Une initiative de l'Institut Mines-Télécom avec un réseau de partenaires
A la suite des cercles d'apprentissage de Riposte Créative Territoriale à la fin du Covid le CNFPT région Bretagne et la communauté Utilo ont mis en place une formation hybride autour de la facilitation d'intérêt général. Cette formation action s'est déroulée sur deux regroupements et 6 séquences à distance au printemps 2022, Elle a concerné un public mixte : 8 personnes des collectivités locales sur un recrutement CNFPT et 7 personnes ses services de l'état et de l'ESS. Cet article (en brouillon) est un retour sur les apports et les difficultés rencontrées dans ce mode de formation, exprimés de ma position d'observateur durant la session.
En partenariat entre la communauté Utilo et le CNFPT Bretagne, une formation hybride :Co-apprendre à être facilitateur dans son organisation qui articule deux journées en présentiel et 6 séances de 2h à distance en cercles d'apprentissage.
Les cercles d'apprentissage sont une modalité de formation action expérimentée et décrite dans Riposte Créative Territoriale Cette formation action s'adresse à un public mixte : 8 agents des collectivités via une inscription CNFPT et 7 personnes des service de l'état en Bretagne (4) acteurs de l'ESS (3) avec une inscription auprès du Tilab.
Elle teste une modalité d'embarquement "en facilitation" et/ou dans la communauté UTILO, et passer de "Curieux" à "Contributeurs". Cette formation fera l'objet d'une évaluation.
La richesse du groupe Utilo qui composé d'une trentaine d'agents de collectivités et des services publics de l'état en Bretagne a donné l'idée d'une formation action qui testerait la modalité de cercles d'apprentissage dans une "formation catalogue' du CNFPT.
La proposition était ici de le faire en formation hybride en présenciel et à distance en mixant un apport initial et les cercles d'apprentissage.
Trois partis pris ont été faits dans cette démarche
la journée d'ouverture
– son déroulé au Tylab proposé par Yann et Tatiana : il s'agit ici d'une formation hybride où un contenu est prédéfini pour cette première journée en présenciel, même si la dynamique inclue de la co-construction tels les accords de groupe ou les opportunités d'apprentissage ou d'expérimentation...
En voici les différents temps
Dans les notes prises
Les notes étaient prises à plusieurs sur un pad puis retranscrites sur une page du wiki pour être conservées en étant anonymisées
à distance
L'organisation pédagogique de la formation à distance repose sur 6 cercles d'apprentissage (tous les 15 jours de février à avril) dont les thèmes (définis à posterio) ont été :
A la fin de chaque session un appel était fait pour animer la session suivante : 10 personnes (+1 Benoît) ont ainsi participé à l'animation des différentes sessions malgré des difficultés d'emploi du temps chargés pour beaucoup.
une prise de note anonymisée est associé à chaque session, en accès sur Riposte Créative Bretagne
(voir aussi les notes plus complètes)
et le rétro vernissage (voir les notes)
par les participant.e.s
Amont/interconnaissance /inclusion
0utils et méthodo
Faire ensemble : les conditions de réussite
Rôle des facilitateurs et trices
Cadrer plus globalement les rencontres (vers quoi on tend ensemble ?)
