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Les communs urbains comme formes renouvelées de la participation : Le cas des tiers-lieux culturels

Un article repris de http://journals.openedition.org/rfs...

Cet article traite de l’émergence de l’agir en commun dans les tiers lieux culturels comme formes renouvelées de participation citoyenne dans la fabrication urbaine Ces espaces, ancrés dans une critique des modèles urbains néolibéraux, se présentent comme des laboratoires d’expérimentation de dynamiques coopératives originales avec un fort ancrage dans l’économie sociale et solidaire.

Maud Pelissier, Émilie Pamart et Magkou Matina, « Les communs urbains comme formes renouvelées de la participation : Le cas des tiers-lieux culturels », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 30 | 2025, mis en ligne le 28 octobre 2025, consulté le 11 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/rfsic/17085 ; DOI : https://doi.org/10.4000/154e9

Les formes prises par la participation à la fabrication de la ville, comme processus social, se développent dans un contexte contemporain de crise de légitimité politique et de la représentation. Les travaux académiques sur les dynamiques participatives en démocratie sont très nombreux (Piponnier, Ségur, 2022) et traduisent des recherches qui se manifestent dans de multiples directions « dont chaque petit bourgeonnement constitue un foyer d’innovation potentiel » (Blondiaux et Fourniau, 2011). Maryse Bresson (2014) rappelle que si cette notion de participation est rattachée, depuis l’origine, à l’idée de démocratie participative, elle a évolué au fil du temps dans les emplois qui lui sont associés. Incarnant dans les années 70 en France des « luttes urbaines », sous la forme de mouvements sociaux spontanés issus de la base, elle est associée à l’idée d’empowerment individuel à partir des années 2000 (2014, 64).

La question de la participation trouve aujourd’hui un nouveau foyer de mise en action au travers du « mouvement » militant des communs qui a pris un essor considérable sur la dernière décennie. Ce renouveau des communs (Coriat, 2015) s’est traduit par une circulation particulièrement intense de cette notion hors de son champ d’origine (les ressources naturelles) et au-delà des frontières académiques (en référence à l’approche pionnière de l’économiste Elinor Ostrom). Il a contribué à nourrir de nouveaux imaginaires sociaux pour forger des alternatives tangibles à l’extension de l’idéologie propriétaire (reposant sur une conception de droits exclusifs) accompagnant le développement du capitalisme contemporain. Il s’est imposé, peu à peu, comme l’étendard de différents mouvements sociaux portés par des collectifs de commoners [1]. En effet, l’existence d’un commun ne prend forme que par des processus d’énonciation associés à des pratiques dites de commoning, d’agir en commun : « un commun se constitue lorsque des personnes s’engagent dans des pratiques sociales de commoning, lorsqu’elles instituent une gouvernance par les pairs et développent des formes collaboratives d’approvisionnement dans l’usage d’une ressource » (Bollier, Helfrich, 2023, p. 98).

Cet agir en commun se manifeste, en particulier, dans des territoires urbains (au sens de construit socio-spatial et temporel, Paquot, 2021). Il désigne des initiatives citoyennes proposant des modes de gestion en partage de « ressources » matérielles et immatérielles dans des domaines très variés : l’habitat, la mobilité, l’alimentation, l’emploi, l’énergie, le territoire, la gestion des déchets et de l’eau, la technologie, les arts et la culture. Il incarne aussi une « volonté de renouveler la participation citoyenne par une prise de distance avec les cadres institués de la vie politique traditionnelle » (Brossaud, Fiory, Simmay, 2019, p. 2). Ces formes multiples d’agir en commun instaurent de nouveaux modèles et expérimentationsde la fabrication urbaine (Khainar, 2021). Ils sont envisagés comme une alternative à un modèle d’urbanisation néolibéral où la fabrique de la ville est progressivement abandonnée aux mains du marché, avec souvent la « complicité » des acteurs publics (Pinson, 2020).

Le champ culturel et artistique est un domaine propice au déploiement de cet agir en commun (Nicolas-Le Strat, 2016) dans l’environnement numérique (Pélissier, 2021) comme à l’échelle du territoire (Pélissier, Magkou, 2024). Ces dynamiques singulières prennent forme en marge du paradigme dominant de la ville créative, caractérisée par l’extension de la logique marchande à toutes les dimensions de la sphère artistique et culturelle (Grésillon, 2021). Ces dernières années, les notions d’agir en commun et de commun urbain ont été mobilisées en Italie comme une forme émergente de participation citoyenne, prenant la forme d’un mouvement de résistance urbaine à travers l’occupation d’espaces culturels menacés de privatisation. Dans un contexte où le secteur culturel était perçu comme très élitiste – accessible à une minorité d’artistes – et fragilisé par des coupes budgétaires drastiques imposées par les pouvoirs publics (Festa, 2016 ; Borchi, 2018, 2020 ; De Tullio, 2020), occupations, comme celles du Teatro Valle et du Nuovo Cinema Palazzo à Rome ou de l’Ex Asilo Filangieri à Naples, ont constitué des exemples emblématiques de mise en œuvre de pratiques d’agir collectif urbain. Ce type de participation rejoint l’approche de Dardot et Laval où l’agir en commun, le commoning, est un processus social et démocratique de délibération et de participation conduisant à l’émergence de nouvelles pratiques urbaines visant à l’usage commun et non l’appropriation (Dardot et Laval, 2019).

