Innovation Pédagogique et transition
Institut Mines-Telecom

Une initiative de l'Institut Mines-Télécom avec un réseau de partenaires

Que de sujets sur lesquels échanger !

Un article repris de https://tipes.wordpress.com/2016/01...

Et si peu de temps pour tout explorer.

Context VII

J’ai perdu l’habitude de commenter, réagir, réfléchir, bref avancer dans le cadre de ce blog, et c’est bien dommage (au moins pour moi).

Et pourtant, j’ai beaucoup de sujets qui m’encombrent les neurones. Le problème, c’est de trouver des créneaux pour un minimum d’approfondissement, de structuration et de mise en forme. Beaucoup de témoignages de blogueurs rapportent que pour assurer une bonne régularité, il faut s’astreindre à réserver un créneau dans son emploi du temps. Et je n’ai pas cette rigueur dans la gestion d’un emploi du temps qui a eu tendance à exploser ces derniers mois.

Alors comme le mois de janvier est le mois des « bonnes » résolutions, on va essayer de s’y remettre. Sur quoi pourrait-on échanger ?

Coté pédagogie, le rapport « Innovating Pedagogy 2015 » de l’Open University est sorti et a une lecture orientée entrées pédagogiques. On y retrouve le sujet des laboratoires pratiques que j’ai un peu exploré pour différentes raisons cette année. Du coté de mes enseignements, pas grand chose de nouveau. Peut être un questionnement sur le comment gérer une séance en pédagogie active quand ni les étudiants ni l’enseignant n’ont vraiment la pêche.

Coté MOOC, il y a la bonne nouvelle de cette tendance de laisser ouvert les cours entre les sessions (mais sur laquelle notre plate-forme française FUN n’a pas encore avancé). Il serait possible de reparler de la place des MOOC (et d’autres formes d’enseignement numériques) dans les cursus de formation.

Mais il y a moyen d’aller plus loin. Si le MOOC revient à ouvrir le cours, jusqu’où pousser cette ouverture ? Vers une définition ouverte des parcours ? Voire vers une définition de ses objectifs personnels dans le cadre d’une communauté ?

Partant dans ce sens, se pose la question de qui contribue à, et comment se construisent ces parcours, ces objectifs. Si on suit la grande tendance actuelle, la question est simplement quelles sont les plate-formes qui pourraient contrôler le marché de la formation. Le pays de cette plate-forme ? Les États-Unis, tant leur avance est avérée, et que la dynamique y est forte autour de l’éducation. Et il y a déjà pas mal de monde sur les rangs : Coursera avec sa communauté autour des MOOC, on a déjà parlé de LinkedIn, Google bien sûr, edX plus universitaire. Bref, laquelle vous conseillera et proposera, votre prochain cours ? Votre projet de vie ? Et quelle place pour les alternatives ?

Dans cette veine, se pose la question de l’uberisation de la formation. Bon, la formule est un peu trop galvaudée, mais tellement lancinante qu’elle mérite une formulation propre. Elle était en tout cas sur beaucoup de lèvres lors des rencontres de la FFFOD à Saint-Brieuc en novembre dernier. C’est un sujet qui mérite un billet approfondi, et documenté.

Dans le cadre de la formation professionnelle, il y a cette question de l’uberisation, mais aussi ce compte personnel d’activité qui se veut au contraire un moyen de redonner de l’autonomie dans les parcours professionnels. Est ce donc cette plate-forme américaine qui guidera les parcours, ou peut-on imaginer une approche permettant des formes d’émancipation ?

La piste que je propose d’approfondir est de combiner l’approche de George Siemens avec celle de la Fing. L’approche de George Siemens (dont j’ai déjà parlé plusieurs fois) consiste à rendre les parcours d’apprentissage visibles pour permettre d’imaginer le développement d’une formation collaborative, sur le modèle de la consommation collaborative (qui a dit uberisation ? Revisitez plutôt ce qu’en dit Michel Bauwens). Du coté de la Fing, c’est de Self-Data dont on parle, et de musette numérique du travailleur. Bref, faire le lien entre social et développement personnel. Entre comportement émergent et parcours personnel. Entre réseau social et contrôle de ses données personnelles. Entre exploitation de données globales et respect de la vie privée.

Pour emprunter cette piste, il y pour le coup des questions de recherche. Quelles architectures techniques à développer sachant que les technologies pour garantir le contrôle des données personnelles par les utilisateurs et la construction de communautés de confiance gagnent en maturité ? Quels modèles pour construire et combiner le partage de connaissances et l’évolution personnelle ?

Au niveau des principes, il y a aussi à affirmer que la formation est un bien commun. Et à revisiter les droits sur les données personnelles d’apprentissage. Des manifestes apparaissent ça et là, mais comment se traduisent-ils dans l’hypothèse d’une plate-forme privée, et dans l’hypothèse ou chacun garde le contrôle sur ses propres données, mais peut être moins sur leurs copies éventuelles ?

Puisque l’on parle recherche, j’ai passé mon année à participer à plusieurs appels à projets. C’est une expérience enrichissante par certains cotés, frustrante par beaucoup d’autres, et qui a eu un grand impact sur mes activités (dont ma production sur ce blog en fait …). Cela mériterait un témoignage, avec un petit détour sur les temporalités, à croiser avec les pratiques plus agiles que l’on essaye de promouvoir …

Quels sont les objectifs de la formation ou du moins la manière de les construire, dans un monde en constante évolution, dans une société où l’emploi pourrait ne plus être un objectif, où l’action pour notre environnement est une nécessité, et où la démocratie semble être à réinventer. En passant, un petit pavé dans la mare dans ce qui est devenu un sujet important dans nos formations, que je pourrai intituler : « Et si le modèle des startups était une forme d’uberisation de l’innovation et des ingénieurs ? »

Si on change tout dans la formation, autant enfoncer le clou :

  • Le numérique a le potentiel de changer les règles du jeu pour l’évaluation et la certification. Cela va beaucoup plus loin que simplement autoriser les ordinateurs à l’examen comme le propose le rapport de la Stranes. Quelle place alors pour les diplômes et la recommandation ?
  • À quoi pourrait ressembler un lieu d’apprentissage, ce qu’on appelle une école, ou une université ? Quelles organisations pour la formation pourraient émerger rapidement ? Lesquelles sont à éviter ? Lesquelles sont souhaitables ? Quelles hybridations à privilégier entre entreprises, initiatives sociales, et établissements (publics ?) d’enseignement et de recherche ? Quelle nouvelle école créer ?
  • Et comment faire le lien avec les autres : Quelles pistes de réseaux développer ? Le réseau des learning labs XXX va dans le bon sens, quelle pourrait être la prochaine étape ?

Par ailleurs, j’ai la grande chance d’avoir un groupe d’étudiants de Télécom Bretagne qui actuellement font quelques développements autour de la plate-forme nquire-it (déjà évoqué en juillet dernier, cette année, on passe à l’implémentation) qui permet de collecter et partager des données dans des démarches d’investigation, de la gestion de données d’apprentissage personnelles et de portfolio, qui mériteraient d’être partagées.

Bref, oui il y a de quoi écrire. On dépile ? Dans le désordre, suivant l’inspiration évidemment :-)

 

Rédigé dans le train Paris-Brest le 12 janvier 2016, de retour de revue de projet.

 


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