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Le pitch vidéo comme outil numérique multiforme pour enrichir le distanciel dans les interactions étudiants / enseignants

20 juin 2020 par jpverdu Fiches pédagogiques 1314 visites 0 commentaire

Fiche 1 : mise en situation et prise de vue

Contexte

La situation de crise sanitaire mondiale due à la pandémie de COVID-19 a promu au premier plan le télétravail et la formation à distance. Le distanciel peut se penser de manière synchrone notamment à travers les visioconférences mais aussi de manière asynchrone dans laquelle la vidéo tient une place de choix. En effet de nombreux outils numériques d’enseignement distanciels asynchrones tels que les Mooc, le E-learning, les Serious Games, les ENT ou encore les Environnements Numériques pour l’Apprentissage mettent en évidence la vidéo comme vecteur de formation dans les interactions étudiants / enseignants.

Que la vidéo soit l’œuvre de l’étudiant qui présente à ses enseignants, à ses pairs ou à des professionnels un projet, un sujet, un rapport, une activité, une réalisation, son CV ou celle de l’enseignant qui produit une capsule de formation pour expliquer, démontrer, résumer, corriger … les techniques audiovisuelles maitrisées permettent une réalisation efficace et agréable à suivre.

Nous situons cet article dans les limites des techniques audiovisuelles mise en œuvre avec un smartphone pour la réalisation d’un pitch vidéo dans le secteur de la formation.

Le pitch vidéo est une technique d’accroche qui peut être orale en présentielle mais aussi écrite ou filmée et dans tous les cas elle consiste à convaincre et à donner envie d’en savoir plus à son public dans un temps court. Il sert donc avant tout à convaincre ses interlocuteurs de l’attractivité de ce qui est présenté non pas en donnant un maximum de précisions mais en présentant, dans un temps bref, ce qui est nécessaire pour donner l’envie d’aller plus loin. Un pitch est impactant et percutant afin d’accrocher ses interlocuteurs.

Un pitch vidéo permet de se présenter, de présenter (une personne, une activité, un produit, un programme…) et même d’interroger un interlocuteur (l’interview). En adaptant ces quelques consignes à vous, au projet et aux interlocuteurs vous chercherez à :
• Créer du lien avec votre public pour l’accrocher
• Structurer votre présentation ou l’interview
• Donner du sens, faire vivre votre présentation ou interview
• Présenter clairement la problématique
• Proposer votre vision des choses, vos choix
• Présenter ce que vous attendez de votre public
• Entrainer vous au préalable
et tout cela en étant intéressant, charismatique, pertinent, drôle, efficace, performant … avec rapidité, concision et force de persuasion.

Un pitch réussi est un exercice difficile et exigeant.

Problématique

Nous nous intéressons ici aux équipements et techniques audiovisuelles pour la réalisation d’un pitch vidéo que nous limiterons dans le cadre de cet article à la présentation d’un témoignage par un étudiant (nous n’aborderons pas le cas particulier de l’interview). A titre d’illustration nous pouvons imaginer, entre autres sujets, un étudiant qui présente un pitch concernant le suivi de son stage en entreprise.

Quel équipement audiovisuel, quelles applications logicielles et quelles techniques audiovisuelles doivent mettre en œuvre les étudiants pour la réalisation d’un pitch vidéo de présentation de leur stage professionnel ?
Nous traitons cette question selon les trois axes de la prise de vue (fiche 1), du montage vidéo (fiche 2), de la diffusion de la réalisation (fiche 3) et nous limiterons les techniques audiovisuelles au cadre de notre illustration, à chacun de mettre en perspective ces techniques en élargissant le champ des possibles.

La prise de vue

Dans le cadre fédérateur de notre illustration le pitch vidéo de 2 minutes maximum sera idéalement composé de plusieurs plans sonores (discours de l’étudiant) et plans d’illustration montés d’environ 5 à 7 secondes (entreprise, produits, activités, travaux).

Les plans sonores constitueront le fil conducteur du pitch et les plans d’illustration viendront expliciter, complémenter le discours. Dans le premier cas le son est à privilégier et l’image sera prépondérante dans le second cas … ce qui ne signifie pas que l’image et le son ne sont pas à considérer finement dans chacun des cas. Le mixage audio dans les deux types de plans mettra en œuvre une voix, éventuellement une voix off, des sons d’ambiance, une musique de fond.

Avant toute prise de vue il faudra préparer le sujet de la vidéo (angle d’attaque, note d’intention, synopsis, scénario, plan de tournage …) avec notamment le choix et l’organisation des plans d’illustration mais aussi les choix techniques des réglages (ratio, cadence images par seconde, valeurs de plan …), préparer le smartphone (application logicielle, batteries, stockage des rushs …) et les accessoires (pied, micro, lumière …).

  • Les équipements

Nous faisons ici le choix d’un smartphone qu’une écrasante majorité des étudiants possède (98 % de 18-24 ans en 2018) et dont la technologie de l’image a considérablement évoluée dernièrement : résolution 4K, optiques de différentes longueurs focales, options et réglages, intelligence artificielle …

A cet équipement de base, dont la qualité d’image concurrence des équipements professionnels, nous pouvons envisager quelques matériels complémentaires que nous limiterons volontairement ici à la question de la stabilité du smartphone (grip, poignée, cage ou trépied) et à la captation du son (micro-cravate et/ou mini-canon). Ces équipements additionnels, pour un investissement de quelques dizaines d’euros, sont indispensables dans le cas du pitch vidéo de présentation.