Dans cet article, nous proposons de caractériser les formes d’agir en commun qui se déploient dans le contexte des tiers lieux en France, et plus spécifiquement des tiers lieux culturels (Aroufoune et al., 2024 ; Galli et al., 2024), comme formes originales de fabrication urbaine. Dans un premier temps, nous proposons un cadrage théorique mettant en lumière les formes d’agir en commun dans les tiers-lieux, en soulignant leur volonté de réancrer les principes de l’ESS dans les territoires, à la lumière de la pensée des communs. Dans un second temps, à partir de trois études de cas de tiers-lieux culturels, nous analysons la singularité de ces formes d’agir en commun.

L’agir en commun dans les tiers lieux : quelles formes de participation ?

Les tiers lieux ont connu un essor important ces deux dernières décennies, favorisé par les pouvoirs publics, qui les considèrent comme des acteurs clés de la cohésion et du développement territorial (Levy-Waitz, Dupont, Seillier, 2018, Waitz, 2018, France Tiers-Lieux, 2021). Nous définissons les tiers lieux, au sens d’Antoine Burret (2017), comme des configurations sociales originales reposant sur des agencements singuliers regroupant des mondes distincts, constitués d’individus et de collectifs, qui mènent une ou des activités de co -conception selon des logiques de faire ensemble. Ces entités n’ont pas de lien de subordination, elles interagissent autour de projets construits collectivement sur la base de discussions et de négociations portant sur les termes et les modalités de leur engagement conjoint. Ainsi, ce n’est pas la nature de l’activité d’un tiers-lieu qui en constitue son identité, c’est « son agencement qui compte « (Burret, 2017, 117).

La pensée des communs s’est propagée dans l’univers des tiers lieux par l’intermédiaire de collectifs militants, tels l’Assemblée des communs, ou bien encore le mouvement TILIOS [2], qui ont participé aux rencontres organisées ou co financées en particulier par France Tiers-Lieux [3] et l’Agence nationale de la cohésion territoriale (ANCT). On peut citer les Rencontres nationales organisées à Metz en 2022 où ont été abordés des thématiques de gouvernance partagée ou de propriété collective directement reliés à la question des communs. France Tiers-Lieux a fortement contribué à légitimer cette proximité en affirmant que les communs sont « l’horizon politique des tiers lieux » [4] L’année suivante, s’est aussi déroulée la rencontre « tiers lieux pour l’Europe, de l’initiative citoyenne aux politiques publiques » où une table ronde a été organisée sur le thème « les communs, moteurs des tiers lieux ? ». Cependant, à ce stade, il serait faux de dire que tous les tiers lieux ne se sont pas approprié le registre des communs.

Enfin, la pensée des communs s’est propagée par l’entremise de figures intellectuelles issues de l’économie sociale et solidaire (ESS) à l’instar d’Hervé Defalvard et de Geneviève Fontaine qui, en tant que chercheurs « embarqués », ont contribué à montrer comment l’approche ostromienne des communs permettait de renouveler les fondements de l’ESS. Selon eux, les tiers lieux sont porteurs de nouveaux imaginaires sociaux, [5] propices à l’émergence de nouvelles formes de communs à l’échelle de la ville et de son territoire. Leurs apports théoriques et leur mise en pratique dans le cadre de la gestion du tiers lieu Sainte Marthe, sont reconnus par France Tiers-Lieux qui en fait un modèle de référence.

Dans cette première partie, nous proposons de mobiliser leur approche pour montrer comment la configuration sociale en tiers lieu est propice à l’émergence de nouvelles formes de participation citoyenne. Deux facettes complémentaires de cet agir en commun vont être mises en évidence.

Des dynamiques participatives instituantes en faveur du développement durable à l’échelle du territoire

Leur approche prend comme point de départ la définition des communs proposée par Ostrom reprise en ces termes :

les communs sont des ensembles de ressources collectivement gouvernées, au moyen d’une structure de gouvernance assurant une distribution de droits entre les partenaires participant au commun (commoneurs) et visant à l’exploitation ordonnée de la ressource, permettant sa reproduction sur le long terme (Fontaine, 2017, p. 2).

L’approche des communs d’Ostrom offre l’opportunité de construire un autre récit fondateur pour la coopération territoriale reposant sur des formes originales d’agir en commun. L’enjeu des communs est avant tout politique. Il contribue à initier une autre vision du vivre ensemble où la sphère économique doit être « centrée sur les besoins des êtres vivants », « réencastrée dans la société et la société elle-même comme (ré) encastrée dans la biosphère » (Fontaine, et Chemla, 2022, p. 9). Les communs contribuent à l’activation d’une solidarité démocratique, permettant « la conversion démocratique de ressources sociales dotées de droits universels en des libertés réelles pour les individus « (Defalvard, 2017, p. 46). Ils offrent l’opportunité de mise en œuvre des capacités [6] de chaque individu à participer activement à la société (Fontaine, 2019, p. 408). En s’impliquant dans la gestion des ressources partagées, les habitants deviennent co-constructeurs de leur territoire.

