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21 leçons de leadership apprises durant la pandémie et à réinvestir en éducation

20 juin 2020 par Marius Veille 594 visites 0 commentaire

Un article repris de https://mariusbourgeoys.ca/2020/06/...

21 leçons de leadership apprises durant la pandémie et à réinvestir en éducation

4 juin 2020 Marius

Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons l’occasion d’observer les dirigeants des pays et des provinces. En effet, nous avons la chance d’observer le leadership en action. J’ai identifié 21 leçons de leadership que nous pouvons réinvestir en éducation. Je vous propose également quelques questions pour nourrir votre réflexion. J’inclus finalement un visuel, si ça peut vous être utile 🙂 Bonne lecture !

21 leçons de leadership – Format PDF à imprimer

1. Agir vite même si tout n’est pas clair

Dès le début, il fallait agir vite. Il fallait prendre des décisions, même si tout n’était pas clair. Ça ne doit pas être évident de décider de placer la population en confinement, surtout quand tout n’est pas clair ou lorsqu’on fait face à l’inconnu. Malgré tout, je pense qu’on peut toujours voir notre prochain pas, même si tous les autres pas ne sont pas encore bien clairs. On prend la meilleure décision aujourd’hui, avec les informations disponibles, en faisant la balance entre les avantages et les inconvénients de nos décisions. Ce qui est intéressant, c’est que tous les prochains pas se cachent dans le premier pas. Le deuxième pas se révèle seulement après qu’on a pris le premier.

Quel prochain pas pourrions-nous faire en éducation, même si ce n’est pas encore tout à fait clair ?

2. Reconnaître et nommer la réalité

Les dirigeants ont vite mis des mots sur la réalité. « Nous sommes en guerre contre un ennemi invisible. », nous a-t-on dit. Les mots qu’on choisit donnent tout son sens et toute sa portée à la réalité. Max DePree affirme que : « La première responsabilité d’un leader est de définir la réalité. » Nos leaders l’ont fait dès le début et ça mettait la table pour toutes les mesures qui devaient être prises et les annonces qui devaient être faites pour contre-attaquer. La réalité de la crise sanitaire a transformé la réalité du grand monde de l’éducation depuis quelques mois. La crise sanitaire sera certainement temporaire, mais son impact sur l’éducation le sera-t-il, lui ?

Quelle est la réalité présentement en éducation ?

3. Donner des mots à dire

Sitôt la réalité bien définie, nos leaders ont pris soin de notre discours (intérieur) en nous donnant des mots à se dire entre nous : « Ça va bien aller. » Implicitement, ça voulait dire : « Pas de panique. » Un arc-en-ciel a vite accompagné ces mots. Une image vaut mille mots. En période de crise ou de défi, il est important de donner des mots à dire aux gens. Sinon les gens vont eux-mêmes choisir leurs mots et ces mots reflèteront certainement leur état affectif du moment. La tournure peut être beaucoup moins positive et avoir des effets très néfastes sur l’état d’esprit, le moral et le bien-être de toute la population. Présentement, plusieurs se questionnent sur les meilleures actions à poser pour terminer l’année scolaire sur une note positive. D’autres pensent déjà à la rentrée. C’est normal.

Quels mots voulons-nous donner à dire aux élèves, aux parents, au personnel, aux collègues présentement ?

4. Faire preuve de transparence

Nos leaders nous ont vite avoué qu’ils ne savaient pas tout. Qu’ils ne savaient pas précisément comment nous allions être affectés par la COVID-19, combien de temps ça allait durer, si le système de la santé allait pouvoir tenir le coup, si nous avions assez de masques et de respirateurs… Nos leaders nous ont avoué ce qu’ils ne savaient pas. La vérité et l’honnêteté, c’est rassurant dans un sens. Pour gagner une partie de hockey, il faut savoir le vrai pointage. Même si on tire de l’arrière. Toute vérité n’est pas bonne à dire mais la transparence crée un climat de confiance.

Qu’est-ce que nous n’osons pas dire présentement ?

5. Communiquer de façon authentique

Tous les jours, les communications des leaders sont diffusés à la télévision et dans les médias sociaux. Nous avons la chance de voir les différents styles de communication. Certains lisent clairement un texte qui a été soigneusement rédigé. D’autres communiquent de façon beaucoup plus authentique. Ils communiquent de façon très précises et structurée mais on sent que ça vient du coeur. Qu’est-ce qui mène un leader à choisir une approche plutôt qu’une autre ? Le contrôle du message ? La peur de se tromper ou de dire quelque chose qui n’a pas été approuvé ? Le sentiment de vulnérabilité ? Personnellement, je préfère de loin écouter un message senti, qui vient du coeur. Le côté humain d’un leader quoi. Le message scripté n’est pas conçu pour la version intégrale d’une communication orale, à mon avis.

Qu’est-ce qui nous empêche de communiquer de façon authentique ?

6. Surcommuniquer avec clarté

C’était plus flagrant au cours du premier mois de la pandémie, mais tous les jours on nous répétait les mêmes informations. La stratégie pour vaincre la pandémie : on reste chez nous, on se lave les mains et, si on sort, on reste à 2 mètres. On aplatit la courbe. Et pour éviter que les gens soient indifférents à la courbe, on précise que quand on aplatit la courbe, on sauve des vies. Ce n’est pas un problème de mathématiques qu’on résout ensemble. De réelles vies sont en jeu. Combien de fois ces mots ont-ils été répétés. La répétition, le connu, ça rassure. Ils sont maintenant sur des affiches un peu partout sur le web et à l’entrée des commerces. Plus la cible est claire et qu’elle ne bouge pas, plus on peut l’atteindre. C’est un principe clé en évaluation en éducation. Dans son livre The Advantage, Patrick Lencioni souligne l’importance de surcommuniquer avec clarté.

Que devons-nous clarifier et surcommuniquer en éducation présentement ?

7. Communiquer les priorités

Dès le début, la priorité était de tester, tester, tester. Les gens qui revenaient de voyage et les gens qui avaient les symptômes. C’est normal, il faut créer la courbe pour savoir si on progresse et si les mesures ont les effets recherchés. Au fil des semaines, les priorités évoluent mais la courbe demeure. La santé des personnes et de l’économie sont au coeur de toutes les décisions. Le pourquoi n’a pas changé en éducation, mais le comment a changé.

Quelles sont nos priorités présentement en éducation ?

8. Identifier les activités essentielles

Dès le début, les leaders ont identifié les services essentiels tout en pesant les avantages et les inconvénients d’attribuer l’étiquette de service essentiel à des commerces comme la SAQ/LCBO. Les déplacements des gens ont été très limités et contrôlés. On n’a qu’à penser à la frontière, aux voyageurs qui ont tardé à revenir au pays, aux gens qui ont été confinés dans leur région. C’est normal, on voulait éviter la contamination communautaire et épargner le système de la santé. En éducation, on a réussi à se connecter avec les élèves et les familles et graduellement, l’apprentissage plus structuré a repris autour des apprentissages essentiels. Dans certains milieux, les élèves ont même commencé à revenir graduellement à l’école physiquement. Les évaluations systémiques et/ou sommatives ont été soit annulées ou rendues facultatives pour donner toute sa place à l’apprentissage. Ce qui va sûrement nourrir la réflexion sur la place de l’évaluation en éducation.

Quelles activités sont essentielles présentement en éducation ?

9. S’appuyer sur les données, pas sur les perceptions

La courbe permet aux leaders de prendre des décisions objectivement. Pas sur des « Je pense… Je crois… Selon moi… » Les données justifient les mesures qui sont mises en place pour contrer la COVID-19 et pour soutenir l’économie, entre autre. Cette année en éducation, plusieurs données de fin d’année ne seront pas générées. Il y aura donc absence de certaines données sur lesquelles nous nous appuyons habituellement en juin et à la rentrée scolaire.

Quel impact les données ont-elles sur nos pratiques habituellement ?

Quel impact l’absence de données aura-t-elle sur nos pratiques ?

10. La courbe est plus importante que les données du jour.

Tous les jours, une mise à jour est faite relativement aux nouveaux cas, aux décès et aux personnes rétablies. Or malgré les données du jour, la courbe est toujours plus importante. Elle nous indique si les mesures mises en place fonctionnent. La courbe indique la trajectoire. Chaque province a sa courbe. On peut les voir sur ce site. En éducation, nous accordons habituellement beaucoup d’importance aux données générées un jour donné. Le jour d’un examen, le jour d’un test quelconque, comme le test Otis-Lennon. Un test, un jour et l’élève est doué ou non. Or qu’en est-il de la trajectoire de nos élèves, de nos écoles, de notre système ? Je réfléchis à cette réalité dans Progrès : performance ou trajectoire ?.

Quelle importance accordons-nous à la trajectoire en éducation ?

