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Bulletin de veille no.5 - janvier 2016 - Stratégies pédagogiques et gestion de classe

Un article repris de http://pedagogie.uquebec.ca/portail...

Ce bulletin de veille a été rédigé par Martine De Grandpré, conseillère pédagogique et doctorante à l’Université du Québec en Outaouais.

Introduction

Enseigner est un acte professionnel complexe qui comporte, selon Dumouchel, 2015[i], deux dimensions centrales : la didactique (les activités d’enseignement/apprentissage) et la gestion de la classe (l’organisation et le climat). Puisqu’il est souhaitable que cet acte ait un impact positif sur la réussite des étudiants, il importe de s’attarder aux plus récents travaux sur ce sujet. Dans ce bulletin de veille, nous proposons le résumé de deux récents articles, l’un portant sur l’analyse de dispositifs pédagogiques pour développer une excellence sociale et sociétale en enseignement supérieur et l’autre sur la perception de la gestion de la classe.

Des dispositifs pédagogiques pour développer une excellence sociale et sociétale

Le premier résumé porte sur l’article Analyse de quelques dispositifs pédagogiques pour développer une excellence sociale et sociétale dans l’enseignement supérieur de Jean-Marie De Ketele[ii].

Selon De Ketele (2015), de plus en plus d’experts en pédagogie universitaire suggèrent d’amener les étudiants à développer leurs forces pour résoudre des problèmes liés à des enjeux sociaux afin de viser l’excellence sociale et sociétale. Des dispositifs pédagogiques favorisant ce type d’apprentissage sont proposés dans l’article. Parmi ceux-ci, il y a les travaux pratiques centrés sur des tâches complexes, les études de cas, les dispositifs de simulation, les approches par projets et les évaluations formatives.

Les travaux pratiques centrés sur des tâches complexes (par exemple, collecte de données sur le terrain) sont effectués en équipe et permettent aux étudiants de développer des compétences dans divers domaines (dimension sociétale). En effet, plusieurs tâches peuvent être demandées aux étudiants (planification, recherche bibliographique, synthèse, traitement et présentation de données, rédaction, discussion, etc.), qui se les partageront en fonction de leurs intérêts et de leur potentiel (dimension sociale).

Les études de cas proposées aux étudiants, en plus d’exiger des étudiants qu’ils mobilisent les connaissances et compétences enseignées dans le cours, doivent porter sur des aspects sociétaux et permettre aux étudiants de relever des défis (par exemple, une étude de cas portant sur l’abus de pouvoir). 

Les dispositifs de simulation (par exemple, acquérir des gestes techniques en aéronautique), surtout lorsqu’ils sont accompagnés d’un retour réflexif sur l’action, conscientisent les étudiants à leurs forces et défis et permettent de développer des aspects sociaux.

Les approches par projets (par exemple, construire un prototype de robot permettant d’amener dans une scierie des troncs d’arbres stockés dans un espace donné) sont des dispositifs interdisciplinaires qui amènent les étudiants à mettre en œuvre leurs connaissances et compétences et à développer un projet utile pour la société.

Les évaluations formatives visent l’évaluation constante et collégiale de l’étudiant. Ces évaluations doivent avoir lieu dans un environnement social donné et

[…] tradui[re] une vision de ce que pourrait être une société dont l’ambition serait de se construire par la mise en synergie des pôles d’excellence de chacun de ses membres, par une réflexion commune et respectueuse des critères que l’on se donne, par une volonté de mettre l’accent sur les plus-values apportés par les contributions des uns et des autres (p. 40).

Les dispositifs pédagogiques présentés par l’auteur donnent l’opportunité aux étudiants de développer et d’approfondir leurs connaissances et compétences en s’impliquant dans la recherche de solutions aux enjeux sociaux. Ils ne peuvent être mis en place sans qu’une importance soit accordée à la médiation, c’est-à-dire aux interactions favorisant le conflit sociocognitif entre les étudiants, entre l’étudiant et l’enseignant et entre l’étudiant et son environnement. Ces dispositifs nécessitent aussi la reconnaissance des potentialités de l’autre, c’est-à-dire être en mesure de « […] (i) le situer dans son environnement et dans son parcours ; (ii) l’accepter tel qu’il est ; (iii) le valoriser pour ce qu’il fait de positif ; (iv) lui manifester de la reconnaissance. » (p. 42). C’est donc pour tendre vers le développement d’une société meilleure que de telles pratiques d’enseignement sont proposées à l’université.

