeux et la motivation à agir ;
  • 6. Favoriser une démarche de questionnement : inciter les étudiants à développer une pensée critique et à problématiser des enjeux complexes.

La réhabilitation des émotions est particulièrement novatrice dans ce contexte. Historiquement marginalisées dans l’enseignement supérieur, elles sont ici pleinement reconnues comme des leviers de transformation. Par exemple :

  • Les journées en présentiel s’inaugurent et se clôturent toujours par un moment d’introspection émotionnelle à partager collectivement pour qui le souhaite ;
  • Les participants prennent part à des exercices tels que la marche du temps profond ou le jeu de rôle avec les générations futures, conçus pour susciter des émotions fortes et des réflexions collectives.

Ces activités, combinées à des outils réflexifs comme des journaux de bord ou des cercles de partage, permettent de réguler l’impact émotionnel et cognitif du programme sur les participants. Enfin, une attention particulière est portée à la vie communautaire dans laquelle les enseignants sont pleinement inclus : gestion collective de la préparation des pauses café, de l’aménagement et du rangement des locaux, repas ensemble, etc.

3. Une évaluation du dispositif basée sur la réflexivité émotionnelle

Par cette approche exploratoire, le certificat « Transition écologique : approche systémique & enjeux culturels, philosophiques et psychologiques » souhaite mettre à l’épreuve un modèle éducatif innovant, capable de répondre à l’urgence et à la complexité des défis écologiques.

Il était donc attendu que les participants puissent sortir de cette expérience « changés » et que cette transformation soit mobilisatrice et porteuse d’un espoir actif plutôt que démobilisatrice et chargée d’éco-anxiété ou encore de déni.

  • Au terme de cette première édition, cet objectif a-t-il été atteint ?
    Liée à cette question, une autre interrogation s’est imposée :
  • Nos modalités d’accompagnement des émotions (cercles d’ouverture et de clôture, moments de réflexivité collective, expression artistique, disponibilité de l’équipe pédagogique…) ont-elles été suffisantes et ajustées ?
    Pour répondre à cette double interrogation, nous avons choisi la piste de l’exploration des émotions.

3.1. Le débriefing individuel à partir de la trajectoire émotionnelle

Si la démarche réflexive a longtemps été conceptualisée comme une autorégulation réfléchie évacuant la dimension émotionnelle, on sait aujourd’hui que l’émotion est au coeur du processus réflexif, colorant la perception de soi, des autres et du monde social, influençant les choix et les actions. Cette porte d’entrée nous a donc paru favorable pour examiner plus en profondeur, le parcours des participants.
Pour approcher ce parcours et en percevoir le mouvement, l’outil de « debriefing individuel à
partir de la trajectoire émotionnelle » (Lecoq & Verzat, 2021) a été proposé aux étudiants. Cet outil de réflexivité propose de relire un processus vécu en partant des événements clés et en identifiant la nature des émotions associées. Ensuite, il s’agit de tracer une courbe sur un graphe où l’abscisse représente le temps et l’ordonnée la valence, c’est-à-dire de son côté agréable ou désagréable (Figure 2).

Figure 2. Le débriefing individuel à partir de la trajectoire émotionnelle

En tenant compte de la valence émotionnelle, nous souhaitions avoir un reflet de la manière dont le dispositif pédagogique pouvait impacter significativement, en positif et en négatif, le vécu personnel des participants.

3.2. Analyses et résultats

Sur les 22 participants qui sont allés jusqu’au bout du programme, 18 ont glissé leur débriefing individuel dans leur portfolio (voir Figure 3 pour un exemple).

Figure 3. Exemple de débriefing individuel à partir de la trajectoire émotionnelle

Une analyse de l’allure de ces courbes et de leur contenu émotionnel révèle une certaine homogénéité des courbes (3.2.1) ; des épisodes émotionnels souvent connotés d’émotions de valences différentes (3.2.2) ; et une relecture émotionnelle éminemment positive et une volonté d’engagement ou de réengagement (3.2.3).

3.2.1. Une certaine homogénéité des courbes

Un résultat inattendu et intéressant est de constater une cohérence collective au sein des courbes avec globalement une trajectoire en “V” et un creux lors de l’étape 2 (sur les limites) et qui correspond à une prise de conscience douloureuse des limites planétaires et des injustices sociales associées, ainsi qu’évoqué par ces deux étudiants :

  • « Pour une raison qui m’échappe, j’ai senti un noeud dans le ventre en voyant les limites dépassées une à une. (...) Les injustices flagrantes illustrées par le donut m’ont pris aux tripes. Une sensation de ‘On va dans le mur’, l’humain est responsable, certains plus que d’autres et moi en particulier » ;
  • « Je prends conscience qu’il est certainement trop tard et c’est très éprouvant pour moi ».
    On observe aussi chez pratiquement tous les participants un pic d’émotions positives très net au cours des étapes 3 et 4 qui correspondent au week-end dans l’éco-lieu. Dans le retour sur cette expérience, mentionnée par tous les participants comme un événement clé, prédomine la joie accompagnée d’émotions connexes : inspiration, connexion, plénitude, rire, espoir, magie, sérénité, apaisement, partage.*

3.2.2. Des épisodes émotionnels souvent connotés d’émotions de valences différentes

Plusieurs événements émotionnels sont colorés de manière mixte, avec une palette émotionnelle souvent détaillée, agréables et désagréable en même temps :

  • « Je remets du sens sur le collectif et ça me fait beaucoup de bien tout en me rendant nostalgique » ;
  • « Il s’agit d’un moment mitigé teinté d’espoir et de fatalisme » ;
  • « J’ai ressenti de la vulnérabilité, de la sérénité, du partage ».

