Innovation Pédagogique et transition
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Une page d’histoire : Distances et médiations des savoirs, D&S avant DMS

Un article repris de http://journals.openedition.org/dms/2147

Aperçu des coulisses de la revue Distances et savoirs, entretien avec Martine Vidal, co-rédactrice en chef de D&S puis de Distances et médiations des savoirs de 2001 à 2017.

Un article par Martine Vidal et Conseil scientifique repris de la revue Distance et Médiations des Savoirs, une revue sous licence CC by sa

DMS : D’où l’idée de lancer une revue sur la formation à distance est-elle venue au Cned ?

Martine Vidal : Autant aborder l’histoire des quinze premières années de D&S/DMS de façon concrète et réaliste, car tout n’a pas été virtuel et éthéré.

Cela commence un peu comme un roman. C’est l’hiver, le soir, et il pleut sur Paris. Le 6 février 2001, je suis conviée à me joindre à une réunion entre Jean-Louis Billoët, directeur adjoint du Cned, et Sami Menascé, directeur général d’Hermès-Science Publications (HSP), une maison d’édition qui, à cette époque, publie plutôt des ouvrages relevant de sciences formelles. Je n’ai pas entendu parler précédemment du projet considéré, et qui semble satisfaire les deux principaux interlocuteurs. À vrai dire, je suis sous le charme des lieux, quai du Marché-Neuf à Paris, avec son ancien escalier tournant, en sombre bois sculpté et j’avoue n’avoir été vraiment attentive que lorsque J.L. Billoët m’annonce, une fois sortis sur le quai, que c’est à moi de prendre en charge ce projet, la création d’une revue scientifique sur l’enseignement à distance, coéditée par HSP et le Cned.

DMS : Quelle est votre réaction ?

MV : Inquiétude et enthousiasme mêlés. J’achète un petit précis sur le métier de secrétaire d’édition dans la première librairie rencontrée, mais rien ne semble répondre à mon cas. Puis il y a dû y avoir des allers-retours dans les couloirs du Cned, des courriers à rédiger, des réponses à proposer, des rendez-vous autour de petites et de grandes tables, des budgets à revoir (les budgets sont rarement qualifiés autrement « qu’à revoir », ce fut le cas bien évidemment, et pourtant, comme on verra plus tard...), des gens à convaincre. Une convention sera signée le 21 août 2001, que je découvre les jours suivants, mais qui se révélera inapplicable dès le premier numéro publié en 2003. En effet, entre temps et sans prévenir le Cned, HSP a revendu ses marques aux éditions Lavoisier qui n’ont pas vu que l’une des revues qu’elles venaient d’acquérir était en coédition avec le Cned. Nous nous sommes découverts en même temps, Lavoisier et le Cned, et un peu tard, autour d’une convention qui n’était pas parfaitement adaptée à ce changement. Mais plutôt que de m’attarder dès maintenant sur les problèmes juridiques qui s’ensuivirent, voici à présent la belle et bonne rencontre de ceux qui furent les trois membres du « conseil scientifique ».

DMS : Comme ce « conseil scientifique » a-t-il été constitué ?

MV : La convention prévoyait qu’HSP et le Cned désigneraient chacun son « représentant » audit conseil, et que les deux représentants choisiraient eux-mêmes (elles-mêmes, en l’occurrence) un troisième compère. C’est ainsi que le 30 mars 2001, Monique Grandbastien, qui apporte toute son expérience – elle est déjà rédactrice en chef de la revue Sciences et techniques éducatives (STE), et moi-même, décidons de convaincre Pierre Mœglin de nous rejoindre. Il est alors professeur en sciences de l’information et de la communication à Paris 13, et, ce qui était très pertinent, auteur parmi bien d’autres publications de « L’industrialisation de la formation — État de la question » [1]. Le 19 mai le trio se réunit pour la première fois, et dix-sept ans plus tard, je continue de me réjouir de cette rencontre, de notre collaboration vite devenue amicale autant que professionnelle. Ce fut également le cas avec nombre de membres du comité éditorial, mais je reviendrai plus tard à ce dernier.

DMS : Mais pourquoi, selon vous, le Cned a-t-il pris cette initiative ?

MV. La question m’a été posée de nombreuses fois à l’époque et depuis lors : pourquoi le Cned — qui conçoit, produit et édite des cours, mais dont il ne semble pas qu’il ait vocation à publier une revue à comité de lecture, notamment parce que bien qu’il enseigne au niveau universitaire, il n’est pas une université à distance au sens complet du terme, comme l’Open University britannique par exemple — pourquoi voulait-il donc créer une revue scientifique sur l’enseignement à distance ?