La perception de la gestion de la classe

Le second résumé porte sur l’article Lecturers’ Perception of Classroom Management : An Empirical Study of Higher Learning Institutions in Malaysia de Selvaraj Grapragasem et Prof Dr Prem Lal Joshi[iii].

L’objectif de cet article est de comparer les perceptions des enseignants au regard des composantes de la gestion de la classe, des problèmes auxquels ils sont confrontés et de la qualité de l’enseignement. La définition de la gestion de la classe qu’ils retiennent est celle d’Evertson et Weinstein (2006, p. 4) : « […] the actions teachers take to create an environment that supports and facilitates both academic and social-emotional learning. » Quatre composantes de la gestion de la classe sont ciblées, soit la gestion de l’environnement, la gestion des stratégies pédagogiques, la relation pédagogique et la gestion du temps, telles que traitées par Froyen et Iverson (1999).

Pour atteindre leur objectif, une étude comparative a été menée dans les deux types d’universités de la Malaisie, soit l’institution d’état et l’institution privée. Le questionnaire a été l’outil de collecte de données retenu. L’échantillon était composé de 100 participants, 50 provenant du public, 50 du privé. Une analyse statistique des données a permis de savoir qu’il n’y a pas de différence significative entre les enseignants du public et ceux du privé.

En effet, les enseignants de chacune des institutions ont une compréhension commune des quatre composantes de la gestion de classe. Par exemple, ils disent mettre en place les meilleures pratiques pédagogiques possible en fonction du contenu du cours, adaptent le rythme de leur cours aux besoins des étudiants, offrent du renforcement positif, proposent des occasions de partage, etc. Concernant la gestion des problèmes, ils disent faire de la prévention des problèmes et intervenir rapidement si nécessaire. Pour ce qui est de la qualité de l’enseignement, ils précisent fournir aux étudiants du matériel pédagogique adapté, encourager les étudiants à résoudre des problèmes et les amener à développer des hauts niveaux de pensée. 

En résumé, les résultats de cette recherche permettent d’apprendre que les enseignants de niveau universitaire en Malaisie ont une compréhension commune de la gestion de la classe, qu’ils règlent les problèmes au fur et à mesure et qu’ils mettent en place des pratiques favorisant un climat d’apprentissage.

Conclusion

Les informations transmises dans le premier article résumé dans ce bulletin de veille permettent d’en connaître davantage sur des dispositifs pédagogiques visant à développer une excellence sociale et sociétale puisque de nombreux exemples sont donnés. Les informations transmises dans le second article permettent d’en apprendre sur la gestion de la classe, entre autres parce qu’on y propose un cadre théorique intéressant sur le sujet et que les résultats de la recherche nous apprennent que des enseignants de contextes différents ont une perception commune de ce qu’est la gestion de la classe. Ces deux recherches apportent donc un éclairage intéressant sur l’acte complexe qu’est l’enseignement. 


Références

[i] Dumouchel, M. (2015). Cohérence constructiviste : explorer les liens entre la didactique des mathématiques et la gestion de la classe. Communication par affiche, Colloque des étudiants du doctorat réseau en éducation, Gatineau.

[ii] De Ketele, J.-M. (2015). Analyse de quelques dispositifs pédagogiques pour développer une excellence sociale et sociétale dans l’enseignement supérieur. Encounters in Theory and History of Education, 16, 27-44.

[iii] Grapragasem, S. et Joshi, P. L. (2015). Lecturers’ Perception of Classroom Management : An Empirical Study of Higher Learning Institutions in Malaysia. International Journal of Higher Education, 4(4), 137-146.

Licence : CC by-nc-sa

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