Le territoire est l’échelle d’opérationnalisation de l’agir en commun. Cela se concrétise dans différents champs que Defalvard définit comme des communs sociaux orientés vers une finalité de développement durable du territoire, englobant prioritairement les champs suivants : la santé, de l’emploi ou de la culture. Il n’y a pas un modèle type de commun réplicable d’un territoire à un autre. L’enjeu est que les différentes parties prenantes s’entendent sur « le sens d’une action commune » (2023, p. 16) en fonction des singularités du territoire d’inscription. Ces communs sont issus de dynamiques collectives instituantes multipartenariales (Fontaine, 2019, p. 253), au sens de processus sociaux où des commoners mettent en commun des ressources, définissent des règles délimitant leurs usages (en termes de droits et d’obligations) et prennent en charge leur usage pour les habitants de leur territoire.

Une formalisation de l’agir en commun par des agencements coopératifs

Cet agir en commun prend forme au travers d’agencements coopératifs se présentant comme des dynamiques de coopération inter organisationnelles relevant du champ de l’ESS. Les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) [7] mais aussi les sociétés coopératives d’intérêt général (SCIC) auxquelles sont rattachés juridiquement un certain nombre de tiers lieux, constituent des foyers propices au développement de ces dynamiques collectives instituantes multi-partenariales (Defalvard, Fontaine, 2017 ; Fontaine, 2019). Ouvert au multi sociétariat et à des tiers non sociétaires, la SCIC permet d’envisager le territoire comme le « référentiel de l’intérêt collectif porté par ses membres hétérogènes » (Defalvard, 2023, p. 174). Ainsi, l’agir en commun s’accompagne de la construction d’une aspiration sociale à la transformation sociale. Celle-ci est fondée, d’un point de vue procédural, sur une délibération à propos des ressources en partage entre des acteurs hétérogènes qui vont devoir « dépasser la construction d’un intérêt mutuel pour aller vers un intérêt général localisé » (Fontaine, 2021, p. 4)

Le tiers lieu Sainte Marthe à Grasse, porté par la coopérative TETRIS et l’association Evaléco, illustre de façon exemplaire une démarche de communs territoriaux. Installée dans un ancien couvent de 10 000 m² mis à disposition par une communauté ecclésiastique via un prêt d’usage, la SCIC créée 2015 y développe des activités liées à la transition écologique : fablab, infolab, coworking, ferme urbaine connectée, réemploi, médiation numérique, etc. Ouvert aux habitants, le lieu est régi par un « coutumier » relatant ses pratiques et usages (Juristes Embarqués, 2021, p. 67).

L’agir en commun : un enjeu de gouvernance territoriale partenariale

D’un point de vue plus opérationnel, la question de l’agir en commun au sein des tiers lieux se pose aussi en termes de gouvernance territoriale, entendue au sens des conditions externes favorisant ces dynamiques collectives à l’échelle du territoire.

Pour que les dynamiques d’agir en commun puissent s’épanouir à l’échelle du territoire il faut que les formes institutionnelles qui en résultent puissent être acceptées et soutenues par l’acteur public selon une posture de partenariat. Geneviève Fontaine fait mention des travaux d’Ostrom pour qui les pouvoirs publics ont un rôle fondamental à jouer dans le déploiement des communs à un double niveau : en amont, en définissant des règles extérieures favorisant les prédispositions individuelles et collectives à la coopération, l’autonomie et la responsabilité des communauté dans leur capacité à définir des règles ; en aval en légitimant et en sécurisant les arrangements institutionnels construits par les commoners à l’échelle locale (Fontaine, 2017, p. 12). Le premier défi qui se pose est que les pouvoirs publics légitiment une conception de propriété partagée sur des ressources ayant une fonction d’utilité sociale. Comme dans le cas italien, il n’existe pas dans la législation française de statut reconnaissant cette conception tierce de la propriété (Magkou, Borchi, Pélissier, 2025).

Geneviève Fontaine ajoute aussi la nécessité d’adopter une posture partenariale « en se considérant comme une partie prenante à part entière de ces dynamiques instituantes multi-acteurs » (2017, p. 15). Être sociétaire d’une SCIC pour les pouvoirs publics en constitue une des possibilités opérationnelles. Elle mentionne l’importance de la création d’un « espace public de proximité » où l’acteur public favorise l’émergence avec les acteurs du territoire d’espaces de rencontre, de dialogue et de co construction de plans d’action de la politique publique. Cela a été particulièrement le cas pour la coopérative TETRIS où « dès 2011, la communauté d’agglomération, Pays de Grasse, a pris la décision politique de développer une économie plurielle, incluant fortement l’ESSet qui s’est traduite par la signature d’un contrat local de développement de l’ESS avec le Conseil régional Paca dans le cadre de la politique régionale de soutien à l’ESS » (2017, p. 24).

Objet de recherche, terrains et méthodologie

Dans cette seconde partie, nous prolongeons l’analyse des formes de participation propres aux communs dans l’univers des tiers lieux dits culturels à partir d’une analyse comparative de trois études de cas, issues d’études de terrain que nous allons évoquer après avoir identifié plus clairement ce que désigne l’appellation tiers lieux culturels.

