Innovation Pédagogique et transition
Institut Mines-Telecom

Une initiative de l'Institut Mines-Télécom avec un réseau de partenaires

Les langues avec des visioconférences et des travaux avec des pairs à l’école des mines d’Albi

Permettre aux élèves ingénieurs d’acquérir une meilleure connaissance de la culture de l’autre pays, l’utilisation des moyens de communication nouveaux et de les faire travailler sur un sujet spécifique avec apprentissage du vocabulaire technique était notre challenge.
Les élèves ingénieurs sont habitués à des cours magistraux, même en langues, ce qui les dessert lors de leur passage dans le monde du travail.
S’exprimer dans une langue étrangère, avec des natifs et « sans filet » est souvent anxiogène pour les élèves, car ils ont peur de ne pas comprendre et/ou de ne pas pouvoir s’exprimer correctement. Nous voulions les aider à se sentir plus à l’aise lors des visioconférences en direct en leur permettant de s’entraîner avec des locuteurs natifs qui sont en même temps des apprenants FLE.

Nous souhaitons approfondir et ancrer les compétences acquises en allemand en L3 en les développant sur le cycle Master (1er semestre en M1). Les élèves devaient mobiliser ces compétences dans le cadre d’un projet précis avec des étudiants allemands.

Avec l’Université de Birkenfeld, nous avions choisi de travailler sur le thème de la transition énergétique, sujet qui permettait en même temps de travailler sur l’actualité dans les deux pays, ainsi que sur un sujet technique.

Plusieurs étapes ont été identifiées :

  • Le projet prévoyait de réaliser une première vidéo-conférence avec tous les élèves (allemands et français) afin de faire connaissance.
  • Ensuite, des « couples » d’élèves (un élève allemand et un élève français) étaient formés, afin de préparer le projet commun. Les binômes devaient privilégier des vidéo-conférences et des échanges directs (téléphone, chat, vidéochats par skype ou google hangouts, par exemple) pour travailler ensemble. Une partie des communications au moins devaient être enregistrées afin de pouvoir évaluer l’élève.

A l’École, la salle de vidéo-conférence était utilisée, alors que l’élève était libre de choisir une autre plate-forme lors de son travail personnel avec son partenaire (skype, google hangouts, facebook...).

Les résultats des projets étaient présentés lors de deux vidéo-conférences communes à la fin du projet (15 janvier et 12 février).

Photo1 : la visioconférence côté allemand

Photo 2 : La visioconférence côté français

L’exigence d’utiliser beaucoup de moyens de communication directe obligeait les élèves de se parler « sans filet », sans dictionnaire et/ou Internet, et de trouver le moyen de se faire comprendre (la communication en allemand et français était privilégiée, mais l’anglais était également accepté si cette langue n’était utilisée qu’occasionnellement).

Un groupe facebook a également été crée, afin de faciliter l’échange entre les étudiants allemands et français. Ce groupe permettait d’informer quasiment en temps réel tous les participants du projet concernant les événements à venir, de poster des commentaires et des photos des visio-conférences et des documents en relation avec le sujet traité.

Les étudiants allemands sont ensuite venus, avec un financement partiel par l’OFAJ, à Albi au mois d’avril 2014. Ils ont approfondi avec leur partenaire français le sujet de la transition énergétique et visité des installations ainsi que les centres de recherche de l’École des Mines. Une rencontre avec la presse était organisée, lors de laquelle les élèves français et leurs partenaires allemands ont expliqué le projet et leurs réalisations à l’aide de posters et des vidéos réalisées lors des visio-conférences.

La valeur ajoutée apportée par cette innovation dans vos enseignements ?

Nous espérons avoir mieux préparé les élèves aux exigences professionnelles. Préparer un sujet avec un partenaire étranger, dans le cadre d’une présentation commune à quatre mains dans deux langues, réaliser des présentations dans une langue étrangère devant des natifs dans cette langue, à distance avec un vocabulaire technique, n’est pas facile, mais courant dans la vie professionnelle d’un ingénieur.

Faire un travail collaboratif avec une personne étrangère a été acquis, comme le démontrent les travaux présentés lors des visioconférences, et les élèves s’expriment avec plus d’aisance en allemand.

Pour l’enseignant, cela nécessite plus de travail de préparation qu’un cours classique, mais l’échange avec un collègue à l’étranger est stimulant et enrichissant. Utiliser de nouveaux moyens de communication permet de se situer dans un monde réel et non seulement dans une salle de cours.

La pédagogie de projet appliquée pour ce projet permet de plus à l’élève de travailler avec plus d’autonomie et d’apprendre en cherchant lui-même le vocabulaire nécessaire à son projet et la communication avec son partenaire.

Cette innovation nécessite-elle des moyens spécifiques (ressources matérielles, humaines…) ou des réorganisations (matérielles, organisationnelles…) ?