11. Derrière les statistiques, il y a de vraies personnes.

L’objectivité a ses avantages en matière de décisions mais derrière les données, il y a des histoires, des personnes, des vies qui sont bousculées ou qui prennent fin à cause de la COVID-19. On n’a qu’à penser à la situation des personnes âgées. Ça ne laisse personne indifférent. Certains leaders offrents quotidiennement leurs sincères condoléances aux familles concernées. En éducation, c’est facile de regarder les données et de se dire que « Il y en a… » Il y en a des élèves en difficulté. Il y en a des élèves qui apprennent moins vite que les autres. Il y en a qui n’ont pas tout ce qu’il faut à la maison pour soutenir leur développement. Il y en a qui ont de la difficulté à se faire des amis. Il y en a qui n’obtiennent pas leur diplôme… Il y en a. Et plusieurs rôles d’appui et complémentaires sont créés dans notre système parce qu’« il y en a ». Mais on fait quoi avec l’élève qui n’apprend pas aussi bien que les autres ? On fait quoi quand un élève qui est intimidé ou laissé de côté de façon systématique par les autres élèves ? Qu’est-ce qu’on fait avec les « il y en a » ? À l’impossible, nul n’est tenu. Mais si on se laisse émouvoir par l’histoire de certains élèves ou de certains collègues (il y en a, ici aussi), cela nous donne accès à ce qu’il y a de plus puissant en éducation, l’émotion humaine. Il n’y a pas grand-chose à l’épreuve d’un coeur ému.

Qu’est-ce qui nous émeut en éducation ?

12. Reconnaître et nommer les émotions que nous ressentons tous

Nos leaders ont aussi reconnu et nommé les émotions que nous ressentons tous. La crainte, la peur, la tristesse, l’anxiété. On nous a même dit que c’était normal. Lorsqu’on reconnaît et qu’on nomme les émotions que ressentent les gens, c’est un peu comme si on leur donnait la permission de ressentir ce qu’ils ressentent. C’est aussi une façon de communiquer notre empathie.

Comment se sentent les gens que nous servons présentement ?

13. Se comparer à soi-même

Nos leaders nous ont dit qu’on ne peut pas se comparer aux autres provinces ou autres régions. Parce que ce qu’on vit est différent, le contexte est différent et les stratégies ou les mesures sont différentes. Le comportement des citoyens ou le respect de la prescription est différent aussi, d’une région à l’autre et d’une province à l’autre. La courbe nous aide à identifier notre trajectoire, nos progrès et l’efficacité de nos actions. Il serait donc injuste et futile de se comparer aux autres. Même chose en éducation. La comparaison entre les systèmes est facile mais n’aide personne. Ce que je remarque, c’est que le système de l’éducation a fait des progrès énormes en matière d’intégration des technologies au service de l’apprentissage au cours des derniers mois. Comme pour la pandémie, personne n’avait le même point de départ, personne n’avait exactement le même contexte. On est encore loin de la situation idéale pour l’enseignement à distance. Mais tout le monde a progressé malgré le fait que personne n’a eu le temps de se préparer. C’est quand même quelque chose.

Quelles sont les preuves que nous progressons en éducation ?

14. Créer des occasions pour donner une voix aux personnes

Tous les jours, à la même heure, nos leaders nous offrent une mise à jour en direct. Ces rendez-vous quotidiens créent de la prévisibilité dans un contexte où l’imprévisibilité règne présentement. Les leaders offrent même aux journalistes l’occasion de leur poser des questions. Les journaliste représentent la voix du public. Quand les gens questionnent, ce n’est pas nécessairement par résistance. Ils communiquent simplement les choses qui les préoccupent ou les questions qu’ils se posent. Les gens veulent entendre leurs leaders et ils veulent aussi être écoutés. En éducation, c’est la même chose, or les structures de collaboration et de communication ont changé par la force des choses.

Quelles occasions pourrions-nous créer ou saisir pour réellement communiquer entre nous ?

15. Responsabiliser – Autonomiser – Soutenir

Malgré le souhait de certaines personnes, les leaders n’ont pas imposé les respect de la prescription dès le début. Ils ont plutôt fait appel à la bonne volonté et au devoir des citoyens. Nous sommes tous responsables de respecter les directives de distanciation sanitaire. Nous sommes autonomes. Les leaders nous soutiennent dans cette démarche. Ces trois verbes : Responsabiliser – Autonomiser – Soutenir, sont des verbes clés en éducation, à mon avis. Ce sont des verbes clés pour développer les personnes autour de nous.

Comment ça se passe dans notre milieu ?

16. Communiquer comment on répond aux besoins des gens

Quotidiennement, nos leaders nous communiquent leurs attentes et écoutent nos questions et nos préoccupations. Si bien qu’ils prennent aussi le temps de nous communiquer clairement ce qu’ils font pour répondre à nos besoins. Au début, c’était le retour des voyageurs, les masques, les respirateurs, les 2000$ par mois… Les besoins évoluent et les leaders continuent de communiquer comment ils répondent aux besoins des gens. En éducation présentement, on pense aux élèves à besoins particuliers, au fameux « trou dans l’apprentissage », aux finissants, aux camps d’été…

Comment déterminons-nous les réels besoins des personnes qui nous sont confiées présentement ?

