Innovation Pédagogique et transition
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Le LIP à l’heure du confinement et de la distanciation sociale

15 avril 2020 par Eric Sanchez LIP, Genève 269 visites 0 commentaire

Un article repris de https://www.lip-unifr.ch/2020/04/14...

Comment, un laboratoire qui conduit des recherches collaboratives peut-il poursuivre ses activités dans un contexte de distanciation sociale ? Comment les membres de l’équipe s’organisent-ils pour que le travail se poursuive et permette de préparer la fin du confinement ? Comment vivent-il cette période étrange où le domicile s’est transformé en bureau et le télétravail est devenu la règle ?

Les changements auxquels le Laboratoire d’Innovation Pédagogique doit faire face ne relèvent pas uniquement de la distanciation sociale. C’est tout l’agenda de l’équipe qui est perturbé : annulation ou report de colloques pour lesquels nous avions des propositions de communication tels que LudoviaCH à Yverdon, ECER à Glasgow, ARDIST à Lille, SSRE à Bienne, RJC EIAH à Poitiers, annulation ou report également de conférences ou séminaires invités à Klagenfurt, Nice, Grenoble et Reims, impossibilité pour des collègues de France, Tunisie, Egypte ou du Liban de se déplacer pour participer aux réunions et séminaires que nous avions planifiés et impossibilité de tenir en présence les activités en lien avec les projets en cours.

Il a fallu reporter certaines activités mais, la majorité d’entre-elles se tiennent désormais en mobilisant les plateformes d’enseignement en ligne ou les outils de visioconférence. Pour le cours sur les usages du numérique en éducation, les étudiants du DAES1 et du DEEM avaient déjà la possibilité de le suivre en ligne avec la plateforme Moodle sur laquelle ont été déposées les vidéos, activités et autres ressources. Tout était donc prêt pour basculer sur un enseignement à 100% asynchrone et en ligne. La plateforme a été enrichie avec des conseils destinés aux étudiants en stage qui ont aussi à enseigner à distance. Certains de ces conseils sont disponibles sur notre site. Les examens oraux du cours de didactique ont pu se tenir en ligne en mode synchrone avec l’outil de visioconférence mis à disposition par l’université. Finalement, les inquiétudes sur la fiabilité des technologies étant dissipées, la plupart des étudiants semblaient apprécier de pouvoir passer cet examen dans le cadre rassurant de leur domicile.

Pour la grande majorité des activités, il a été possible de les organiser en ligne et les réunions ont parfois gagné en efficacité du fait que chacun s’astreint à respecter les règles de base de la visioconférence : s’assurer d’avoir réglé son micro et sa caméra avant le début de la réunion, disposer d’un document permettant de prendre des notes collaboratives et d’un ordre du jour précis dont le respect est garanti par le responsable de la réunion, éteindre sa caméra lorsque la bande passante est faible et éteindre son micro si ne parle pas pour éviter que les bruits domestiques ne s’immiscent dans l’espace professionnel. Ces visioconférences ont finalement permis que les projets avancent : accueil de Kevin, notre nouveau stagiaire en charge des développements informatiques et discussion du cadrage théorique pour le projet PLAY, mise en place, pour le même projet d’une game jam qui permettra à 25 étudiants de l’école d’ingénieur de travailler en équipe et à distance à la conception du nouveau jeu qui sera testé à l’Alimentarium, travaux à distance pour avancer sur la conception d’un jeu destiné à promouvoir l’innovation pédagogique et décisions quant aux orientations des développements pour le projet DigitComp dont Matthieu a la responsabilité… tant qu’il n’est pas mobilisé pour une mission par l’armée.

Evidemment tout ne peut pas se faire à distance et des inquiétudes subsistent en particulier sur la tenue des expérimentations et le recueil des données de recherche. Il a en effet fallu reporter certaines expérimentations. Le jeu Mission Télomère ne pourra certainement pas être expérimenté avant l’automne et certains travaux de Master devraient être ralentis. Des inquiétudes pointent également quant aux expérimentations relatives à certains travaux de thèse. Il faudra les reporter à une date qui dépend de la réouverture des collèges. Certains recueils de données peuvent néanmoins se poursuivre et sont même facilités par la mise en place de la visioconférence. L’enregistrement des interactions des participants à une réunion pour recueillir des données dans le cadre d’une thèse en cours sont grandement facilitées lorsque chacun parle dans un micro face à son écran.