Garder des liens pour s'entraider
– être attentif à une certaine homogénéité des attentes des participants :
les personnes "débutantes" en demande d'un apprentissage du comment faire vs les personnes ayant une pratique antérieure intéressées par des échanges, un approfondissement
– comment améliorer :
– des outils conviviaux et un support "techno-pédagogique"
– prendre en compte le temps de préparation pour son implication
au delà l'"investissement personnel de 30 min à 1h minimum entre les cercles", la personne qui prépare un cerce a besoin d'un temps de préparation pas toujours facile à négocier dans son organisation
– comment
– comment améliorer :
– une difficulté de relation entre les deux animateurs
la co-animation entre une personne ayant une pratique des cercles via l'université du nous et la personne ayant une pratique de la facilitation au sein de la communauté Utilo
– l'hétérogénéite des participants : en ouvrant aux services publics de l'état et à des acteurs de l'ESS et conforme à la description
Agents de collectivités territoriales, de services publics déconcentrés ou d'associations d'intérêt public général, souhaitant devenir facilitateur et vivre une expérience de communauté apprenante en participant à un cercle d'apprentissage (espace d'auto-formation collective accompagnée, porté par
l'autonomie des apprenants, au sein d'un collectif)
– la découverte d'une communauté apprenante
– l'implication d'une majorité des participant.e.s
– Les cercles d'apprentissage sur la page de Riposte Créative Territoriale
– La formation sur la page Utilo
– Le déroulé de la formation sur Riposte Créative Bretagne (wiki)
– le descriptif de formation par le CNFPT Bretagne
– Pourquoi utiliser un outil convivial(yeswiki) pour faciliter la coopération ouverte, à l'expérience des Riposte Créative...
– Le rôle du techno-pédagogue dans un « Riposte créative », espace en coopération ouverte
Interview de Benoit Vallauri, directeur du Tilab en introduction à la conférence atelier "Innovation publique et Transition lors de la journée Transiscope en terre bretonnes du 17 novembre à Quimper.
Quelles interactions entre innovation publique d'intérêt général et communs de la transition ?
Un temps pour favoriser cette coopération après la rencontre des acteurs qui cartographient les initiatives en transition en Bretagne
Depuis 5 ans le Ti Lab à Rennes réunit des acteurs des collectivité locales et services autour d'innovation d'intérêt général. Aujourd'hui, les questions de la transition interpellent l'ensemble des politiques publiques, et des liens sont à construire entre cette innovation par les acteurs des services publics et les acteurs de la transition.
Bonjour Benoît, peux-tu te présenter ainsi que le Ti Lab ?
Benoît Vallauri, je suis le responsable du Ti Lab. Avant d'être responsable du Ti Lab, j'ai commis pas mal de choses, dans la fonction publique ou sur d'autres terrains, qui avaient en commun d'être tout à la fois créatives, de chercher des interstices pour faire des choses intéressantes pour l'intérêt général et de s'intéresser à la question des communs.
Le Ti Lab est un laboratoire d'innovation publique qui agit en Bretagne, qui dépend tout à la fois des services de l'État et des services de la région Bretagne et que l'on définit, comme un laboratoire de recherche et développement de politique publique. En gros, on vient nous voir avec un problème et on essaie, par l'intermédiaire de recherches, d'actions créatives et d'expérimentations à petite échelle, de trouver des solutions. Nous hébergeons également des communautés de personnes qui ont envie de prendre un sujet, de le travailler sur d'échanger sur leurs pratiques ou sur des problématiques retenues en dehors des réseaux habituels.
Ti Lab, Porté par la Préfecture de Bretagne et la Région Bretagne, le Ti Lab est un laboratoire territorial (préfecture de région).
- Conduite de nouveaux projets, de l'exploration à l'évaluation des expérimentation
- Accompagnement et accélération de projets existants
- Coopération ouverte et multi-partenariale
- Animation de communautés
- Recherche-action en politiques publiques
- Ethnographie/ Design de politique publique / UXDesign / Co-développemen
- Facilitation directe / Ateliers coopératifs remix et Hackathon
- Formations-actions
- Conseil en Innovation publique et en Participation citoyenne
Merci. Qu'est- ce que tu entends par « Innovation publique d'intérêt général » ?
L'innovation publique concerne des éléments qui relèvent des politiques publiques, de ce que la « puissance publique » peut aider à faire ou ne pas faire pour laisser la place aux autres. Et l'innovation publique d'intérêt général, c'est pour moi quand l'innovation publique est au service de l'intérêt général, c'est- à- dire des usagers citoyens pour lesquels elle travaille. On essaie, au sein de la laboratoire d'innovation publique, d'être aussi des porte-parole des citoyens sur des aspects opérationnels ou plus politique, en alliant le côté politique publique et l'intérêt général, qui est particulier aux communs.
Justement, à propos de commun, ce n'est pas très courant que les laboratoires d'innovation publique fonctionnent en privilégiant ces communs. Pourquoi le TI LAB développe ces projets comme des communs ?
Il y a plusieurs raisons.
Déjà parce que ce qu'on essaie de faire a toujours une dimension coopérative. On ne travaille jamais tout seul et on a besoin des autres, de personnes sur le terrain, de citoyens, d'usagers. On a aussi des personnes qui viennent au sein du Ti Lab, parce qu'elles ne trouvent pas d'espaces de coopération au sein de leurs organisations. Lorsqu'elles sont dans des espaces de coopération, elles travaillent ensemble et cela nous semble normal que ce qui sort de ces travaux en communs soit « versé » aux communs, mises en partage et puisse s'enrichir.
Une deuxième raison relève d'un principe du Ti Lab. On considère que la recherche et développement financées par de l'argent public a vocation à être partagée, donc à être des communs. Pour le dire plus simplement, une action expérimentale développée par le Ti Lab qui ne trouve pas sa place en Bretagne peux être développée à l'autre bout de la France, voire même à l'autre bout du monde, parce que justement, c'est un commun qui peut être reproduit, et alors on en est très contents et on pense qu'on a rendu service.
Enfin, une autre raison, c'est aussi que le fait de pouvoir délivrer des communs permet à d'autres personnes que l'on ne connaît pas de pouvoir les reprendre, les réutiliser, les améliorer, les repartager et de bénéficier comme ça de toute la force que donnent les communs.
Comment s'organise cette pratique des communs ?
Fondé en 2017, le LabAccèsest un programme de recherche-action collaboratif porté par le Ti Lab (le laboratoire d'innovation publique en Bretagne) sur le thème de l'accès aux droits sociaux dans un contexte de dématérialisation de la relation administrative.
Le LabAccès apporte un éclairage concernant les effets de la dématérialisation aux différents niveaux de la relation e-administrative, et mène des expérimentations visant à agir contre le non recours aux droits et aux services publics.
Pour en savoir plus : https://www.labacces.fr
Sur le Labaccès, par exemple, elle s'organise parce qu'on essaye de faire coopérer des acteurs qui ne travaille pas forcément ensemble. Par exemple sur plusieurs échelles territoriales, des associations et des partenaires publics, des organismes dématérialisant comme la CAF et des maisons France Service ou des médiateurs numériques, voire des acteurs qu'on peut qualifier de militants.
Elle s'organise aussi parce qu'on essaye de faire coopérer ensemble différentes professionnalités, différents métiers, qui n'ont pas l'habitude de travailler ensemble, par exemple, des chercheurs en sciences sociales et designers. On recherche des solutions communes, des scénarios communs, et en dehors des silos habituels.
Cette pratique est aussi celle de la documentation de tout ce qui est produit au sein du laboratoire. Ces documentations et/ ou ces outils sont délivrés sous des licences ouvertes comme les licences Creative Commons qui permettent la réutilisation. On s'appuie également sur des données ouvertes pour essayer d'avoir des représentations qui soient accessibles.
UtiloUne communauté pour connecter les facilitateur.rices d'intérêt général
Tu t'intéresses à la facilitation, tu cherches à travailler différemment, en intelligence collective, tu as envie de rencontrer d'autres personnes qui sont dans le même cas pour recevoir et partager des outils, des conseils, développer d'autres compétences ?
La communauté est composée d'agent.es public.ques mais aussi de personnes issues du milieu associatif, de l'ESS, d'indépendant.es, tou.tes animé.es par l'innovation d'intérêt général.
Pour Utilo, ça s'organise encore plus, comme des communs, puisque à l'origine, Utilo, ce sont des personnes qui sont venues au Ti Lab pour ne se rencontrer entre personnes pratiquant de la facilitation, de l'animation, de l'expérience de l'intelligence collective, de la coopération. Des personnes qui se sentaient isolées dans leurs pratiques et dans leurs institutions ou dans leur milieu et qui voulaient partager.
Le Ti Lab les abrite. Le Ti Lab leur permet de faire des choses pour lesquelles elles nous missionnent. Utilo, ce sont les gens qui font Utilo qui gouvernent Utilo eux-mêmes, et qui mandatent le TI LAB pour enrichir Utilo, pour par exemple créer le site Internet d'Utilo. C'est donc eux qui sont à la base de la décision et qui conservent cette gouvernance qui est pour nous un élément clé des communs. Cela existe aussi dans LabAccès, mais plus à titre de co-gouvernance, avec une échelle de décision un peu plus stratégique et un peu plus administrative.
Et pourquoi le Ti Lab s'intéresse aujourd'hui à la transition ?
Déjà, il est évident qu'il faut s'y intéresser, cela nous concerne maintenant, c'est un sujet à la fois contemporains, urgent et important.
La deuxième raison, c'est qu'on s'est rendu compte que depuis sa naissance et par les sujets dont on est saisi, le Ti Lab a une entrée justice sociale importante. Or, on a besoin d'inscrire ces éléments de justice sociale à l'intérieur de la transition environnementale ou des transitions plus sociales en termes de pratiques entre les personnes.
On pense que cela peut permettre de résoudre un certain nombre de problématiques ou d'éviter de prendre de mauvaises solutions parce qu'il y a des limites planétaires qu'il va falloir respecter Pour que ces limites planétaires soient respectées, il y a des décisions à prendre, mais pour que ces décisions à prendre soient socialement acceptées, il faut qu'elles relèvent d'éléments de justice sociale. On est aussi déjà des pense être des acteurs de la transition par cette dimension très coopérative qu'on applique dans nos projets et en cherchant à diversifier les acteurs jusque ceux avec lesquels, généralement, la puissance publique ne dialogue pas.
Et puis enfin, la troisième raison, c'est que les institutions avec lesquelles on travaille souhaitent avancer sur ce sujet sans savoir forcément comment faire. Elles ont besoin d'être un peu aiguillonnés pour pouvoir le faire plus fortement au-delà des lieux communs ou du « greenwashing » Pour rentrer dans des choses dures, c'est certainement plus facile à faire dans un laboratoire en avance de phase que directement dans une administration, vu les changements qui sont à opérer, tant en termes de pratique qu'en termes de manière de décision publique. Ensuite, ces changements peuvent être diffusés.
Merci Benoît. Et puis, si les communs et la transition sont au cœur de l'action de Transiscope, peut- être deux mots un sur le sujet de la conférence du 17 novembre, qui sera l'interaction entre Innovation publique et acteurs des transitions.
La première chose, à laquelle je pense que c'est déjà d'avoir des espaces sur lesquels on puisse « s'interconnaître », s'apprivoiser et dialoguer. On a des pratiques en commun, mais parfois, effectivement, ce n'est pas toujours évident lorsqu'on on travaille pour des administrations, de pouvoir le faire aussi un peu librement avec d'autres acteurs. On peut nous dire que c'est trop politique, que ça relève trop de la militance. Or, il y a des choses aujourd'hui qui sont complémentaires, qu'on peut faire ensemble d'ailleurs, et qui nous permettent aussi d'identifier des interstices. C'est dans ces interstices que les actions porteuses de futurs et peut-être les plus intéressantes, vont pouvoir se situer.
Donc, apprendre à travailler ensemble.
Et puis on est déjà un acteur de la transition en accompagnant ou hébergeant des actions comme Utilo, ou lorsque dans Labaccès, on interroge des élus, des acteurs politiques ou sociétaux, sur le techno-solutionnisme qui est aussi présent dans la problématique des transitions.
Enfin, pour l'équipe du TI LAB, la transition concerne les personnes qui y sont embarquées, mais également les gens avec qui on travaille. On a vraiment besoin de jeter des ponts avec tout le monde.