Un petit détour historique est nécessaire. En 2000, le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur lance un premier appel à propositions pour la création de campus numériques, avec pour objectif la construction d’une offre nationale de formation ouverte et à distance (FOAD). Pour être considérés et éventuellement retenus, ces projets de campus doivent regrouper des établissements d’enseignement supérieur publics et d’autres partenaires publics et/ou privés en « consortiums ». La politique d’accompagnement qui va avec l’appel donne à penser qu’il sera conduit des études techniques, des analyses des usages, que des formations des participants seront conçues. Avec quelques évolutions et variantes dans les objectifs, cet appel est relancé en 2001 et 2002 [2].

Plus de 60 projets seront retenus à terme. Le Cned participe initialement à 17 d’entre eux. Le recteur directeur général du Cned à cette date, Guy Aubert, et Jean-Louis Billoët, envisagent alors la création d’une revue scientifique portant sur le type d’enseignement à distance que les campus vont développer, et pour lequel le Cned, établissement public national, principal opérateur en France, détient un savoir-faire longuement expérimenté [3]. La revue serait donc comme un soutien et un support pour les travaux que les partenaires universitaires seront amenés à conduire à l’occasion du développement des « campus numériques » et de l’e-learning très généralement. Je cite l’avant-propos que Guy Aubert a rédigé pour la publication du premier numéro de D&S, en février 2003 :

« Si les technologies de l’information sont aujourd’hui à la mode, il y a bien longtemps que leurs évolutions interpellent tous les acteurs de l’éducation. L’enseignement à distance a souvent été plus rapide que les secteurs plus traditionnels de l’éducation pour se les approprier et les mettre en œuvre au bénéfice de ses utilisateurs. Imprimerie, poste, téléphone, radio, télévision, ordinateur, cédérom, internet… autant de moyens qui ont contribué à transformer ses méthodes et ses pratiques éducatives. L’e-learning n’est que le dernier avatar médiatique de cette transformation permanente.

Le centre national d’enseignement à distance qui embrasse tous les niveaux d’enseignement et toutes les disciplines est un terrain d’expérimentation unique et le lieu de rencontre exceptionnel d’une logique nécessairement industrielle, dès lors qu’il faut prendre en charge des centaines de milliers d’inscrits, et d’une innovation pédagogique qui doit franchir le passage toujours difficile du “laboratoire” à l’unité de production.

Un lien fort avec la recherche universitaire internationale du domaine lui est apparu indispensable pour stimuler, accompagner et conforter l’innovation, mais force a été de constater qu’il n’existait pas vraiment de publication scientifique, à dominante francophone, répondant pleinement à cette attente. La rencontre du Cned et de Hermès Sciences [4] qui apporte tout son savoir-faire dans l’édition scientifique nous permet de vous présenter cette nouvelle revue, Distances et savoirs, en souhaitant qu’elle réponde aux attentes des chercheurs et des praticiens intéressés à l’enseignement à distance, au moins suffisamment pour qu’ils la fassent vivre » [5].

C’est cette mission de soutien par la diffusion de la recherche sur un domaine que le Cned connaît bien qu’avec HSP il a confié à notre trio, et dont je suis responsable au nom du Cned.

DMS : Mais un conseil scientifique à trois, cela ne fait pas une revue...

MV : Vous avez raison. Après avoir rédigé à nous trois une présentation de la revue, nous avons entrepris de convaincre des chercheurs, comme des praticiens, de constituer le comité éditorial. Or, l’enseignement à distance n’existe pas en tant que discipline. Il est au croisement de plusieurs domaines, sciences de l’éducation, sciences de l’information et de la communication, science informatique, sciences sociales... les travaux qui le concernent déjà en 2001 ne sont pas très nombreux en français, et les praticiens du domaine sont certainement plus nombreux que les chercheurs, notamment dans le domaine de la formation continue. Aussi avons-nous souhaité d’emblée que ces derniers soient représentés dans le comité. Les chercheurs eux-mêmes appartiennent souvent à d’autres communautés de recherche liées à leur propre discipline, publient dans des revues les concernant plus directement, et ils pouvaient hésiter à s’engager dans ce projet transversal atypique, une revue de type universitaire portée par un établissement qui n’est pas une université. Par essence l’enseignement à distance ne connaît pas de frontière, et ce serait même sa mission première d’en franchir le plus possible, qu’elles soient géographiques, sociales, disciplinaires, professionnelles, linguistiques ou nationales... Nous avons donc aussi sollicité des collègues à l’international, à condition qu’ils soient suffisamment francophones, et des collègues de Belgique, d’Espagne, de Grande-Bretagne, d’Irlande, d’Italie, de Norvège, du Québec et du Sénégal se sont joints au projet.