Définition de l’objet de recherche : les tiers lieux culturels

Vincent Guillon, définit de façon très générale, les tiers lieux culturels comme « des espaces hybrides et ouverts de partage des savoirs et des cultures, qui placent l’usager (le visiteur, le lecteur, l’étudiant, le spectateur…) au cœur des processus d’apprentissage, de production et de diffusion des cultures et des connaissances » [8]. Les critiques à l’égard du terme qui recouvre indéniablement des réalités encore très hétérogènes sont réelles (Idelon, 2018 ; Magkou, Pélissier, Pamart, 2025) et ne doivent pas être sous-estimées. Dans des travaux précédents, nous avons identifié deux marqueurs identitaires forts et discriminants permettant de mieux comprendre la réalité polymorphe des tiers lieux culturels (Magkou, Pamart, Pélissier, 2025 ; Pamart, Renucci, Pélissier, 2025) en les situant au carrefour de deux réalités distinctes : les tiers lieux et les lieux culturels intermédiaires.

En référence à la définition de Burret, nous considérons que les tiers lieux culturels sont des configurations sociales prenant la forme d’agencements regroupant des mondes hétérogènes participant collectivement à la vie du tiers lieu dans des activités de co conception et par un partage de leurs savoirs et savoir-faire : artistes, professionnels et amateurs, associations culturelles, habitants, étudiants, écoles, etc. Nombre de tiers lieux culturels se retrouvent aussi dans les valeurs et les modes d’agir culturels de la catégorie des « lieux intermédiaires », définis comme « des espaces-projets à forte dimension artistique, initiés par des acteurs de la société civile et qui poursuivent des buts premiers autres que lucratifs, sans pour autant relever des institutions culturelles » (Henry, 2022, p. 1). Ces derniers revendiquent une posture de renouvellement d’une vision de l’art et de la culture et une nouvelle façon de le faire et de l’expérimenter. S’ils ne prétendent pas incarner un mouvement de contre-culture aussi marqué que les friches et squats d’hier, ils accordent une importance à la collaboration horizontale, aux pratiques hybrides et retiennent une conception élargie de la culture. Regroupés dans la Coordination nationale des lieux intermédiaires et indépendants depuis 2014, ils ont revendiqué, lors de leur troisième Forum en 2019 [9]. leur proximité avec le mouvement des communs. Ils ont souhaité aussi se rapprocher du mouvement des tiers lieux en s’identifiant explicitement comme une catégorie à part entière des tiers lieux culturels dans la cartographie proposée par France Tiers-lieux. [10]

Description du terrain de recherche

C’est au travers de projets de recherche financés [11] que nous avons débuté notre recherche sur le thème des tiers lieux culturels. Avant de les décrire, nous souhaitons apporter quelques précisions utiles. Parmi ceux enquêtés, notre attention se porte en particulier sur trois d’entre eux. Aucun ne se désigne explicitement comme un commun en tant que tel. Ils ne sont pas issus, comme dans le cas italien, de mouvements d’occupation en réaction à une politique publique visant à privatiser des lieux urbains. Ils ne revendiquent pas, comme dans le cas de la coopérative TETRIS gérant le tiers lieu Sainte Marthe, d’être un laboratoire d’expérimentation des communs à l’échelle du territoire. Le contexte de leur émergence est donc complètement différent. Ils n’appartiennent pas non plus à la coordination nationale des lieux intermédiaires et indépendants se positionnant dans une filiation explicite avec le mouvement des communs. Pour autant, ils nous sont apparus comme dignes d’intérêt en raison de l’importance de la dimension participative des projets culturels autour de ressources mises en partage et de leur ancrage dans l’ESS. Nous les avons choisis aussi parce qu’ils se trouvent localisés sur le même territoire avignonnais, deux étant situés en zone urbaine et l’un en périphérie dans une ville voisine à caractère rural.

L’Éveilleur a été créé en 2023. Il est situé dans une ancienne usine de carrelage à Avignon. Il se désigne explicitement comme un tiers lieu culturel « engagé, aux mille possibilités, pour une pratique partagée des arts et des cultures » avec comme objectif « d’agir collectivement pour les transitions » (descriptif du projet sur leur site web).

LaScierie a été créée en 2018. Elle est localisée dans un ancien entrepôt industriel de charpente. Elle se présente comme un tiers lieu décrit comme « un lieu de vie » axé sur la culture, l’écologie et l’ESS. Il propose une programmation artistique, des événements socio-culturels, des espaces partagés, des temps de pratiques et d’apprentissage, de pairs à pairs, auprès de différents publics (descriptif du projet sur leur site web).

Akwaba a été créé en 2001 comme une scène artistique de musiques actuelles de la région Sud. Elle est située en périphérie de la ville de Châteauneuf de Gadagne sur le territoire de la Communauté des communes du Pays des Sorgues et Monts de Vaucluse. L’adoption de l’appellation tiers lieu culturel est récente (début 2020) : « Akwaba est avant un tiers lieu culturel, un modèle solidaire et coopératif, qui soutient la créativité, la culture, les échanges et les rencontres » (descriptif du projet sur leur site web).

La démarche d’enquête entreprise sur le terrain est de nature qualitative. Elle s’est organisée autour de trois sources de données produites, collectées et extraites de manière systématique sur tous les terrains avec un focus particulier porté sur les récits (le dire) et les actions (le faire) menées par les acteurs des tiers lieux culturels approchés. Notre étude s’appuie principalement sur une série d’entretiens semi-directifs réalisés avec les responsables et des gérants et gérantes de ces lieux. Nous avons aussi mobilisé des sources documentaires secondaires : des documents de communication (du type site web), des documents institutionnels (réponses à des appels à projet) et juridiques (statuts). Nous avons aussi organisé un focus group avec les représentants des tiers lieux culturels étudiés au sein de LaScierie (juillet 2023).

Résultats et discussion

La formalisation de l’agir en commun culturel

Les tiers lieux culturels étudiés s’organisent selon des montages relativement similaires pour gérer des ressources matérielles et immatérielles, mises en partage par un ensemble de commoners, participants à la vie collective du lieu, à l’échelle de leur territoire. L’agir en commun est rendu possible grâce à la mise en place d’un consortium [12], prenant la forme d’un regroupement de plusieurs structures relevant majoritairement de l’ESS, de statut coopératif ou associatif. Ce mode de regroupement est le moyen organisationnel et infrastructurel par lequel les ressources partagées deviennent accessibles sachant que les ressources ne sont pas par nature « immédiatement ou spontanément communes » (Hardt, Negri, 2013, p. 119). Le degré de structuration de ces consortiums autour d’une gouvernance collégiale et de règles définissant les conditions de cet agir en commun présentent des différences d’un tiers lieu culturel à l’autre comme nous allons tenter de le démontrer.

Akwaba est un consortium composé de trois structures associatives (Freesson, Musical’isle et Natura’live), relevant du champ artistique et culturel, et de la coopérative culturelle Akwaba, SCIC depuis 2005 qui assure la gestion juridique du tiers lieu culturel qui porte le même nom. Elle gère également le lieu physique dont la propriété peut être considérée comme une occupation en commun du domaine public prenant la forme d’une convention d’occupation temporaire avec la communauté de commune du territoire. La gouvernance du lieu est de nature collégiale :

au sein des organes de gouvernance de chacune des 4 structures, deux personnes seront mandatées pour les représenter au sein du consortium. Le comité du consortium se réunira 1 à 2 fois par mois pour gérer le projet. Les décisions sont prises par consentement, sur le principe 1 structure = 1 voix. (Source : réponse à l’appel à projet Fabrique de Territoire, 2019)

Il n’existe ni charte ni autre document produit par la gouvernance de ce consortium qui décrirait de façon explicite les règles d’usage (en termes de droit et d’obligation) autour des ressources partagées mises à disposition pour les projets collaboratifs. Mais les membres du consortium se connaissent depuis longtemps et entretiennent des liens affinitaires et de confiance réciproques depuis de nombreuses années qui favorisent le fonctionnement de la gouvernance collégiale. On peut se demander si cela sera encore le cas lorsque des habitants seront intégrés à la gouvernance comme cela est leur souhait. De ce point de vue là, on va voir que l’Éveilleur a déjà mis en place des propositions innovantes.

L’Éveilleur est un tiers lieu culturel qui se présente aussi sous la forme d’un consortium de différentes structures relevant du champ de l’ESS. Le lieu physique est géré par une SCOP (société coopérative et participative) dont les deux sociétaires salariées en sont copropriétaires. La prise de décision est collégiale. Quatre structures de l’ESS qui se dénomment les éveilleurs font partie du tiers lieu culturel : Ikigai prod, dédié à l’accompagnement des structures de production du spectacle vivant et association de spectacles amateurs dans la transition écologique, Cultures du cœur, dédiée à l’inclusion sociale en favorisant l’accès aux pratiques culturelles, sportives et de loisirs des personnes plus plus démunis, et deux ressourceries, créative et végétale, Les petites choses et Pilea project. L’ancrage sur le quartier Saint-Ruf et leurs habitants est une dimension très forte de leur projet :

Notre projet est de procéder à une véritable expérimentation de projet participatifs et citoyens avec les habitants et habitantes de l’intra-muros et de l’extra-muros de la ville d’Avignon, et ainsi inclure les citoyens et citoyennes des quartiers alentour, le réseau associatif, les conseils de quartier et conseils citoyens à chaque étape de la construction des projets du lieu dans lequel l’association va prendre place, puis tout au long de la vie du lieu. (entretien, co sociétaires gérantes, 24 avril 2023).

Tel est le principe de ce projet coopératif qui structure et anime l’activité du tiers lieu culturel par l’instauration d’un comité de programmation participatif au sein duquel la prise de décision se fait par consentement [13] :

Cette forme de gouvernance encourage la participation active et l’engagement de tous les membres. La prise de décision par consentement vise à s’assurer qu’aucun membre ne s’oppose activement à une proposition, les membres peuvent exprimer leurs objections et préoccupations et le groupe travaille ensemble pour les résoudre ou adapter la proposition en conséquence. La transparence et la communication ouverte sont essentielles ; les membres doivent être informés des sujets à l’ordre du jour à l’avance et les discussions doivent être documentées pour permettre la traçabilité des décisions. (Source : document de réponse à l’APP Terre de Culture, 2025)

LaScierie, est aussi structuré par un consortium informel de différentes structures ancrées dans l’ESS : trois associations culturelles, dont Le Quai qui a en charge l’animation du lieu, des structures relevant de l’ESS, une société coopérative d’auto-partage, une SCOP Biotope, et enfin une entreprise sous la forme d’une SCI, propriétaire du lieu qui a en charge le développement d’un projet innovant de datacenter « vert ». En revanche, elle n’a pas adopté une structure de gouvernance collégiale, chaque entité gardant une forte autonomie dans leurs projets respectifs.