17. L’objectif commun est plus important que le rôle de chacun

Les personnes qui travaillent pour le service de la santé ou pour les services essentiels ont depuis le début un rôle très actif pour combattre la COVID-19 tout en permettant à l’ensemble de la population de continuer à vivre mais en situation de confinement. Nous assistons présentement à un déconfinement graduel mais lorsqu’on y pense, le rôle de la plupart des gens depuis le début de la crise est d’être passif. Simple mais pas facile, j’en conviens. On reste chez soi, on se lave les mains et, si on sort, on reste à 2 mètres. Rester chez soi n’est pas un rôle très reluisant ou valorisant. C’est pourtant un rôle très important. Or l’objectif commun, c’est de vaincre la COVID-19. Je vous épargne ici tout ce qu’on veut éviter aussi. Tous les rôles sont importants. Mais le rôle n’est pas aussi important que l’objectif collectif. En éducation, c’est la même chose. Tous les rôles sont importants. Mais aucun rôle n’est plus important que l’objectif commun.

Quels sont nos objectifs communs ?

Comment sommes-nous en train de contribuer à nos objectifs communs ?

18. Remercier et souligner la contribution de rôles spécifiques

Toutes les personnes sont importantes. Tous les rôles sont importants. Plusieurs leaders remercient quotidiennement des rôles, des personnes ou des groupes spécifiques. C’est important. Ce n’est pas différent en éducation. Surtout présentement. Un bon critère pour déterminer si une personne a besoin d’encouragement : elle respire. Si une personne respire, elle a besoin d’encouragement.

Qui avons-nous besoin de remercier présentement ?

19. Nous sommes tous capables d’appliquer la prescription

Depuis le début, toute la population est capable d’appliquer la prescription. Tout le monde est capable de faire ce qui est demandé. Aucune formation n’est requise mais la constance est de mise. On reste chez soi, on se lave les mains et, si on sort, on reste à 2 mètres. Lorsqu’on réfléchit à nos objectifs communs en éducation, est-ce que tout le monde est capable d’appliquer la prescription ? La question se pose.

Quel est notre sentiment d’efficacité personnelle face aux nouvelles initiatives et au contexte actuel en éducation ?

20. Tout se passe dans le moment présent

Lorsqu’on réfléchit à la prescription, ce n’est pas ce que j’ai fait hier ou ce que je ferai demain qui compte. C’est ma façon de respecter la prescription à tous les instants. Ça demande de l’intentionnalité. Tout se passe dans le moment présent. En éducation, c’est exactement la même chose. L’impact sur l’apprentissage de l’élève se fait toujours dans le moment présent. C’est le seul « endroit » où on peut agir.

Nous avons besoin d’être plus intentionnels dans quels aspects de notre pratique ?

21. Arrêter de faire certaines choses peut nous aider à relever le défi

Le confinement sanitaire nous a amenés à arrêter de faire une panoplie de choses. La COVID-19 a confiné les humains. Ce n’est pas facile à vivre mais plusieurs impact positifs sur l’environnement, entre autre, ont été observés très tôt dans la période de confinement. On n’a qu’à penser aux canaux à Venise où on pouvait voir le fond de l’eau et des poissons qu’on ne voyait pas habituellement. Qui l’eût cru ? Arrêter de se déplacer et garder une distance sanitaire a des effets positifs présentement. En éducation, l’innovation commence parfois lorsqu’on arrête de faire des choses qui ne fonctionnent plus. Certaines pratiques ont été laissées de côté pour l’instant.

Quels effets positifs peut-on observer ?

Qu’est-ce que nous pourrions arrêter de faire en éducation ?

Présentement, nous parlons tous de la COVID-19. C’est normal. Il est facile de créer du momentum et de collaborer lorsque tout le monde se sent interpellé, quand tout le monde vit la même chose et parle de la même chose.

Combien d’énergie et de ressources financières auraient été requises en temps normal pour faire tous les changements qui ont été faits en moins de 3 mois partout en éducation ?

La rentrée scolaire 2020-2021 viendra très vite et tout indique que la crise sanitaire ne sera pas terminée.

Quelle(s) conversation(s) allons-nous avoir pour terminer l’année scolaire sur une note positive et pour aligner nos flèches dès la rentrée ?

Comment ces 21 leçons de leadership peuvent-elles nous appuyer ?

Merci de vos commentaires et bonne fin d’année

Licence : CC by-nc-sa

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