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Quelques points de repère sur les universités chinoises

Un article repris de https://theconversation.com/quelque...

Le ministère chinois de l’Éducation a lancé dans les années 90 des programmes d’excellence pour transformer une centaine d’universités. Suzy Hazelwood /Pexels, CC BY

Le scepticisme a longtemps régné au sujet des universités chinoises et des publications de leurs chercheurs. Mais, depuis une vingtaine d’années, la situation a profondément changé. L’État chinois a investi dans les universités, les a réformées pour en faire des leaders mondiaux. Quel état des lieux dresser aujourd’hui ?

Les universités chinoises font partie d’un système qui a pu s’inspirer de celui de l’Union soviétique. L’objectif était de former les travailleurs dans le contexte d’une économie socialiste. Si, du côté occidental, les universités ont beaucoup changé en termes de coopérations avec le monde économique et de professionnalisation, les modifications côté chinois ont mis un peu plus de temps mais sont ensuite allées très vite dans la même direction.

La récente décentralisation, accompagnée d’une délégation de pouvoirs aux établissements, a permis d’ouvrir les collaborations des universités avec le monde socio-économique. Les établissements ont évolué et certaines grandes universités pluridisciplinaires ont émergé sur la scène internationale. Aujourd’hui, il y a en Chine quatre grandes catégories d’établissements :

  • les universités publiques standard (près de 2 000) ;

  • les établissements de formation pour adultes ;

  • les établissements privés (près de 1 000) ;

  • les établissements sino-étrangers.

Le ministère chinois de l’Éducation a lancé dans les années 90 des programmes d’excellence pour transformer une centaine d’universités afin de créer une élite avec fusions, regroupements et rénovations (infrastructures, campus). Ces programmes « 211 » et « 985 » ciblaient 151 universités. Ils s’appellent aujourd’hui « Double First Class University Plan ».

Ces changements se sont accompagnés de recrutements de professeurs d’excellence étrangers et d’améliorations dans la formation des enseignants-chercheurs. Une spécialisation disciplinaire des universités de « première catégorie » a été mise en place et elles bénéficient de plus des deux tiers des crédits de recherche du gouvernement.

Stratégies actuelles

La réforme de l’enseignement supérieur chinois a permis de mobiliser des ressources financières nouvelles qui proviennent des instances nationales, provinciales ou locales. Les frais de scolarité sont fixés par les collectivités avec des règles du ministère de l’Éducation. Il y a donc une grande variabilité, avec des frais allant de 500€ à 5 000€.

En schématisant, il existe un système à deux vitesses avec des universités bien financées (universités d’excellence, actives en recherche) et des universités qui se contentent des frais d’inscription et d’un minimum (universités orientées sur la formation).

A taille égale, le financement d’une université peut aller de 1 à 100. Les grands établissements bénéficient de ressources importantes par leurs partenariats avec les entreprises (innovation, formation continue) avec une sorte de « privatisation » de certains secteurs via le développement d’activités de conseils et expertises.

Enfin, la stratégie s’est aussi orientée vers l’augmentation de la mobilité étudiante. Les accords d’échange et les programmes de doubles diplômes se sont multipliés et le ministère facilite la venue d’étudiants étrangers avec différents programmes et de bourses pour la mobilité entrante.

En 2016, le ministère recensait environ 400 000 étudiants étrangers en Chine (Coréens : 70 000, États-uniens 24 000, Thaïlandais : 23 000… et français à la 11e place avec 10 000). Aujourd’hui, la Chine compte environ 45 millions d’étudiants d’après l’Unesco (en forte croissance) dont 800 000 en mobilité internationale, principalement vers les États-Unis (36 %), l’Australie (12 %), le Royaume-Uni (11 %), le Japon (11 %).

Les principaux classements

L’appréciation qualitative des universités est difficile dans la mesure où il existe une grande hétérogénéité et que les critères de classements sont nombreux. Pour examiner la position de la Chine, nous avons étudié plusieurs classements.

Le classement ARWU (Academic Ranking of World University)

C’est le classement le plus connu (appelé aussi classement de l’université Jiao-tong de Shanghai).