Les formes prises par l’agir en commun culturel

Dans les lieux étudiés, les dynamiques participatives ont un ancrage territorial fort qui se manifestent souvent à l’échelle infra urbaine de leur quartier. Elles traduisent une volonté de mettre en œuvre des projets collaboratifs et participatifs, avec et pour les acteurs de leur quartier, de leur ville et de leur territoire. Les données de terrain nous permettent d’affirmer que ces tiers lieux culturels constituent des laboratoires d’expérimentation de la fabrication urbaine autour de deux enjeux : la transition écologique et la mise en œuvre des droits culturels.

L’enjeu écologique est au cœur de l’ADN de la Scierie avec un projet innovant et ambitieux, H2Digital, qui est le tout premier data center de proximité, alimenté avec de l’hydrogène vert (devant être opérationnel en 2027) :

Le tout début de l’incubation de ce projet vient en fait de l’un des porteurs du projet qui a assisté en 2015 à la COP 21 sur la question des transitions énergétiques. (…) Les briques importantes du projet ont commencé à émerger à ce moment-là, notamment avec la question de la transition énergétique du numérique. (responsable de la programmation, le Quai LaScierie, focus group, 4 juillet 2023)

Ce projet a une dimension territoriale forte puisqu’il a vocation à être utilisé par les acteurs de la filière ICC spécialisé dans le cinéma d’animation et le jeu vidéo (industrie et formation) [14], de la ville d’Avignon. Il se déploie aussi dans une optique coopérative puisque, réunis en consortium, ces acteurs ont d’ailleurs développé ensemble une réponse à l’appel à projet Alternatives Vertes du ministère de la Culture. [15]

L’Éveilleur a aussi été imaginé, dès son origine, comme un lieu de vie, un écosystème dédié aux transitions socio-écologiques (un « éco lieu artistique et culturel »). Comme l’explique l’une des co-gérantes de L’Éveilleur, « le projet est parti d’une envie de travailler sur la transition écologique et sociale du secteur culturel » (Co gérante, L’Éveilleur Focus group, 4 juillet 2023). Ainsi, à peine le lieu acheté, les gérantes de la SCOP ont initié un projet important de décarbonation du bâtiment (une ancienne fabrication de carrelage) avec l’engagement et le financement participatif de bénévoles et usagers du lieu [16] :

Notre raison d’être commune ? Agir pour les transitions en mettant à disposition des espaces pour que chacune et chacun puissent se former, partager, consommer différemment et surtout… proposer ! (Texte de présentation pour l’appel à participation, Hello Asso)

L’Éveilleur agit à l’échelle du quartier Saint-Ruf pour favoriser le vivre-ensemble, en répondant aux besoins locaux de co-construction culturelle exprimés par les habitants via leur comité de programmation participatif qui pour mission de réfléchir, chaque année, à une thématique autour de l’éco responsabilité et de sélectionner des propositions d’artistes accueillis sur le lieu. Ce tiers lieu culturel retient une conception de l’agir en commun culturel qui s’inscrit dans le registre des droits culturels, expression explicitement mobilisée et décrite sous cette forme :

Dans un esprit citoyen et dans la volonté de rendre les habitantes et habitants du quartier de Saint-Ruf et de la ville d’Avignon acteurs de la vie culturelle de leur lieu, le comité de programmation est devenu une voie d’accessibilité et d’ouverture pour toutes et tous, une voie de participation et d’application de leurs droits culturels. En travaillant collectivement en relation étroite avec l’équipe de l’éveilleur, les membres du comité contribuent depuis à la construction d’un projet culturel d’intérêt général et au développement d’une programmation artistique liée aux problématiques actuelles des habitants et habitantes. (Document : réponse à l’appel à projet, terre de culture, 2025)

Au sein du tiers lieu culturel Akwaba, les projets culturels sont aussi envisagés selon une logique participative :

Parmi les nombreux événements proposés à Akwaba, les sociétaires ou les usagers du lieu contribuent en grande partie à la programmation. Cette dernière prend différentes formes : concerts, guinguettes, rassemblements de food trucks, expositions, live sessions participatives, projections-débats, journées thématiques, marchés de créateurs et producteurs locaux, rendez-vous professionnels, séminaires d’entreprises, etc. (Source : document appel à projet, fabrique de territoire, 2019)

Plus récemment, la mobilisation du registre des droits culturels est aussi présente dans le projet et les actions d’Akwaba. Ce positionnement est explicitement décrit dans la réponse à appel à projet Fabrique de territoire :

Akwaba est au service du développement local de leur territoire par la mise en œuvre des droits culturels et le renforcement des services culturels aux populations au sein du département (Extrait 1)

Pour LaScierie, le registre des droits culturels n’est pas mobilisé explicitement. De la même façon, les projets du lieu ne sont pas conçus de façon collégiale, que cela soit au niveau du consortium ou plus directement au niveau d’un comité de programmation comme pour l’Éveilleur. C’est l’association Le Quai qui a en charge l’animation du lieu qui programme tout un ensemble d’événements culturels. Néanmoins, il est à noter que les projets développés attestent d’une conception élargie de la culture et très inclusive au niveau du territoire (par exemple : festival queer, panier solidaire, loto avec les associations des quartiers nord QPV de la ville…).

