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Un peu de psychologie de la motivation pour comprendre l’apprentissage en ligne

16 octobre 2016 par Matthieu Cisel MOOC 15166 visites 1 commentaire

Un article repris de http://www.matthieucisel.fr/un-peu-...

Cet article Un peu de psychologie de la motivation pour comprendre l’apprentissage en ligne est est repris duBlog de Matthieu Cisel.

Aujourd’hui, je vous propose de revenir brièvement sur la théorie des buts d’accomplissement, une théorie de psychologie de la motivation que je trouve super pour comprendre l’apprentissage en ligne, et en particulier pour interpréter ce qui se passe dans un MOOC. Aujourd’hui, je vous propose de revenir sur cette théorie et sa terminologie. Bref, une théorie à diffuser, et qui m’a personnellement énormément plu, même si au final je ne l’ai pas utilisée dans le cadre de mon doctorat. Et je conclue sur un peu de terminologie de psycho de la motivation dont vous pourriez avoir besoin à un moment ou à un autre.

La théorie des buts d’accomplissement a été impulsée par les travaux de Dweck (1986) et Nicholls (1984). Les deux concepts phare sont les buts de maîtrise et de performance (Carré & Fenouillet, 2009, p.95) :

 Les buts de maîtrise, ou buts d’apprentissage, où « l’objectif de la personne est d’apprendre, de développer de nouvelles habiletés, de comprendre ou de maîtriser quelque chose de nouveau. Être compétent signifie apprendre, comprendre, progresser »
 Les buts de performance sont « des buts où la comparaison sociale joue un rôle déterminant. Centré sur la valorisation de soi, l’objectif est d’obtenir des jugements favorables sur sa compétence. Avoir appris ou progressé ne suffit pas pour se sentir compétent. Il importe avant tout de savoir où l’on se situe par rapport aux autres. »

Elliot et Dweck (1988) définissent par buts, les « les buts qu’un individu poursuit créent un cadre pour interpréter et réagir aux événements qui se présentent ». La théorie des buts d’accomplissement va s’élargir pour introduire deux buts supplémentaires : l’évitement de la performance, et l’évitement de la maîtrise. La question de l’évitement de la performance repose sur le fait que « Chercher un jugement favorable n’a pas la même signification et n’implique pas les mêmes conduites que chercher à éviter un jugement défavorable ». Elliot et Harackiewicz (1994) scindent les buts de performance en deux buts, « l’un orienté vers la démonstration de sa propre compétence (performance-approach goal : rechercher d’un jugement favorable de la part d’autrui), l’autre but consistant à éviter la démonstration de son incompétence (performance-avoidance goal : évitement d’un jugement défavorable de la part d’autrui). » (Carré & Fenouillet, 2009, p.96).

Cette distinction permet de considérer la tendance à l’évitement de l’échec comme un but à part entière. La scission ayant touché les buts de performance affectera de la même manière les buts de maîtrise pour conduire au modèle à quatre buts actuellement utilisé à travers la naissance du but intitulé évitement de la maîtrise (mastery-avoidance goal). Le terme « évitement » correspond au fait que « l’objectif est d’éviter de perdre, ou le moins possible, le niveau de compétence atteint antérieurement […], éviter de perdre la main aussi bien dans des activités professionnelles que de loisir » (Elliot & Church, 1997 ; Elliot & Mc Gregor, 2001). Je conclue sur une remarque particulièrement utile pour comprendre l’intérêt pour les certificats dans l’Open Education (Carré & Fenouillet, 2009, p.98). « Ce but peut être poursuivi également lorsque la norme est définie en référence à la tâche elle-même. La crainte est alors de ne pas réussir parfaitement la tâche. Ce but engendre des conduites perfectionnistes où l’accent est mis sur l’évitement de toute erreur. ».

Enfin, il vous faut connaître quelques concepts issus de la théorie de l’expectation-valeur (Fishbein & Ajzen, 1974 ; Wigfield, 1994 ; Wigfield & Eccles, 2000), théorie utilisée pour son pouvoir explicatif puissant davantage que pour son pouvoir prédictif (Frances, 1987). Cette théorie se base sur trois facteurs qui entrent en combinaison dans un modèle multiplicatif (M= V x I x E), où V représente la valence, I, l’instrumentalité et E, l’expectation (Vroom, 1964). Pour reprendre les termes utilisés par Carré (2001, p.31) pour exposer la théorie : La valence est la valeur attribuée, le pouvoir d’attraction du résultat attendu de l’action par le sujet. L’expectation représente la perception de la relation entre l’intensité de l’effort et la performance accomplie, en termes probabilistes. L’instrumentalité recouvre la perception de la relation entre la performance et le résultat attendu (toujours exprimée en probabilité).

Pour conclure, si, cher lecteur, tu veux faire ta rupture épistémologique ami lecteur, et que tu ne veux pas utiliser le terme motivation comme le premier venu, tu peux utiliser la définition qu’en font Vallerand & Thill (1993). Les auteurs définissent le concept comme un construit hypothétique censé décrire « les forces internes et / ou externes produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement ». Dans une synthèse des travaux de Vallerand & Thill (1993), Carré (2005) définit ces termes ainsi : « Le déclenchement indique le passage de l’absence d’activité à l’exécution d’un comportement, la direction traduit l’orientation et la canalisation de l’énergie vers le but approprié, l’intensité est la manifestation observable de la motivation sur le comportement, la persistance est l’indice motivationnel qui caractérise la poursuite de l’engagement dans l’action au cours du temps. ».

Voilà, si vous voulez vous intéresser un peu à la psychologie de la motivation, vous avez quelques pistes à explorer dans ce billet. Je n’en dirai pas plus. Si ça a suscité votre intérêt, il va falloir creuser …

Ma biblio est là au fait : http://www.matthieucisel.fr/la-bibliographie-de-ma-these-sur-les-mooc/

Licence : CC by-sa

Vos commentaires

  • Le 7 novembre 2016 à 10:45 En réponse à : Un peu de psychologie de la motivation pour comprendre l’apprentissage en ligne

    Bonjour Matthieu,

    mes remerciements pour votre article, qui m’ont appris un point que je n’avais jamais perçu : "« l’un orienté vers la démonstration de sa propre compétence (performance-approach goal : rechercher d’un jugement favorable de la part d’autrui), l’autre but consistant à éviter la démonstration de son incompétence (performance-avoidance goal : évitement d’un jugement défavorable de la part d’autrui). » (Carré & Fenouillet, 2009, p.96).

    Auriez vous quelques exemples de pratiques pédagogiques mis en place par des enseignants ou des animateurs pour dédramatiser ce performance-approch goal ou performance-avoidance goal dans l’idée d’offrir un cadre facilement propice à l’apprentissage par tâtonnement, expérimentation ?

    Merci pour votre article,

    Thomas

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