D’un point de vue des applications logicielles pour la prise de vue nous pouvons utiliser l’application native du smartphone mais souvent limitée ou des applications à télécharger telle que, par exemple, Open Camera, Filmic Pro ou bien encore Cinema FV-5 qui sont gratuites ou d’un prix très abordable.

  • Le cadrage

Dans le cas des plans sonores le plan est généralement fixe, aucun mouvement du smartphone ni de déplacement du sujet dans le cadre. Le smartphone, de préférence monté sur un pied, est réglé à la hauteur du regard de la personne filmée. Il est possible, afin de rendre les rushs plus dynamiques, de jouer sur des valeurs de plans différentes ainsi que sur des axes de prise de vue différents (angles des axes > 30°).

Dans notre illustration l’étudiant déclare son témoignage en s’adressant aux spectateurs, en l’occurrence son enseignant. Dans ce cas précis le sujet, filmé à hauteur des yeux, peut être centré dans le cadre en équilibrant les espaces qui l’entourent sans laisser un espace trop important au-dessus de sa tête. Le sujet regarde l’objectif du smartphone (et non pas le cameraman) car il s’adresse directement à la personne qui le regarde.

Les règles seront en partie différentes si la vidéo concerne une interview : règle des tiers, espace latéral dans le sens du regard, regard vers l’interviewer.

Pour les plans d’illustration les cadrages peuvent être plus variés sur les valeurs de plans (plans larges, serrés et gros plans) selon le thème des images (entreprise, atelier ou bureau, produit, activité …), sur les mouvements du smartphone (panoramiques, travellings, zoom), sur les déplacements des sujets et sur les axes de prise de vue (normal, plongée, contre-plongée).

  • La lumière et le son

Ces deux aspects fondamentaux de la prise de vue doivent permettre avant tout de voir correctement ce qui est filmé (la lumière) et d’entendre aussi correctement ce qui est dit (le son). Les deux nécessitent une attention particulière pour obtenir des plans sonores et d’illustration de bonne qualité.

La lumière, à considérer tant pour les plans sonores que d’illustration, peut être naturelle ou artificielle, en général une lumière de face (ou selon un angle) suffira à la prise de vue. De manière plus académique l’éclairage en trois sources naturelles et/ou artificielles (A-key, B-fill et C-back light) permettra de travailler plus finement la qualité de prise de vue. Vous pouvez également prévoir un équipement simple de réflexion, d’absorption et d’atténuation de la lumière (murs, plafonds, panneaux, voiles).

Dans notre illustration les plans sonores consistent à filmer l’étudiant dans son discours de présentation de son stage professionnel en portant une attention à la captation de sa voix. Dans ce cas particulier le micro intégré au smartphone ne sera pas la solution optimisée dans la mesure où celui-ci, omnidirectionnel, aura tendance à enregistré les bruits parasites et qu’il nécessitera une position du smartphone très proche de l’étudiant. Nous utiliserons soit un micro-canon court qui a une directivité prononcée vers l’avant et capte des sons à environ 1,5 - 2 m, soit de préférence dans notre cas un micro-cravate équipé d’un fil assez long pour permettre le cadrage choisi.

Les plans d’illustration seront eux sujets à la une captation des sons d’ambiance et dans ce cas-là le micro intégré peut suffire ou le micro canon si des voix sont captées dans le plan.

La postproduction permettra à la demande de mixer l’audio en rajoutant le bruitage, les voix off et les musiques de fond selon les choix du réalisateur.

  • Les raccords entre plans

Notre vidéo est constituée de divers plans sonores et d’illustration qui s’enchainent. Le raccord est cet enchainement entre deux plans qui se suivent et il peut être « cut » (coupe franche sans aucun effet optique) ou avec effets optiques que nous éviterons de préférence. Certains raccords marquent la continuité dans les plans, d’autres une progression narrative à l’instar d’une ponctuation.

Si les raccords se travaillent au montage il est néanmoins indispensable de les prévoir au tournage notamment pour éviter tout faux raccord et permettre au monteur de répondre à la demande en lui fournissant suffisamment d’images exploitables.

Pour les plans sonores et dans le cas probable de coupe durant le discours nous générerons une saute d’image de plan sur plan (jump cut) qui est désagréable à l’œil et qui peut être considérée comme une faute technique. Afin d’éviter cet effet deux techniques simples peuvent être mises en œuvre : un changement net de la valeur de plan (par exemple du plan en pied ou américain ou taille au plan poitrine ou gros plan) ou un changement de l’axe de prise de vue de plus de 30° (règle des 30°) ou un mixte des deux (changements de la valeur de plan et de l’axe de prise de vue).

En fait nous utilisons dans ce cas précis deux raccords qui sont le raccord dans l’axe et le raccord d’angle parmi une typologie plus complète (raccords de regard, dans le mouvement, dans l’axe inverse, de direction entrée/sortie de champ, champ/ contre-champ avec la règle des 180°).

Pour les plans d’illustration qui seront souvent des mini scènes à l’intérieur du pitch vidéo nous utiliserons favorablement la gamme des raccords en prenant soin d’assurer la continuité de la narration et en respectant les règles de prise de vue afin d’éviter tout raccord désagréable à l’œil ou faux raccord.

Après cette première fiche pédagogique consacrée à la prise de vue concernant la réalisation d’un pitch vidéo de présentation nous aborderons le montage vidéo du point de vue des techniques audiovisuelles et des logiciels de montage in situ sur le smartphone ou sur ordinateur.

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