DMS : Quand la première réunion a-t-elle lieu ?

MV : Le comité éditorial international (et donc francophone) se réunit le 27 mars 2002 pour la première fois (voir extraits du compte-rendu de la réunion en annexe). Étant donné notre objet principal, les distances, nous aurions pu nous contenter d’échanges par courriels ou en visioconférence par exemple, mais considérant l’hétérogénéité disciplinaire et nationale des membres qui ont courageusement répondu positivement à notre sollicitation, nous étions réalistes : faire connaissance en présence semblait indispensable. Cette réunion est devenue annuelle [6], et elle joue un rôle certain dans la cohésion et l’entente lors des décisions sur les orientations de la revue, sur des thèmes à aborder. Un échange bref, mais révélateur lors de la première réunion m’avait d’ailleurs confirmé que le rapport en face à face et à plusieurs permettait de clarifier prestement des questions délicates : l’un des membres s’est inquiété, assez courageusement, car je pense qu’il n’était pas le seul à s’interroger, de ce que le Cned, sous couvert d’une revue scientifique, ne serait pas en train de simplement de concevoir un support de communication à son avantage. Cette question a permis de mieux préciser le statut de la revue, et d’affirmer sa totale indépendance scientifique vis-à-vis du Cned.

DMS : Rétrospectivement, cette « totale indépendance » a-t-elle ensuite été préservée ?

MV : Je voudrais souligner ici qu’aucun recteur et directeur général du Cned, tout en soutenant toujours la revue, n’a jamais essayé d’intervenir dans D&S puis dans DMS, ou de demander que tel ou tel sujet soit traité, ou au contraire exclu, ni demandé à relire, voire exiger un droit de regard sur les articles publiés. La revue doit beaucoup à la confiance que les directeurs ont témoignée à l’équipe scientifique de D&S — et de DMS. En retour, je crois que le conseil scientifique comme le comité éditorial ont été parfaitement conscients de la chance que le Cned a représentée pour la recherche francophone dans le domaine de l’enseignement à distance, et se sont montrés d’une parfaite loyauté à son égard.

DMS : Et pendant ce temps-là, quelles relations avec HSP ?

MV : HSP, qui a déjà vraisemblablement entrepris de vendre ses revues à Lavoisier, s’impatiente. Comment n’avons-nous pas déjà un volume de quatre numéros en chantier pour 2002, le premier tout prêt et les trois autres bien avancés ? Ce qui était méconnaître que le « bruit » qui est fait autour des TIC, TICE, campus numériques, et autre e-learning au début des années 2000, ne voulait pas dire que le « champ » existait, qu’il y avait des recherches lisibles déjà presque publiables...

Le conseil scientifique et le comité éditorial vont donc se hâter d’arpenter ce domaine et d’identifier ses acteurs, les revues qui en parlent, en France et à l’étranger, de définir les thèmes qui le jalonnent [7]. Ils s’interrogent aussi sur la manière de mettre en tension deux aspects de la revue, scientifique d’une part et technologique d’autre part, et comment aider le transfert de la recherche vers la pratique. Un appel à contributions est lancé via les réseaux de chacun (la revue n’a pas encore de liste de diffusion, HSP n’aide guère).

DMS : Alors, le premier numéro ?

MV : Des textes presque expérimentaux sont recueillis, puis de premiers articles véritablement étayés. Les expertises en double aveugle sont attribuées, chacun commence à prendre la mesure de l’entreprise. D&S, Vol1, numéro 1 est publié en février 2003 (https://ds.revuesonline.com/​).

Et là, la corédactrice en chef/responsable de revue/secrétaire de rédaction se rend-compte que ce n’était qu’une toute petite étape. Il y a toujours plusieurs numéros en cours, il y a toujours l’inquiétude des articles qui n’arrivent pas à temps, des relecteurs qui ont oublié le texte à relire, des auteurs qui renâclent à faire les révisions demandées par les relecteurs – mais aussi, le plus souvent, qui remercient les experts de les avoir aidés à améliorer leur travail — les auteurs auxquels il faut écrire que leur texte a été refusé, puis le numéro suivant que l’on tarde à finaliser.