Il est mieux de disposer d’une salle de visio-conférence afin de capter l’ensemble des personnes présentes. A défaut, un ordinateur avec webcam peut être utilisé.

Nous n’avons pas pu organiser les visio-conférences lors des séances de cours, il était donc nécessaire de les réaliser en fin de journée. Les élèves ont participé à ces visio-conférences en plus de leurs cours habituels. Nous avons organisé 4 visio-conférences de deux heures chacune pendant la durée du projet.

Les élèves disposent tous d’ordinateurs (et de téléphones pour la plupart) avec un accès Internet, ils ont pu travailler chez eux avec leur partenaire.

Des réutilisations dans d’autres UV/Modules sont-elles possibles ?

De toute évidence, ce projet peut être utilisé pour toute autre langue étrangère ainsi que pour l’apprentissage du FLE.
D’ailleurs, une première réutilisation a été réalisée en anglais avec une Université anglaise. Nous nous sommes appuyés sur le réseau d’Universités/Ecoles partenaires (Erasmus ou autres) de l’IMT, ce qui facilitent la prise de contact.

Je pense que ce genre de projet est également transposable dans des TP ou TD techniques, car il faut aujourd’hui pouvoir travailler dans au moins deux, voire trois langues.

Nous avons fait part de notre projet à la direction des études et au service communication de notre Ecole. Lors de la venue des partenaires allemands, nous avons organisé une rencontre avec la presse afin de valoriser le projet dans la presse locale. Un entretien avec une radio locale a également réalisé.

Quels sont les points d’amélioration possibles et les moyens ou les conditions nécessaires à leur mise en œuvre ?

Nous avons constaté qu’il n’était pas toujours facile pour les élèves d’être disponible au même moment pour travailler ensemble. La période d’examen, par exemple, ne correspondait pas à celle de nos partenaires allemands, ce qui a généré une certaine frustration auprès des élèves disponibles.
Nos élèves choisissent une option en M1 et ceux qui n’avaient pas choisi les énergies renouvelables et/ou l’environnement, étaient moins motivés. Il nous semble donc nécessaire de définir le sujet à traiter avec les élèves, d’autant plus que les étudiants allemands avec lesquels nous avons travaillé font plutôt des études de droit ou de l’économie de l’environnement.
Nous n’avons pas bien réussi à obtenir des enregistrements des communications en direct des élèves. Il faudra veiller à proposer des moyens de communication « enregistrables », afin d’éviter que les élèves ne communiquent que par chat (facebook) ou mail.

Perspectives

Afin de s’assurer que les élèves discutent en direct, nous avons testé une nouvelle formule avec des élèves en L3 : chaque élève français a un partenaire allemand.
Au cours d’une première rencontre sur google hangout, qui a eu lieu pendant le cours, afin d’éviter des problèmes techniques, chaque élève français a fait connaissance avec son partenaire allemand. Cette première rencontre en présence du professeur a permis de s’assurer que les élèves arrivaient à se connecter sur la plate-forme et se parlaient en direct afin de « briser la glace ». Pour la semaine d’après, chaque élève a préparé un glog (poster interactif) de son partenaire qui a été présenté lors d’une visioconférence commune.

Photo 3 : premier hangout

En cours, nous avons ensuite préparé (dans les deux pays) le vocabulaire d’un nouveau sujet donné chaque semaine. La liste de vocabulaire hebdomadaire élaborée ensemble a été enregistré sur google drive et ensuite publié dans notre groupe facebook, pouvant donc être complétée. Le tandem avait une semaine pour produire un enregistrement vidéo d’une durée d’environ 15 minutes. Le lien de cet enregistrement devait être transmis aux deux professeurs pour évaluation.
Pour ce projet, nous avons utilisé la plate-forme cisco-webex. Elle est gratuite (jusqu’à trois participants), chaque personne ayant un compte peut programmer une réunion, elle permet d’enregistrer, de partager le bureau et de joindre des fichiers à l’espace réunion.
Les 4 sujets donnés pour les 4 semaines du projet étaient :

  1. Le système scolaire et de formation supérieure en France et en Allemagne ainsi que le parcours de chaque partenaire
  2. Chaque partenaire postule dans le cadre d’un speed-dating pour un poste, dont il a cherché l’annonce réelle auparavant, l’autre partenaire jouant le DRH de la société choisie
  3. L’élève décrit au partenaire sa journée de travail fictive dans l’entreprise dans laquelle il a embauché suite au speed-dating,
  4. Chaque partenaire décrit l’entreprise dans laquelle il travaille maintenant.
    Évidemment, chaque élève parlait dans la langue qu’il apprend, les entretiens se déroulaient donc toujours dans deux langues.

Ce projet a nécessité beaucoup de temps et d’investissement de la part des élèves et des professeurs, mais permet d’enregistrer des progrès rapides et importantes en communication orale.

Licence : CC by-sa

Portfolio

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