La crise sanitaire liée à la Covid-19 a conduit à la paralysie de la mobilité internationale en 2020. Les étudiants désireux de réaliser un semestre d’études, un stage ou une année de césure à l’étranger en ont été les victimes. Et l’on peut penser que cette crise aura un impact sur la mobilité de ces jeunes de manière durable car de nouvelles réticences peuvent apparaître (chez les étudiants et/ou leurs parents) et de nouvelles vagues de pandémie ne peuvent être exclues.
Pour conserver ce que les étudiants apprennent en partant à l’étranger des solutions alternatives voient le jour, mixant mobilité hybride et internationalisation à la maison. Ces nouvelles formes de mobilité, loin d’être des pis-aller, présentent deux avantages importants : elles permettent une meilleure préparation au séjour à l’étranger tout en favorisant l’inclusion des étudiants vulnérables.
Activités préparatoires
Que l’on parle de mobilité hybride ou d’internationalisation à la maison, il faut comprendre que les étudiants vont réaliser un certain nombre de cours depuis leur université d’origine. Dans le premier cas, les activités sont proposées à distance, par visioconférence par exemple, par l’université qui les accueillera plus tard dans le cadre d’un échange. Dans le deuxième cas, les activités sont proposées par leur université d’origine.
Dans les deux cas, les étudiants s’engagent dans un processus de développement de compétences transversales interculturelles, valorisées par le marché du travail, comme l’ouverture d’esprit, la capacité à monter des projets avec des équipes internationales ou la capacité à s’adapter.
Les mobilités hybrides « associent des activités virtuelles en lien avec la mobilité, comme l’apprentissage à distance organisé par l’établissement d’accueil, avec une mobilité physique à l’étranger ». Concrètement, les étudiants pourront suivre des cours proposés par leur université d’accueil, sans quitter leur pays, avant le départ.
Les universités désireuses d’accueillir des étudiants étrangers se sont engagées dans un processus de redéfinition de leur offre de cours pour ce public. Le temps de présence des étudiants, à l’étranger, sera quant à lui raccourci.
L’internationalisation à la maison consiste à mobiliser des approches pédagogiques diversifiées dans l’université d’origine afin de sensibiliser les étudiants à l’interaction avec des cultures variées. Elles peuvent prendre la forme d’un projet réalisé entre étudiants internationaux et étudiants locaux, ou d’un cours dispensé par un professeur étranger avec une approche pédagogique à laquelle les étudiants ne sont pas habitués.
Ces activités existent déjà dans de nombreux établissements, mais jusqu’ici on les identifiait rarement comme complémentaires à la mobilité physique.
Que les activités préparatoires à la mobilité soient le fait de l’université d’accueil ou de l’université d’origine, l’étudiant va être mis en relation avec une culture étrangère. Dans le cas de la mobilité hybride, les cours suivis à distance familiariseront l’étudiant avec une culture pédagogique différente.
Dans le cas des activités d’internationalisation à la maison, la gestion de situations interculturelles est favorisée grâce à l’interaction entre acteurs (étudiants, enseignants) de culture différente. Et ces deux types de préparation peuvent également être combinés lorsque deux enseignants, dans deux établissements partenaires, organisent un projet virtuel faisant travailler ensemble leurs étudiants respectifs.
Inclusion des étudiants vulnérables
Par ailleurs, ces alternatives à la mobilité traditionnelle favorisent l’inclusion des étudiants vulnérables dans un projet international. Selon un rapport de la Cour des comptes, en 2016, « le nombre d’étudiants en mobilité diplômante ne représentait que 4,3 % du total des étudiants susceptibles d’effectuer une mobilité ». Même si les chiffres montrent une tendance constante à la hausse de la mobilité internationale des étudiants ces dernières années, la mobilité à l’étranger reste une pratique confidentielle et sélective, réservée à une minorité d’étudiants.
Les obstacles au départ persistent et sont nombreux : ils sont financiers (un séjour à l’étranger est coûteux), liés à la situation personnelle de l’étudiant (les étudiants sont des parents, ils travaillent), mais ils sont aussi psychologiques comme la peur d’être discriminé en raison de ses origines ou simplement la peur de quitter son environnement familial et de se retrouver dans un contexte totalement inconnu.
Pour ces étudiants vulnérables, qualifiés également d’immobiles, les mobilités hybrides et les dispositifs d’internationalisation à la maison peuvent constituer une voie vers l’internationalisation de leur curriculum.
Les expériences de mobilité à l’étranger constituent des occasions formidables pour un étudiant de développer une sensibilité interculturelle propice à l’apprentissage de compétences transversales valorisées par les employeurs. La crise sanitaire a bouleversé les pratiques. Envisager la mobilité comme « un déplacement à la fois du corps et de l’esprit » ouvre quelques perspectives.
À côté des traditionnelles mobilités physiques qui permettent le déplacement du corps, des pratiques pédagogiques peuvent favoriser le processus de déplacement de l’esprit et de préparation au départ et à la rencontre interculturelle.
En cela, la mobilité hybride et l’internationalisation à la maison vont révolutionner la manière d’aborder l’internationalisation des étudiants, en valorisant de manière originale l’acquisition de compétences transversales par des méthodes pédagogiques innovantes.
Cécilia Brassier-Rodrigues a reçu des financements du programme Learn’In Auvergne (I-Site Clermont).
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |