Un article repris du Living lab Sofa du Cnam, un laboratoire des usages socio-éducatifs du numérique ; une publication sous licence CC by nc nd
Madeleine est enseignante au Cnam et intervient auprès de différents publics d’apprenants. Dernièrement, elle s’est longuement interrogée sur la solution pour allier bilan des apprentissages et engagement personnel des apprenants tout au long d’une formation. Ceci dans le but de mettre en place une dynamique de groupe et donner du sens à la formation.
Qui ne s’est pas retrouvé quelques semaines après avoir suivi une formation face aux constats suivants ?
Certains apprenants ont besoin de prendre des notes pour synthétiser les informations clés à retenir d’une formation. Cela leur permet de garder des traces et d’y revenir à tout moment pour se faire une piqûre de rappel. D’autres ont besoin de rester concentrés en écoute active, de vivre des expériences entre pairs, de résoudre des problématiques, des cas concrets…etc.
Naturellement, Madeleine s’est inspirée de son ancienne vie d’élève, notamment de ses interrogations et de ses difficultés, pour proposer un outil d’accompagnement et de guide dans les formations qu’elle anime. Convaincue que rien ne vaut un petit dessin, elle a construit un visuel personnel, une feuille de route d’apprentissage qu’elle propose à ses apprenants à chaque début de formation. Pour chacun d’eux, cette fiche devient un support « photographique » de sa formation, de son vécu et un mémo de son engagement pour la suite. Il s’agit d’un fil rouge qu’ils font vivre tout au long de leur formation.
Le premier dessin était un « gribouillis » avec 4 cases contenant un cœur, des étoiles, une flèche et une cible pour qualifier ce que l’apprenant « avait aimé », « avait appris », « avait envie de creuser » et « avait prévu de faire ».
Petit à petit, son outil a fait ses preuves. Tout au long des formations dispensées par Madeleine, chaque apprenant pouvait le ressortir et faire à minima le constat de la mise en application ou non des acquis, puis qualifier sa capacité à mettre en pratique les engagements qu’il s’était fixés en fin de formation. L’année dernière, Madeleine a animé des sessions de formation de formateurs pour lesquels le format du déroulé était le suivant : un regroupement en présentiel de deux jours puis une demi-journée à distance trois mois plus tard. Pendant la coupure entre les deux jours de formation en présentiel et la demi-journée à distance, les apprenants avaient pour consigne de mettre en pratique ce qu’ils avaient prévu de faire. La demi-journée à distance permettait donc à chaque apprenant de partager, en direct, ses expériences et de recevoir un feedback du groupe et du formateur. Ce temps à distance de retour d’expérience (REX) pouvait parfois être un peu pauvre et peu dynamique en échanges. Il arrivait que les témoignages de mise en pratique des apprentissages en présence ne soient pas suffisants pour alimenter ce temps de partage entre pairs. Par ailleurs, Madeleine avait du mal à garder en tête les projets ou intentions de mise en pratiques de chacun pour les différents groupes qu’elle suivait.
Elle avait donc amélioré sa feuille de route et avait proposé la nouvelle version à ses groupes d’apprenants.
Quel bilan après un an de pratique : la démarche était appréciée et servait aux apprenants qui s’en emparaient comme fiche mémo pour mettre en pratique avant le temps de REX. De son côté, Madeleine prenait en photo les feuilles de route de ceux et celles qui étaient d’accord pour avoir de la matière et une photo souvenir pour préparer le temps à distance. Cela lui permettait également d’avoir un retour plus riche sur les acquis et/ou axes de progression des apprenants.
Est-ce que ça fonctionne à tous les coups ? non ! Cela dépend de la dynamique de groupe, du profil des apprenants et de leur motivation à se former. Certains groupes étaient constitués de personnes qui n’avaient pas choisi de suivre la formation et de ce fait n’adhéraient pas trop à l’utilisation de cet outil d’accompagnement. Les apprenants de type « bons élèves » ou les profils « curieux » étaient plutôt favorables à l’utilisation de cet outil. L’important étaient de garder cette approche comme une option pour chacun et non pas comme une obligation.
Avec un peu de persévérance et de récit d’expériences réussies, Madeleine arrive même à convaincre d’autres formatrices et formateurs de s’emparer de l’outil.
Ci-dessous le visuel de la feuille de route
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