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Un article repris de http://theconversation.com/dessine-...

Art for the AI generation Art and Artificial Intelligence Laboratory, Rutgers University

Cette chronique se nourrit des recherches et rencontres publiées sur mon site Les cahiers de l’imaginaire.

Qui créera la meilleure œuvre, l’humain ou l’agent d’intelligence artificielle ?

Mes anciens clients chez EDF se rappelleront peut-être de la scène. Pendant un séminaire de leadership, j’ai invité les membres du comité de direction du département de Recherche et Développement à participer à des activités artistiques.

Le directeur d’alors, le regretté Gérard Menjon, semblait terrorisé devant la table à dessin, fusain à la main, ayant peu de temps pour laisser exprimer sa créativité, l’exercice n’était pas facile. Surtout pour un polytechnicien de l’École nationale supérieure des mines, deuxième de sa promotion, un esprit vif et une intelligence fine. Un homme qui aimait bien prendre le temps de la réflexion. Ahhh ! La créativité pour s’exprimer librement requiert une certaine détente, assurément. Et de la spontanéité. Vous le savez bien, les meilleurs artistes n’ont souvent peur de rien, surtout pas du ridicule !

Depuis le début de ma carrière, je collabore avec des scientifiques et des ingénieurs, et je ne cesse de les taquiner avec l’art. Pourquoi ? Parce que l’Art a toujours été un refuge, une source infinie d’inspiration pour moi. Comme Oscar Wilde l’a bien décrit et même vécu dans Le portrait de Dorian Gray, l’art peut inspirer la vie autant que la vie inspire l’art.

Vous l’avez certainement entendu aussi. S’il y a une chose que les robots de ne pourront jamais aussi bien faire que nous, les humains, c’est justement l’art. L’humain est fait pour créer et inventer ! L’Art est son territoire. La créativité son domaine.

Mais qu’est-ce que l’art ? Il s’agit d’une question difficile. Elle l’est plus encore lorsque l’on tente de définir l’art moderne.

Catherine Millet – critique d’art – définit l’art moderne de la manière la plus inclusive qui soit, c’est-à-dire, comme l’art qui se fait, qui est en train de se faire.

Deux aspects sont à distinguer : l’art du point de vue de l’artiste, le volet créatif ; et l’art du point de vue du spectateur, le volet perceptuel. Il n’y a pas d’art sans ce tandem.

Du point de vue perceptuel, des règles, non écrites et la plupart du temps inconscientes, déterminent ce qui, aux yeux du spectateur, est considéré comme étant de l’art.

Marian Mazzone, historienne de l’art et des chercheurs de l’université Rutgers au New Jersey, de Facebook ainsi que du AI lab de California ont récemment mené des expériences intéressantes.

Au sein d’un système d’intelligence artificielle, deux réseaux neuronaux s’affrontent. Le premier génère une solution picturale. Le second joue le rôle du critique. Les deux interagissent et modifient l’œuvre jusqu’à l’obtention d’un résultat satisfaisant.

Le système analyse d’abord un très grand nombre d’œuvres (des toiles, des images photographiques). Il classifie ces images selon les réponses données aux questions suivantes :

S’agit-il d’une œuvre d’art ?

Si oui, à quel style appartient-elle (cubisme, impressionnisme…) ?

Ensuite, des algorithmes sont développés pour que le système, de lui-même, génère des images artistiques qui soient à la fois créatives et innovantes, attractives et esthétiques.

Une fois un prototype développé, le système a été mis à l’épreuve. Les œuvres produites par le système d’intelligence artificielle ont été soumises à l’appréciation d’un certain nombre de participants.

Surprise, surprise ! Les œuvres produites par le système ont été jugées plus « artistiques » que celles produites par des humains en se basant sur différents paramètres qui sont habituellement apparentés au caractère artistique d’une œuvre (complexité, caractère novateur, puissance d’évocation).

Personnellement, je n’ai qu’un souhait : que nous ne devenions pas des paresseux de la création ! Une fois, ses peurs dépassés, créer est une des activités qui rend le plus heureux. J’espère que les habilités des robots et de l’intelligence artificielle vont nous mettre au défi d’être encore plus créatifs. Cela a déjà commencé dans une future chronique, je vous parlerai d’œuvres que j’ai expérimentées qui m’ont laissé bouche bée. Une nouvelle porte s’ouvre avec la réalité virtuelle et la réalité augmentée.

Je suis curieuse de lire vos commentaires. Qu’est-ce que l’art pour vous ? Craignez-vous que les agents intelligents soient plus doués que nous en s’inspirant de tout ce que les humains ont créé jusqu’à ce jour ? Ou au contraire, qu’ils nous stimuleront à inventer de nouvelles formes d’art ? À devenir encore plus créatifs ?


The Conversation

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