Cela fait un moment que je veux vous partager ce très important et stimulant papier de Simon Collin, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM).
Son analyse des finalités de l’éducation à la citoyenneté numérique
<p>Nous utilisons le syntagme « citoyenneté numérique » comme synonyme de « citoyenneté à l’ère du numérique » afin d’alléger le texte. Dans les deux cas, il s’agit de la notion de citoyenneté telle qu’elle s’exprime dans des formats numériques. En aucun cas il ne peut s’agir d’un type de citoyenneté qui, parce qu’il serait de nature numérique, serait autonome de la citoyenneté.</p></blockquote>
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, dans le curriculum québécois, m’a permis de mettre des mots et un cadre sur un constat : la dimension de citoyenneté (dans sa finalité émancipatrice) est le parent pauvre de nos politiques d’éducation au numérique. Lesquelles politiques d’éducation au numérique étant elles-mêmes les parents pauvres des politiques de numérique éducatif (bonjour la Edtech). Une inversion de priorités si vous voulez mon avis. C’est également ce genre de lectures qui alimentent ma réflexion sur l’éducation au numérique.
Simon Collin différencie deux finalités complémentaires de l’éducation à la citoyenneté numérique. Une finalité adaptative, prédominante, et une finalité émancipatrice, qui est latente (je serais plus sévère, je dirais qu’elle est pour l’instant inexistante).
Voici le lien vers le papier, dont je vous propose un très rapide résumé.
Une finalité adaptative individualiste, coercitive et dépolitisée
Dans sa dimension adaptative, « l’éducation à la citoyenneté numérique a pour finalité de former l’élève à participer positivement et activement à la société ». Simon Collin y retrouve une conception plutôt individualiste, coercitive et dépolitisée de la citoyenneté. Il conclue :
« Cette finalité adaptative est […] insuffisante dans la mesure où les droits et les devoirs qu’elle implique ne sont pas négociés de manière démocratique. Il est donc attendu que le citoyen et la citoyenne à l’ère du numérique s’y conforment ou, au pire, qu’il et elle y résistent. À titre d’exemple, la marchandisation actuelle des données numériques ne résulte pas d’une délibération démocratique sur le « pourquoi » et le « comment » des traces collectées et de leur exploitation. »
Une finalité émancipatrice pour faire contribuer et décider collectivement
Pour pallier les insuffisances de la finalité adaptative de l’éducation à la citoyenneté numérique, Simon Collin propose une finalité complémentaire, nommée finalité émancipatrice.
« La finalité émancipatrice part du principe que pour être effective, l’éducation à la citoyenneté numérique n’a pas seulement pour finalité d’adapter les élèves au numérique ; elle doit leur permettre de s’en émanciper, c’est-à-dire de contribuer collectivement à orienter les développements numériques sur la base de choix éclairés concernant leurs implications sur la vie en société. »
Il propose par ailleurs plusieurs pistes d’interventions pédagogiques : former les élèves aux implications du numérique sur la vie en société, créer des espaces dialogiques de délibération. Tout comme il rappelle que l’apprentissage à la programmation ne sert qu’une finalité adaptative s’il n’est pas accompagné d’une importante « posture critique et réflexive envers la société numérisée ».
Cet article [Lecture] L’éducation à la citoyenneté numérique : pour quelle(s) finalité(s) ? est apparu en premier sur Louis Derrac.
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