“La pédagogie Tête-Cœur-Corps est ce qui m’a le plus marqué et impressionné dans la formation”.
A 26 ans, après trois ans d’activité dans un bureau d’études, Laura tourne le dos à une carrière d’ingénieur en bâtiment pour embrasser le champ de la gouvernance partagée et de la démocratie participative. Pour s’outiller et acquérir le bagage nécessaire à sa reconversion, la jeune femme a décidé de rejoindre le T-Camp, la formation immersive de trois mois du Campus co-conçue avec les Colibris et la Coopérative des Oasis. Au-delà du socle large et pointues de connaissances qui lui a apporté une vision globale des enjeux climatiques et sociaux, c’est avant tout l’expérience humaine, la force du groupe et l’espace laissé aux ressentis et émotions qui aura marqué la jeune femme. Interview.
Pourquoi as-tu décidé de suivre cette formation ? Comment as-tu connu le Campus de la Transition ? Et pourquoi as-tu décidé de rejoindre la formation du T-Camp ?
J’ai connu le T-Camp et le Campus de la Transition grâce à une amie qui était avec moi en école d’ingénieur et qui a suivi la formation en 2019. L’expérience qu’elle m’a partagée m’a beaucoup plu pour tout d’abord avoir un socle de connaissances sur les enjeux climatiques qui balaie des thèmes sur la gouvernance, l’agriculture jusqu’à la finance. Vivre une immersion dans un collectif pendant deux mois était un autre aspect qui m’attirait car ça se conjugue bien avec mon intérêt pour la démocratie participative et l’intelligence collective dans le cadre de ma reconversion professionnelle : savoir comment nous allions nous organiser et faire groupe est en soi une expérience formatrice. Enfin, le T-Camp permet d’aller à la rencontre de différents écolieux et de se faire un réseau dans le domaine de la transition et de rencontrer des personnes inspirantes.
Quel est le déclic qui t’a donné envie de te « mettre en transition » ?
Après une école d’ingénieur, je suis partie en Martinique et j’y ai été frappée par les problèmes d’autonomie alimentaire, énergétique et de justice sociale. Au même moment, sortait le film « Demain ». Puis, j’ai travaillé pendant trois ans dans un bureau d’études sur le bâtiment bas carbone et me suis retrouvée confrontée à des conflits humains dans l’entreprise que je ne pouvais pas résoudre faute d’outils. Je me suis tournée vers une formation de facilitatrice à Aix-en-Provence « Intelligences & Création Collectives » et le T-Camp m’est apparu comme une formation très complémentaire pour me reconvertir dans le domaine de la gouvernance partagée.
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans le T-Camp ?
Tout le contenu m’a intéressé mais ce qui m’a le plus marqué est cet équilibre « tête-corps-coeur » qui est tenu tout le long de la formation et qui est l’essence même de la pédagogie du T-Camp. Il y a l’aspect intellectuel avec beaucoup de conférences sur le diagnostic et les enjeux climatiques et la transmission de connaissances très techniques.
Le corps est très présent par le fait de se déplacer et d’avoir été dans les écolieux mais aussi par tous les ateliers de mise en pratique et en mouvement qui permettent d’intégrer et de s’approprier la théorie . Par exemple, aujourd’hui, nous avons travaillé sur la gestion des conflits avec la mise en place de jeux de rôle dans la foulée de l’enseignement : ça permet de comprendre la CNV (communication non violente) en pratique, par l’observation, le ressenti, le besoin puis l’action.
Le cœur est un fil rouge de la formation qui inclut beaucoup de développement personnel avec l’Institut Aristote qui nous accompagne, mais aussi avec les rituels tels que les « mots du matin » où l’on partage notre météo intérieure, le cadre de bienveillance, les moments « off » avec le groupe.
Au-delà de la pédagogie « Tête-Corps-Cœur », le T-Camp n’est pas juste une formation où j’aurai reçu des cours d’intervenants de haute volée tels qu’Alain Grandjean, etc. J’ai avant tout vécu une expérience humaine, unique, magique. Je sais que le T-Camp va rester comme un espace et un moment-ressource dans ma vie, que ce soit avec le groupe ou avec les personnes rencontrées dans les écolieux : je pourrai toujours les appeler si j’ai besoin d’eux et inversement. C’est hyper enrichissant et soutenant pour mieux appréhender l’avenir.
Tu évoques le développement personnel : quel rôle joue-t-il dans la formation du T-Camp et qu’est-ce-que cela t’a apporté ?
Une meilleure connaissance de moi-même à travers le regard des autres et notamment de mon binôme. Le processus est vraiment source d’apprentissage sur soi : on a d’abord fait notre « récit de vie » en s’appuyant sur les évènements qui nous ont marqués et qui nous ont fait développer telle ou telle compétence ou révélé telle qualité.
En parallèle, selon la méthode dite du « 360 degrés positif », nous sommes allés interroger nos proches sur des situations qui ont pu les marquer et qui ont révélé mes qualités et mes forces. Ces deux « exercices » ont abouti à un « personnage talent ». On a poursuivi avec l’Ikigai pour comprendre nos besoins, nos atouts, nos zones d’ombre, puis nous avons eu à faire un exercice d’éloge de nous-même, en nous demandant par exemple d’imaginer ce que nous serions à 80 ans.
Ce processus, avec ces différents outils de coaching, créent une synergie pour faire émerger et prendre conscience de nos potentiels, identifier nos talents et apprendre à s’appuyer dessus pour choisir une voie plus épanouie tant au niveau personnel que professionnel. Dans les prochains jours, on va ainsi passer au plan d’action et à la mise en pratique pour s’orienter professionnellement.
Me concernant par exemple, je n’avais pas du tout en tête ce qu’a révélé mon « personnage-talent », à savoir ma curiosité et ma soif d’apprendre qui se sont dégagées des différents ateliers.
Qu’est-ce qui a « bougé » en toi, évolué avec cette formation ?
Il y a un espace immense dans la formation qui est laissé au partage des émotions et des ressentis qui n’existe pas dans la société actuelle et c’est un grand manque dont je n’avais pas conscience. Que ce soit dans le cadre professionnel ou personnel, je sais désormais que je laisserai une place à cette dimension relationnelle pour ne pas être que dans l’intellectuel et le « faire ».
Le T-Camp propose trois spécialités (permaculture, dynamique territoriale et sociopolitique) : quelle spécialité as-tu choisi et pour quelles raisons ?
J’ai choisi la spécialité « dynamique territoriale » et j’ai été absolument passionnée par l’expérience que vit le village d’Arvieu en transition où nous nous sommes rendus. On nous a vraiment donné la possibilité de comprendre la dynamique d’un territoire au niveau local qui a déclenché depuis deux ans une vraie démarche de démocratie participative. En immersion, on a pu comprendre les leviers d’action, la manière dont se co-construisent les projets politiques du village avec les habitants. Ça a confirmé mon envie de travailler dans le champ de la démocratie participative.
Les T-Campeurs ont lancé leur compte instagram
Les participants à la formation du T-Camp qui se déroule actuellement ont eu la belle idée de lancer leur compte insta pour témoigner de leur expérience. N’hésitez pas à aller découvrir leur compte « tcampeurs.en.transition » : leurs stories racontent entre autres le tour de France des écolieux qu’ils ont réalisé comme ici au village d’Arvieu où s’est rendu Laura.
Et à voir leurs sourires et posts, on sait la promesse pédagogique tenue : « Former pour transformer » grâce à une approche « Tête-Cœur-Corps », à l’immersion, à la force du groupe.
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