Commence toutefois le déroulement assez captivant des numéros que l’on construit, que l’on range fièrement sur une étagère [8], alignement bien modeste au début, mais qui témoigne très concrètement de l’avancement et de la persévérance du projet. Puis, le numéro livré en urgence (assez souvent...), le devoir accompli, on prend le temps du plaisir d’un « bon » texte, celui d’avoir contribué à le faire progresser, d’avoir aidé de jeunes chercheurs, diffusé des recherches ; on ressent aussi la fierté de la reconnaissance des domaines que croise D&S, puisque la revue devient « qualifiante » et figure assez rapidement sur les listes de l’AERES en sciences de l’éducation et en sciences de l’information et de la communication...

DMS : Le lectorat suit-il ?

MV : Réunir ces textes, composer un numéro varia ou thématique, et le faire imprimer, n’a de sens que si un lectorat y trouve son intérêt. Or, il est bien probable que le lectorat est déjà là, et le Cned déploie ses moyens de communication à chaque publication d’un nouveau numéro, prépare des communiqués de presse, les adresse aux partenaires, et en tous lieux qui semblent utiles. Conseil scientifique et comité éditorial réunis, nous organisons d’ailleurs une soirée de présentation à la librairie internationale Tekhné, rue des Carmes à Paris, en octobre 2003 [9]. Ces efforts se heurtent malheureusement au tarif imposé par le coéditeur.

DMS : Quel est l’obstacle ?

MV : Le tarif de l’abonnement [10] est excessif pour un ouvrage sans couleur, sans formule mathématique complexe ou schéma extravagant à imprimer. En outre, alors que d’autres revues scientifiques ont déjà deux modes de diffusion, imprimée et en ligne, D&S n’existe que sous la forme imprimée, et ne sera en ligne qu’en 2006, via la plate-forme payante Cairn (https://www.cairn.info/​revue-distances-et-savoirs.htm). Enfin, le coéditeur impose une barrière de cinq ans, ce qui est absurde pour une revue en sciences humaines : lorsque les textes deviennent enfin accessibles gratuitement, ils sont anciens, leurs contenus ont été diffusés ailleurs, sous des formes plus ou moins proches de celles emprisonnées dans D&S. Lavoisier créera un site un peu plus tard (https://ds.revuesonline.com/​), d’où les articles peuvent être téléchargés contre paiement à l’unité, et ne restent lisibles que deux semaines sur l’ordinateur de l’acquéreur. Il m’arrive souvent à cette époque d’envoyer un article à des étudiants qui n’y accèdent pas, voire tout un numéro [11].

DMS : Comment le comité réagit-il à cette situation ?

MV : Cette situation problématique est très vite identifiée, des démarches entreprises auprès du coéditeur, des rencontres entre les directeurs juridiques successifs du Cned et du coéditeur sont organisées, mais en vain. Le Cned connaît une succession de cinq recteurs-directeurs généraux entre 2000 et 2011, auxquels j’explique à chaque fois notre regret que tant d’efforts soient en partie perdus. Ce sont principalement les bibliothèques universitaires qui peuvent s’abonner à un bouquet de revues, comportant D&S [12].

Mais si tous les recteurs soutiennent sans faillir le projet D&S, la démarche qui consisterait à rompre avec le coéditeur n’est pas leur tâche la plus prioritaire. Serge Bergamelli, le premier directeur général non recteur, prend finalement la nécessaire décision qui permet aux auteurs de D&S d’enfin atteindre leurs lecteurs. En 2011 la convention de coédition est dénoncée, le Cned assumera seul l’édition de la revue, et nous candidatons pour être acceptés sur la plate-forme Revues.org d’OpenEdition.

DMS : C’est à ce moment que Distances et savoirs devient Distances et médiations des savoirs ?

MV : En effet, le titre initial reste la propriété du coéditeur, comme le stipulait la convention [13]. DMS est enfin accessible gratuitement en ligne, l’équipe initiale, restée fidèle tout au long de ces années, est la même, et elle voit récompensé son travail, la revue et ses auteurs ont rencontré et considérablement élargi leur lectorat.

14 février 2018 — Statistiques de consultation de DMS depuis son premier numéro sur revues.org, en décembre 2012.
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DMS : Mais, derrière la revue ou avec elle, n’y a-t-il pas d’autres activités ?

