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Les plates-formes de MOOC et assimilées : futures chaperonnes de l’apprentissage en ligne ?

6 février 2018 par Matthieu Cisel Veille 91 visites 0 commentaire

Un article repris de https://numpedago.hypotheses.org/129

Je vous propose aujourd’hui un nouvel extrait de l’article publié dans Education et Formation sur les MOOC et les projets d’apprentissage. Cette fois-ci, l’extrait provient de la discussion de l’article, discussion dans laquelle je parle de l’origine des projets, mais aussi de l’influence des plates-formes de MOOC sur les projets d’apprentissage en général.

Commençons par la question de la dichotomie que nous avons établie entre les projets qui sont ont pris forme suite à la découverte du cours sur France Université Numérique (la plate-forme française de référence), et ceux qui lui préexistaient. Comment expliquer qu’un nombre si élevé de participants suivent le cours dans une logique apparemment opératoire alors même qu’ils n’avaient pas l’intention de se former à la thématique correspondante avant de découvrir la formation dans le catalogue de la plate-forme ?

Le fait que la découverte d’un MOOC constitue souvent le point de départ d’un projet d’apprentissage peut s’interpréter à la lueur de la notion de cadre organisateur (Mocker et Spear 1982 ; Spear et Mocker, 1974 ; Tremblay, 2002), qui nous permet d’appréhender comment un événement arrivant dans l’environnement immédiat de l’apprenant suffit pour déclencher un projet d’apprentissage qui n’avait pas été anticipé en amont. Les chercheurs à l’origine de la notion sont frappés par l’absence de planification qui caractérise une grande partie des projets d’apprentissage, et par le caractère circonstanciel du déclenchement de ces projets. Tremblay (2002, p.150), prolongeant la réflexion de Mocker et Spear (1982), suggère que nombre de projets d’apprentissage naissent d’une forme de hasard : « Les apprenants autodirigés, au lieu de tout planifier de leurs projets d’apprentissage, ont plutôt tendance à choisir parmi à un ensemble de possibilités limitées qui arrivent par hasard dans leur environnement et qui structurent leurs projets d’apprentissage. »

Mocker et Spear (1982) font notamment la distinction entre les apprentissages anticipés, et les apprentissages non anticipés : « Le concept de cadre organisateur est introduit pour définir ces éléments de la vie d’un adulte qui fournissent la motivation, les ressources, les activités, et de manière plus globale une direction à la planification et à la conduite des projets d’apprentissage. ». Parmi les quatre modalités de cadre organisateur identifiées à ce jour, deux sont pertinentes dans le cadre de cette analyse : d’une part la catégorie évènement unique/apprentissage anticipé, et d’autre part la catégorie évènement unique/apprentissage non anticipé. Ainsi, la découverte du MOOC dans un catalogue de cours ou par un autre média peut constituer cet événement unique, et la distinction entre l’existence, ou en l’occurrence la non-existence d’une certaine anticipation des apprentissages correspond à bien des égards à la dichotomie que nous avons constatée dans notre enquête, entre d’une part les projets d’apprentissage qui découlaient de la découverte du MOOC, et ceux qui la précédaient.

Poussons un peu plus loin l’usage de cette notion, pour nous demander si les plates-formes de cours en ligne, dont les plates-formes de MOOC ne sont qu’une instanciation particulière, ne vont pas, à terme, jouer ce rôle de cadre organisateur. En d’autres termes, au fur et à mesure que l’audience de ces plates-formes croîtra, les catalogues et les algorithmes de recommandation qui se basent sur eux pourraient influer de manière considérable sur les choix effectués en termes de conduite des projets d’apprentissage. Une autre conséquence attendue consiste en l’homogénéisation progressive de ces projets par la structuration qu’impose le MOOC, et la massification des audiences inhérente à ces formations, si l’on effectue la comparaison avec des projets d’apprentissage fondés sur des ressources diverses, glanées de manière plus ou moins aléatoire par des apprenants relativement isolés. Au regard de l’importance potentielle des projets d’apprentissage dans les évolutions individuelles, qu’elles soient personnelles ou professionnelles (Tough, 1971), il serait utile à l’avenir de s’intéresser au rôle que jouent les catalogues de cours et leurs éventuels algorithmes sur les apprentissages non formels des internautes, en étendant la réflexion au-delà des seules plates-formes de MOOC qui ont constitué ici le support de notre réflexion.

Voilà, je termine l’article de manière un peu lyrique. Peut-être me suis-je un peu enflammé sur la fin en tenant de grands propos sur l’avenir de l’apprentissage en ligne, mais j’aime bien ce genre d’envolées lyriques. Autant pousser jusqu’au bout l’usage des notions mobilisées dans l’article … En espérant que l’idée aura séduit certains d’entre vous, et que cela vous a donné envie d’aller lire l’article dans son ensemble.

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