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Ce classement est centré sur l’excellence scientifique (alumni et personnels ayant eu le Nobel ou médaille Fields, citations des chercheurs, publications dans les grandes revues). Si on regarde la situation en 2005, la Chine n’avait aucune université dans le Top 100 (contre 6 maintenant) ni dans le Top 200 (contre 13 maintenant). On constate donc une montée en puissance des universités chinoises.

Le classement QS (Quacquarelli Symonds)

Il s’agit du deuxième classement le plus utilisé. Il donne les résultats suivants pour l’Asie :

On y trouve 58 universités chinoises dont 10 dans le Top 100. Les critères sont basés sur la réputation académique, la satisfaction des employeurs, les citations, les ratios d’internationaux dans le personnel et les étudiants…

Le classement du THE (Times Higher Education)

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Ce classement est le troisième le plus utilisé et reste aussi très restrictif avec un nombre d’établissements limité. On y trouve 91 universités chinoises dont 6 dans le Top 100 et 7 dans le Top 200. Ses critères font aussi appel à la réputation (basée sur des enquêtes), les citations, l’insertion, l’internationalisation et les liens avec le monde industriel.

Autres classements

On retrouve la même tendance avec le classement du CWUR (Center for World University Rankings) qui classe beaucoup plus d’universités chinoises (267) :

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Même chose pour le classement UNIRANK avec 941 établissements chinois :

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Les classements de popularité

De nouveaux classements sont apparus pour évaluer la popularité d’un établissement (classement Facebook/Like, Twitter…). Le classement basé sur l’impact du site Internet appelé « Webometrics » utilise des critères comme le nombre de pages, la visibilité sur les réseaux, le nombre de liens de l’extérieur, les citations. Il donne les résultats suivants pour la Chine :

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Même chose pour le classement UNIRANK avec 941 établissements chinois :

Il existe de nombreux autres classements, comme celui de US News & World Report, qui classe 203 universités chinoises (2 dans le Top100 et 9 dans le Top200).

Les classements thématiques

Il peut également être utile d’observer le positionnement des universités chinoises dans certaines disciplines à travers les classements disciplinaires, comme celui d’ARWU où il existe 55 classements thématiques. Parmi eux, des universités chinoises arrivent à se hisser dans le Top10 pour de nombreuses disciplines ce qui est assez exceptionnel.

Extraction de ARWU 2020. Fourni par l’auteur

On peut noter la grande diversité des établissements classés : une quarantaine dans les Top10. Et 8 universités différentes arrivent à décrocher la première place du podium, performance que seuls les États-Unis arrivent à atteindre. Cela montre que la stratégie de « spécialisation » a porté ses fruits. Les domaines où les universités chinoises sont bien classées sont sur des secteurs stratégiques : sciences de l’ingénieur (matériaux, électronique, chimie…) et agriculture.

Publications scientifiques

Le nombre de publications chinoises augmente très rapidement. Le nombre référencé dans SCOPUS est un bon indicateur. Il est passé de 171 401 en 2005 à 750 134 en 2020. Les domaines couverts se recoupent avec les classements internationaux, avec en tête les sciences de l’ingénieur (source extraction Scopus 2021) :

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Certains établissements chinois ont un index h (qui mesure le succès des publications par les citations) très élevé. Par exemple, d’après Google Scholar : Liu Justina a un h=127 et 95 000 citations, Mingshui Chen a un h=161 et 182 000 citations.

De façon globale, il existe aussi des classements de pays en fonction des publications, citations et h index, comme celui du Scimago Journal & Country Rank :

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On observe que la Chine est classée 2e (la France est 6e) pour le nombre de publications, mais au niveau du h index, la France a 1180 contre 884 pour la Chine.

Les universités chinoises sont parties de loin, notamment en raison de la faiblesse initiale des échanges internationaux, des financements et de l’obstacle de la langue. Mais avec le fort soutien de l’État et l’adoption de stratégies ambitieuses, les résultats sont là : les universités chinoises gagnent des places dans les classements, leur qualité n’est plus remise en cause, et leur internationalisation est en cours, tout comme leur coopération avec le monde industriel.

The Conversation

Stéphane Aymard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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