Ce lien étroit établi entre les dynamiques participatives collectives au sein des tiers lieux culturels et les droits culturels constitue une illustration supplémentaire du lien étroit qui avait déjà été souligné entre commun et droit culturel par Irène Favero dans l’ouvrage La culture en commun (2017). La mobilisation de la notion de commun dans le champ culturel incarne bien plus que des dynamiques participatives citoyennes autour d’un objectif commun et d’une volonté de faire ensemble. Elle permet de garantir la dignité des personnes et plus largement les droits culturels tels que définis par la Déclaration de Fribourg : « la pratique des communs démontre au quotidien que ce qui mobilise la communauté est avant tout une volonté relevant de l’envie de faire commun pour affirmer la dignité des personnes qui la constituent » (2017, p. 34). Dans une telle perspective, les faisceaux de droits associés au commun ne portent pas seulement sur des droits d’accès à une ressource. Ils incluent aussi le « droit à se reconnaître dans une communauté ouverte et apprenante qui, dans l’acte de soin qu’elle apporte à ce bien, prend conscience d’elle-même. Le bâtiment occupé par des commoners devient « le lieu où les capacités des personnes se développent dans l’échange des savoirs et dans le faire ensemble ; le lieu où l’on met en place des modes de gouvernance qui permettent à chacun de s’exprimer librement, de participer aux prises de décision et à l’enrichissement de la ressource » (2017, p. 32). Rappelons aussi que pour Réjane Sourrisseau et Cécile Offroy (2022), cette approche anthropologique de la culture, inhérente à l’approche des droits culturels, induit progressivement l’émergence d’un nouveau paradigme culturel véhiculé par les projets artistiques participatifs, qui remet en question la vision normative et légitimiste de la culture, la sacralisation du « vrai » artiste et la logique d’accès à la culture réduite à des actes de consommation culturelle. Sans considérer la culture dans une approche instrumentale (à l’instar des mouvements d’éducation populaire).

Des modes de gouvernance territoriale à géométrie variable

Le dernier volet de notre étude porte sur la question de reconnaissance et la légitimité accordées aux tiers lieux culturels (urbains ou de territoire) par la puissance publique. Ce processus d’institutionnalisation se concrétise par des stratégies de légitimation de ces formes d’agir en commun selon des voies diverses selon le rapport des Juristes Embarqués. Deux cas de figure de gouvernance territoriale se présentent suivant le positionnement du tiers lieu culturel sur le territoire : soit il propose des réponses à des besoins sociaux qui ni ne s’opposent ni ne concurrencent l’acteur public, soit il participe directement à une action publique. Dans le premier cas, différentes stratégies d’institutionnalisation sont possibles comme la labellisation, l’approche pluri contractuelle, la participation des acteurs publics territoriaux dans la gouvernance d’une coopérative (SCIC), des chartes de co construction. Dans le second cas, il s’agit directement de mettre en œuvre ce que l’on appelle un partenariat public-commun.

Les tiers lieux culturels étudiés s’inscrivent dans la première configuration. En outre, ils présentent des similitudes fortes dans la stratégie d’institutionnalisation adoptée. En effet, pour légitimer et trouver des financements pour la mise en place de leurs projets participatifs, ils ont, en premier lieu, privilégié la labellisation. Akwaba a bénéficié du label national octroyé par l’ANCT aux tiers lieux, Fabrique de Territoire qui consacre leur rôle structurant d’appui et de promotion comme lieu ressource et de relais des pouvoirs publics dans la promotion et l’accompagnement des tiers lieux. À l’échelle de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Direction des affaires culturelles (DRAC) a mis en place à partir de 2020 un label « tiers lieux culturels et citoyens » dans la complémentarité avec les labels Fabrique de territoire, Quartier culturel et créatif avec pour ambition de constituer un véritable réseau irriguant le territoire régional » [17]. LaScierie et l’Éveilleur en ont chacun bénéficié.

On a pu aussi observer que pour préserver leur autonomie d’action et leur pérennité, ils privilégient aussi une approche pluri contractuelle qui leur permet d’obtenir des mandats et des financements d’acteurs publics territoriaux différents leur évitant de se retrouver dans une posture de prestataires ou d’exécutants d’un projet politique unique. Du côté d’Akwaba, à l’occasion de différentes rencontres et entretiens, il a été évoqué un projet de développement de partenariat avec la CAF afin d’obtenir l’agrément « Espace de vie sociale ». Ce dernier relève d’un dispositif assurant la reconnaissance institutionnelle de l’action du tiers lieu en tant que structure de proximité agissant en complémentarité de l’organisation publique CAF. Autre exemple avec L’Éveilleur qui poursuit son action pour explorer de nouvelles manières de créer, de produire et de diffuser la danse avec le projet SEED [18] autour des thématiques de l’inclusion, de l’accessibilité et de la durabilité. En faisant appel à un financement européen de type Erasmus +, l’Éveilleur collabore avec une structure grecque, Liminal (Athènes).