MV : En effet, nous avons toujours envisagé D&S comme un carrefour, du fait d’une part de son domaine, lui-même croisement de plusieurs disciplines, et d’autre part de la nature de l’enseignement à distance, aux multiples chemins. Au cours des « années D&S », nous avons donc coorganisé avec le Cned plusieurs colloques pour que chercheurs, praticiens et lecteurs français et internationaux puissent échanger et discuter, le comité éditorial de D&S étant largement impliqué en tant que comité scientifique des colloques. Il y eut ainsi des rencontres au Cned, et plus précisément à l’École d’ingénierie de la formation à distance (EIFAD), en 2004, 2009 et 2012 [14].

DMS : Et l’ouverture internationale ? En quoi y avez-vous contribué ?

MV : Il y a parfois de curieux hasards. Le bateau « Fleur de Lampaul » y est pour quelque chose... En 1997, à l’occasion d’un projet entre le Cned et France Télécom qui équipait expérimentalement ce bateau pour permettre aux enfants qui y étaient embarqués de communiquer leurs images, et éventuellement de recevoir des cours ou autres documents, la responsable pour France Télécom m’avait suggéré de candidater pour être experte auprès de la Commission européenne, notamment pour les projets soumis au cinquième programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et le développement technologique (5e PCRD et suivants) [15]. Avoir été experte pour des programmes européens, membre du bureau exécutif puis vice-présidente du réseau European distance and e-learning network (EDEN), et avoir souvent représenté le Cned dans d’autres réseaux européens ou internationaux d’enseignement à distance (EADTU, ICDE [16]), m’avait permis de solliciter plusieurs des collègues internationaux qui sont entrés au comité éditorial de D&S. Cela m’a également permis, avec le conseil scientifique et le comité éditorial de concevoir plusieurs numéros thématiques faisant se croiser, à distance et dans nos pages, des chercheurs et des praticiens d’horizons divers. En 2007-2008, nous avons notamment organisé un appel à contributions en commun avec cinq autres revues internationales1 [17], sur le thème « Quel rôle joue l’enseignement à distance dans la mise en œuvre du droit à l’éducation ? ». Ce qui donna lieu à un numéro hors-série en 2008 [18], puis fut à l’origine du thème de l’atelier de recherche d’EDEN, coorganisé avec D&S et le Cned à l’UNESCO en octobre 2008. Nous avons aussi construit avec Michael G. Moore, le n° 4, vol. 7/2009 de D&S [19], « À la croisée des recherches autour du “Handbook of distance education” », où plusieurs des textes du « Handbook » sont introduits et commentés par des membres du comité éditorial de D&S.

DMS : Quel jugement portez-vous sur l’évolution des thématiques ?

MV : En 2011, la dernière année sous le nom D&S, notre revue interrogeait « Où va la distance ? » dans ses deux derniers numéros, une sorte de point d’orgue, pour justement prendre quelques distances et la mesure des évolutions qui animent l’enseignement à distance. En décembre 2012, le temps de devenir DMS, notre revue publiait sur Revues.org son premier numéro gratuit en ligne. Aujourd’hui, après quinze années de publications régulières, de 2003 à 2018, je suis encore étonnée du chemin parcouru depuis la première réunion entre HSP et le Cned en février 2001, je suis immensément reconnaissante à mes chers commère et compère du conseil scientifique, à tous les membres du comité éditorial, passés et présents, et depuis les années DMS, à la « secrétaire de rédaction » [20], pour la confiance qu’ils ont eue en ce projet et en moi-même, pour le temps qu’ils y consacrent. J’espère que tous ont la même satisfaction devant le travail accompli, et je souhaite à tous que DMS continue à offrir un espace de diffusion de la recherche et des expériences des praticiens comme des chercheurs dans le champ bien foisonnant de l’enseignement à distance.

Quelques images pour conclure

En hommage à Georges Colom [21], normalien, grand pédagogue, biologiste, maître de conférence à la Sorbonne, auteur de manuels scolaires en botanique et en zoologie, et auteur de livres sous forme de « bandes dessinées », texte et images, sous le pseudonyme de Christophe, on trouvera ci-dessous l’alpha et l’oméga des « Facéties du sapeur Camember », publiées à partir du 4 janvier 1890 dans le « Petit Français Illustré, journal des écoliers et des écolières », un journal précurseur de l’enseignement à distance auprès des scolaires, alternant récits et illustrations sur des sujets variés. Ces deux planches, la première et la dernière des « Facéties » ont sensiblement été relues de façon à bien éclairer mon propos. Mais on peut accéder à l’ouvrage original à : http://gallica.bnf.fr/​ark:/12148/​bpt6k6356474v

