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Développement professionnel continu : de quoi parle-t-on ?

11 mars 2018 par jackdub Fiches pédagogiques 595 visites 0 commentaire

Un article repris de https://prodageo.wordpress.com/2018...

Un article de Jacques Dubois repris du site Dane de l’académie de Dijon, un site sous licence CC by sa

Pour prolonger un article précédent qui traite de développement professionnel des enseignants en s’appuyant sur la vidéoformation, nous revenons sur la notion de développement professionnel qui intègre et dépasse la formation continue. Son objectif est de favoriser, soutenir, accompagner les démarches orientées vers l’évolution des pratiques enseignantes, sans forcément les piloter. On est un peu dans la logique de la chrysalide des enseignants pour passer ‘de la chenille au papillon’. C’est dans cette dynamique que l’on peut s’interroger : ‘Comment l’établissement devient formateur ou apprenant ?’ Voici le retour d’une journée autour du développement professionnel animée par F. Muller.

1 – Intéresser ou impliquer ?

En formation on est intéressé, concerné, parfois convoqué mais est-on engagé et impliqué ? Cette question fait référence à la notion d’enrôlement, traduction de l’empowerment anglo-saxon. La différence n’a rien à voir avec le statut mais bien avec la dynamique et l’implication pour reconsidérer ce que l’on est en train de faire : ‘quand je fais une quiche, la poule est concernée en fournissant les oeufs quand le cochon est impliqué en fournissant le lard’.
L’idée fondamentale du développement professionnel est d’impliquer les acteur en soutenant l’échange, la mutualisation, le partage de questionnement et l’analyse réflexive … Cette démarche s’inscrit dans la durée : F. Muller précise qu’il faut compter 3 à 5 ans pour développer les compétences d’une équipe afin d’être autonome dans cette démarche.

2 – Échanger pour mieux cerner le développement professionnel

Après l’introduction de la journée, un worldcafé (ou café du savoir) a permis de s’approprier plusieurs facettes du développement professionnel. Il était articulé autour de 3 questions :

  • Qu’apprenez-vous de votre métier ?
  • Comment apprenez-vous pour améliorer votre pratique ?
  • Qu’est-ce qui ‘marche’ dans votre formation professionnelle ?

Le premier constat est que la difficulté surgit quand on se sent seul dans son métier.
Quelques points saillants ont marqué la restitution des échanges :

  • Adopter une “approche expérimentale” est très formateur. Cela nécessite de s’accorder le droit à l’erreur, de questionner les différents acteurs et de prendre en -* Les échanges entre pairs (proches ou lointains) sont très formateurs et apportent un soutien essentiel. Ils sont d’autant plus riches qu’une relation de confiance est instaurée (écoute, respect, retours positifs et bienveillants…).
    -* Voir et analyser le travail d’autrui permet de faire, en miroir, un travail sur soi-même et ses pratiques.
  • Ce développement se déroule en continu et n’est jamais achevé … Il est vain d’attendre un texte officiel : le changement se déroule maintenant, à mon niveau et avec mes propres moyens.

3 – Qu’est-ce qui change quand ça change ?

Pour analyser le changement dans un établissement ou un réseau d’établissement, F. Muller et R. Normand proposent une grille en 5 points (accessible en ligne ici, diapo 171/258)

 1 Considération positive de l’élève et dimension éthique du métier
 2 Amélioration significative des connaissances et des compétences des élèves
 3 Développement professionnel des enseignants
 4 Changement dans l’organisation du travail
 5 Leadership scolaire et compétence collective

Ces 5 entrées sont inter-reliées ; chacune a un impact sur les autres dimensions ; elles se répondent, s’enrichissent et permettent d’évoluer et de progresser. Il va de soi qu’une telle démarche nécessite un accompagnement : Les enseignants n’ont pas toutes les ressources nécessaires pour s’auto-réguler, ils ont besoin des cadres et régulateurs (formateurs, conseillers, direction, inspection, …).

4 – Quel accompagnement envisager ?

S’ils ont besoin d’accompagnement, les enseignants restent toujours les experts de leurs élèves et de leur situation professionnelle. L’expert extérieur apportera un regard et un questionnement. Cette expertise doit se vivre en proximité, en régularité, à côté des professionnels en liant théorie et pratique.

L’accompagnement doit décentrer et décaler le focus de l’enseignant vers l’activité d’apprentissage. Il nécessite du soutien, de l’aide, de la confiance, de la valorisation dans la durée mais pas d’une évaluation accrue. Le travail sur le développement professionnel est un travail d’explicitation et de formalisation des connaissances et des ressources qui s’intègre dans une logique globale d’organisation apprenante.

5 – Des pistes simples pour avancer

Une première piste évoquée peut être de questionner, en fin d’année, les élèves qui quittent un établissement :

 1 Qu’avez-vous appris dans ce cycle / cet établissement ?
 2 Qu’est ce qui vous a permis de mieux apprendre ?
 3 Qu’est ce qui vous a empêché de bien apprendre ?
 4 Quelles sont les trois améliorations que vous souhaiteriez proposer pour mieux apprendre ? Quel conseil donneriez-vous à vos profs maintenant que vous partez ?

Ce questionnement peut permettre de découvrir le regard que portent ‘experts de l’établissement’ sur son fonctionnement ?

Une autre idée peut être de capitaliser, lors d’un temps de travail collectif (pré-rentrée, conseil pédagogique, …) les 10 bonnes idées qui ont émergé et de les afficher en salle des profs pour les diffuser, se les approprier et les faire avancer. Lors de notre journée, les 10 idées ont émergées :

 1 Se mettre à la place des élèves, découvrir l’ennui, la journée fragmentée, l’évaluation.
 2 Noter les 10 bonnes idées en salle des profs et les partager pour les travailler.
 3 Faire de la cuisine, jardiner, sortir des enseignements ‘académiques’.
 4 Se poser des questions sans réponse ? Être chercheur.
 5 Impliquer, engager.
 6 Donner le choix, être à l’écoute.
 7 Considérer que le conseil est bon quand il est demandé.
 8 Être bienveillant avec soi-même pour l’être avec les autres.
 9 Se perdre, l’important c’est le chemin.
 10 Jouer aux Légo pour créer de l’intelligence collective, laboratoire d’analyse, etc.

Maintenant, libre à vous d’entrer dans cette démarche ! Tous les chemins sont envisageables. Il ne tient qu’à chacun de se lancer, à son niveau pour faire évoluer ses pratiques et dynamiser le collectif.

Bonne route !

Portfolio

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