Toutefois, cette dépendance encore forte à des logiques d’appels à projets très chronophages, les obligent à ciseler leur projet et donc à risquer d’en perdre la cohérence globale. À cet égard, Timothée Duverger (2023) émet des réserves sur l’accompagnement de l’acteur public dans l’essor des tiers lieux lorsque son mode d’action principal reste l’appel à projet. Pour autant, il reconnaît des avancées réelles vers la voie d’une nouveau « management public coopératif » où « la recherche du bien commun passe par des processus délibératifs permettant de créer un référentiel d’action collective, de renforcer la confiance et de construire une capacité d’action conjointe ».

Conclusion

Tout au long de cet article, nous avons voulu montrer comment les tiers lieux culturels constituent des lieux de déploiement de formes originales d’agir en commun, qui incarnent des formes de critiques sociales originales et renouvelées de la voie « active » et « démocratique » de la participation (Monseigne, 2009) à la fabrication de la ville. Originales car elles constituent des formes de politisation qui s’incarnent par un engagement fort en faveur de la démocratie et de l’ESS à l’échelle du territoire à différentes niveaux : dans leur formalisation sous la forme de consortium regroupant des structures relevant de l’ESS et l’adoption de formes de gouvernance horizontales, dans leur engagement au niveau de la transition écologique et des droits culturels, dans leur institutionnalisation par l’entremise de formes de gouvernance territoriale visant à développer de nouvelles formes de relations partenariales avec l’acteur public.

Bibliographie

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Licence : Pas de licence spécifique (droits par défaut)

Notes

[1Le commoneur est « une identité et un rôle social que les individus acquièrent lorsqu’ils s’engagent dans la pratique des communs (Bollier, Helfrich, 2023, 98).

[2TILIOS : Tiers lieux libres et open source. voir leur site : https://movilab.org/wiki/Tiers_Lieux_Libres_et_Open_Source.

[3France Tiers lieu est un groupement d’intérêt public qui réunit des représentants de quatre ministères, l’Agence nationale pour la cohésion territoriale, et l’association nationale des tiers-lieux. Il a été créé en 2022 pour soutenir l’émergence et le développement des tiers-lieux. voir leur site : https://francetierslieux.fr/.

[5Dans cet interview publié dans le Monde, Geneviève Fontaine explique sa position de chercheuse embarquée en lien avec TETRIS. Voir : https://labo.societenumerique.gouv.fr/fr/articles/carnets-nec-locaux-regard-dexperte-geneviève-fontaine/.

[6Geneviève Fontaine introduit l’idée de « communs de capabilities”, concept qu’elle a forgé à la croisée des approches d’Elinor Ostrom sur les communs et celle d’Armatya Sen sur la justice sociale et les libertés réelles. Voir sa thèse (2019).

[7Un pôle territorial de coopération économique (PTCE) est un regroupement, sur un territoire donné, d’initiatives, d’entreprises et de réseaux de l’ESS à des PME socialement responsables, des collectivités locales, des centres de recherche et organismes de formation, qui met en œuvre une stratégie commune et continue de coopération et de mutualisation au service de projets économiques innovants de développement local durable. En termes de portage juridique ils peuvent choisir entre plusieurs statuts : association, SCIC, groupement d’intérêt public, entreprise privée. Source : https://www.lelabo-ess.org/poles-territoriaux-de-cooperation-economique-ptce.

[11Financement Région Sud 2020-2022(https://tierslieuxculturels.fr/) ; financement contrat post-doc ANR-15-IDEX-01 2021-2023 ; financement 2023 MSH Paris-Nord sur les tiers lieux culturels et communs.

[12Au sens juridique, un consortium est défini comme une entente entre plusieurs personnes, associations ou entreprises en vue d’une coopération pour la mise en œuvre d’opérations économiques, financières, scientifiques ou culturelles. Il est dépourvu de personnalité morale et n’est réglementé par aucun texte légal. voir : https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/consortium.php.

[13L’adoption du modèle de prise de décision par consentement s’est faite lors de la toute première réunion du Comité qui s’est tenue en janvier 2024 (observation participante).

[14Les acteurs concernés sont les suivants : CNAM Paca, L’école des nouvelles images (ENSI), Avignon Université et la Villa Creative, TNZPV, Circus.

[15Initiative du ministère de la Culture visant à accélérer la transition écologique des entreprises culturelles afin d’en faire un secteur de référence en matière de responsabilité environnementale. Voir : https://www.culture.gouv.fr/fr/presse/communiques-de-presse/france-2030-14-nouveaux-laureats-du-dispositif-alternatives-vertes-2-soutien-a-la-transition-ecologique-du-secteur-de-la-culture (en ligne, consulté le 10 décembre 2024).

[18Seed est l’acronyme de « social and écological engagement through dance ».

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