Et si cette diversité émotionnelle était un prélude à l’engagement ainsi que le formule ce participant ?
“Je sens que quelque chose a changé en moi, qu’un mouvement s’est initié avec son lot d’émotions parfois contradictoires me poussant à réfléchir à la cohérence de mes actions ».

3.2.3. Une relecture émotionnelle éminemment positive et une volonté d’engagement ou de réengagement

Si la majorité des participants relatent avoir éprouvé des émotions inconfortables et parfois déstabilisatrices (ce qui était attendu et qui correspond bien à la phase de prise de conscience et de deuil), il apparaît clairement dans les trajectoires individuelles une remontée - parfois très marquée - de la courbe des émotions dès la séance suivante qui se déroulait dans l’éco-lieu. Selon les écrits de tous les participants, des émotions positives (sérénité, plénitude, magie, joie, etc.) qualifient leur expérience de vie communautaire vécue au cours de ce week-end d’immersion au coeur d’un initiative de transition écologique à la fois concrète et attractive. Par la suite, au fur et à mesure de l’avancement de leur projet personnel, les courbes se sont stabilisées dans un vécu émotionnel moins fluctuant, inscrit pour la plupart dans la partie « agréable » du schéma qui leur était proposé (à l’exception, pour certains, comme dans l’exemple présenté dans la figure 3, d’une frustration lié au manque de temps pour faire aboutir les travaux à l’approche de la clôture).

3.3. Limites

Les résultats recueillis l’ont été sous un format exploratoire, par un outil qualitatif qui pourrait pour une prochaine édition être affiné afin de poursuivre une analyse plus précise de l’impact du dispositif pédagogique (au sens large) sur les trajectoires personnelles.

Une analyse quantitative institutionnelle est en cours et la confrontation de ces deux sources d’informations pourra certainement élargir encore notre compréhension de ces trajectoires.

Conclusion

En permettant aux apprenants d’expérimenter une démarche « tête-coeur-corps », ce certificat en transition écologique propose une vision intégrative où les savoirs disciplinaires se combinent à une sensibilisation profonde, voire existentielle, aux enjeux écologiques. Les résultats de l’évaluation du dispositif, fondée sur l’analyse de trajectoires émotionnelles individuelles, soulignent l’impact positif et mobilisateur de cette approche : malgré une prise de conscience parfois douloureuse des limites planétaires, la plupart des participants ont témoigné d’un sentiment renouvelé d’espoir, d’engagement et de cohérence. Les temps de partage collectif, les immersions hors campus et la réhabilitation des émotions semblent constituer des leviers puissants pour favoriser des transformations à la fois cognitives et comportementales.

Bien que l’outil qualitatif de « debriefing individuel à partir de la trajectoire émotionnelle » se soit avéré pertinent pour explorer les ressentis des apprenants, il gagnerait à être complété par des analyses quantitatives ou longitudinales afin de mieux cerner l’ampleur et la pérennité de ces transformations. Les premières conclusions pointent néanmoins vers l’émergence d’une dynamique collective porteuse de sens, dans laquelle la réflexivité émotionnelle peut se muer en action engagée.

Les perspectives ouvertes par ce certificat offrent un horizon passionnant pour la recherche en pédagogie universitaire, nous incitant à explorer encore plus avant la puissance transformatrice d’un enseignement systémique, immersif et profondément humain.

Références bibliographiques

Beghon, A., Dupont, C., Kruyts, N., Nyssens, M., Warnier, L. (2022, 2 juin). Construire une vision partagée sur l’enseignement pour le développement durable et la transition à

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Burkitt, I. (2012). Emotional Reflexivity : Feeling, Emotion and Imagination in Reflexive Dialogues. Sociology, 46(3), 458-472. https://doi.org/10.1177/0038038511422587

Freire, P. (2021). La Pédagogie des opprimés. Agone, coll. « Contre-feux »

Lecoq, J. et Verzat, C. (2021) . Chapitre 5. Les émotions au coeur de l’accompagnement. Dans Raucent, B., Verzat, C., Van Nieuwenhoven, C. et Jacqmot, C. (dir.), Accompagner les étudiants Rôles de l’enseignant, dispositifs et mises en oeuvre. (p. 109 -126). De Boeck Supérieur.

Macy, J. et Brown, Y. (2018). Ecopsychologie pratique et rituels de la Terre : revenir à la vie. Gap

Mezirow, J. (1991). Transformative dimensions of adult learning. Jossey-Bass

Reed, B., Hu, S. et Tugade, M. M. (2017). Emotions positives et résilience : Effet des émotions positive sur le bien-être physique et psychologique. Revue québécoise de psychologie, 38(2), 5–19.

Rimé, B., Bouchat, P., Paquot, L. et Giglio, L. (2020). Intrapersonal, interpersonal, and social outcomes of the social sharing of emotion. Current Opinion in Psychology, 31, 127-134 https://doi.org/10.1016/j.copsyc.2019.08.024

Sipos, Y. , Battisti, B. et Grimm, K. (2008), « Réussir un apprentissage transformateur de la durabilité : engager la tête, les mains et le coeur », Revue internationale de durabilité dans l’enseignement supérieur , vol. 9, n° 1, p. 68-86 https://doi.org/10.1108/14676370810842193

The Shifters. (2022). Mobiliser l’enseignement supérieur pour la transition vers la neutralité carbone. https://education4climate.be/education4climate_rapport_final_fr.pdfhttps://education4climate.be/education4climate_rapport_final_fr.pdf

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