Les pages originales

Première page revue

Dernière page revue

Licence : CC by-sa

Notes

[1Mœglin P. (1998). L’industrialisation de la formation — État de la question, Paris, CNDP

[2D&S, VOL 4/1 — 2006 - pp. 109-112, Françoise Thibault — https://ds.revuesonline.com/article.jsp ?articleId =8161

[4A noter qu’à cette date nous ne savions pas que Lavoisier était l’éditeur et non plus HSP. Par la suite, le Cned, qui participait pour moitié aux dépenses, pas du tout aux revenus, et fournissait tous les contenus de la revue, n’a jamais été reconnu par Lavoisier comme co-directeur de la publication. La convention était pour le moins curieusement conçue.

[5D&S (2003), vol1, n1, p. 7

[6Le Cned prend en charge l’essentiel des frais de ces réunions : déplacements, hébergements, salle de réunion lorsque celles-ci ont lieu à Poitiers. Des membres du comité relevant d’universités ou autres institutions parisiennes ont aussi souvent prêté leurs locaux.

[7Voir l’article de D&S, qui résume le travail de défrichage de Geneviève Jacquinot concernant le champ de D&S en 2002-2003, et les revues du moment. Jacquinot, G. (2003), Du côté des revues francophones, D&S VOL 1/1 — pp. 167-170 https://ds.revuesonline.com/gratuit/DS1_1_167-170.pdf

[8J’ai pu constater combien de fervents défenseurs du tout en ligne parmi les auteurs étaient toutefois désireux de disposer de l’exemplaire imprimé que leur fournissait le coéditeur de D&S, puis le Cned pour DMS.

[9La librairie Tekhné, consacrée à la communication, n’existe plus, malheureusement. Un exemple du problème de D&S : même cette librairie spécialisée ne stockait pas d’exemplaires de D&S car ils coûtaient trop chers.

[10Le coéditeur préfère évidemment encourager l’abonnement ; le tarif est élevé, et l’achat d’un exemplaire à l’unité devient prohibitif, le coût proche de celui d’un livre d’art, ce que, malgré notre grande fierté, D&S n’est pas vraiment.

[11Je dois reconnaître que le coéditeur nous procurait des exemplaires pour les auteurs et pour les services du Cned, et parfois des exemplaires supplémentaires lors de numéros thématiques particuliers.

[12Le responsable des revues chez notre coéditeur indique par exemple qu’en août 2009, D&S figure dans deux bouquets de revues, en sciences de l’éducation d’une part, avec 31 autres revues, et seulement 3 licences vendues, la consultation des articles de D&S représentait 6,67 % des consultations d’articles de ce bouquet, et dans le bouquet général d’autre part avec 141 autres revues, où la consultation des articles ne représente évidemment plus grand-chose, 0,36 % de l’ensemble des consultations. En outre, je ne sais pas si ces chiffres ne concernent que l’année 2009 (qui, en août, n’en est qu’à la moitié, ou s’ils concernent les années précédentes. Cette même année 2009, il y a moins de 100 abonnés, tous institutionnels.

[13Les numéros de 2003 à 2011 sont d’ailleurs accessibles sur leur site, et sur Cairn, et depuis le site de DMS, dans la rubrique « archives » qui renvoie directement aux articles par nom d’auteur sur le site de Lavoisier.

[14On peut en retrouver les thèmes, ainsi que tout l’historique de la revue D&S à http://www.cned.fr/ds/

[17Asian Journal of Distance Education : http://www.asianjde.org/

Distances et savoirs, www.cned.fr/ds, http://ds.revuesonline.com

EURODL : http://www.eurodl.org/

Journal of Asynchronous Learning Network : http://www.sloan-c.org/publications/jaln/

IRRODL : http://www.irrodl.org/

Open Praxis : http://www.openpraxis.org/

[18www.distanceetdroitaleducation.org (NB. cette adresse d’URL a disparu, mais on peut retrouver le descriptif et les résumés des 44 articles résultant de cet appel à : https://journals.openedition.org/dms/2081, dans le menu « archives » de DMS)

[19https://ds.revuesonline.com/resnum.jsp ?editionId =1297&Submit2.x =21&Submit2.y =12

[20Dois-je préciser combien il est réconfortant d’avoir une telle complice et partenaire de « lodelisation », de tout temps, mais aussi lorsque de – rares, bien sûr — moments d’irascibilité surgissent ?

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