Un petit tour des « home offices » des membres de l’équipe montre que chacun est parvenu à organiser son nouvel espace de travail. Pour Simon la vue s’est grandement améliorée par rapport à son bureau à l’université. Gil a aussi une belle vue sur le printemps mais également sur ses colocataires qui, semble-t-il, ont moins de travail que lui. Elsa tente de rendre son immobilité moins pénible en organisant la mobilité de son mobilier. Laura a soigné l’esthétique de son espace de travail. Mariem termine son congé maternité et, quant à moi j’ai multiplié les écrans (oui, parfois on se sent seul avec soi-même sur les écrans !). J’ai une tablette très souvent connectée sur un canal de visioconférence sur lequel chacun peut se connecter en fonction de ses envies. C’est une manière de se croiser par hasard comme nous le faisions auparavant dans les couloirs de l’université. L’expérience a montré que les habitudes sont tenaces et, finalement, c’est souvent vers 10:00, c’est-à-dire l’heure à laquelle nous avions l’habitude de nous retrouver pour prendre un café, qu’on a le plus de chances de croiser quelqu’un sur ce canal. Comme le relève Simon, travailler de cette manière « nécessite une certaine rigueur, de la discipline et beaucoup d’autonomie » et chacun d’entre nous ressent également ce “manque d’émulation” ainsi que les échanges informels qui, auparavant, permettaient aux idées de circuler et d’être débattues au sein de l’équipe. Ce canal de visioconférence nous a néanmoins permis de trancher l’épineux débat sur l’âge du LIP. Certes, le labo a été inauguré le 7 avril 2017 mais c’est en 2016 qu’il a commencé ses activités. L’année dernière nous fêtions nos 3 ans et nous fêtons donc ce printemps notre quatrième année.

Ce bouleversement des agendas est aussi l’occasion de réorienter les priorités pour chacun d’entre nous. En effet, du temps s’est libéré en raison de l’annulation des colloques. Maud a singulièrement révisé ses priorités pour se concentrer sur ses lectures et l’écriture de sa thèse. Guillaume avance également son manuscrit. Catherine est concentrée sur plusieurs projets de publications dont le chapitre d’un ouvrage écrit en collaboration avec des collègues en Europe et un article pour une revue espagnole. Pour ma part je viens de finaliser un ouvrage sur les mythes autour du jeu que j’ai co-écrit avec Margarida Romero, directrice du LINE à Nice. L’ouvrage devrait paraître en septembre. Sous la houlette d’Elsa, de Laura et d’Elodie, le projet LETS Learning lab a réorienté ses priorités vers la question de l’enseignement en ligne. Cela s’est traduit par un Lunch&Discover (en ligne !) sur cette thématique. De plus, 13 collègues du Québec, de France, du Liban et de Suisse ont accepté de rédiger des billets de blog pour faire le point sur la question de l’enseignement en ligne (13 infox sur le elearning). Chaque jour, ce sont jusqu’à un millier de consultations de ces textes que l’on enregistre sur notre site. Daniel Peraya sera très prochainement présent pour animer un nouvel événement (en ligne !) sur cette thématique que nous avons nommé Breaking Infox pour lequel vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire.

Si une réflexion sur la manière dont une équipe peut rester soudée dans le contexte actuel vous intéresse, je vous conseille de consulter l’enregistrement bientôt disponible du webinaire donné à l’Université Laval par Jean-Pierre Brun le 2 avril dernier.

L’expression “distanciation sociale” qui est aujourd’hui repris à l’envi par les médias est finalement bien peu approprié pour désigner ce que nous vivons. La distanciation est certes physique mais les technologies nous permettent de conserver les interactions sociales nécessaires pour l’avancée des projets et la cohésion de l’équipe. Néanmoins, c’est une bonne douzaine de paires de doigts qui se croisent lorsque l’un d’entre nous évoque le prochain retour dans nos locaux et surtout la thèse jam que nous avons prévu d’organiser au début de l’été. Comme chaque année, nous nous rendrons quelques jours dans un lieu éloigné des contraintes du quotidien. Il s’agira de travailler sur les thèses en cours en nous confinant…. tous ensemble !

Licence : CC by-nc

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