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Technologies sportives : les REPTIC hors des sentiers battus !

14 novembre 2016 par Christophe Reverd Veille 197 visites 0 commentaire

Un article repris de http://www.vteducation.org/fr/artic...

Un article de Christophe Reverd publié le 9 Novembre 2016 par le site VTEducation

Avec la complicité d’Éric Cloutier, ancien enseignant d’éducation physique devenu conseiller pédagogique TIC au Cégep de Thetford, la Vitrine technologie-éducation (VTÉ) a profité des rencontres d’octobre 2016 du Réseau des répondantes et répondants TIC(REPTIC) des cégeps et collèges publics québécois pour échanger avec eux sur l’utilisation des technologies sportives dans leur milieu. Avant toute chose, nous leur avions recommandé de suivre nos précédentes suggestions afin qu’ils se mettent dans la situation d’étudiants à qui il serait demandé d’utiliser de telles technologies dans leurs cours d’éducation physique.

Conscientisation

Les premières discussions ont très vite tourné autour de la précision de l’estimation du nombre de pas des podomètres intégrés aux cellulaires intelligents. Soyons clairs, il s’agit essentiellement d’une estimation établie sur la base des capteurs intégrés au téléphone et parfois à un GPS. Dans tous les cas, il a rapidement été établi que l’exactitude n’apportait pas grand chose. Ce sont avant tout des outils permettant de prendre conscience du niveau d’activité physique tel que le suggèrent le premier et le second blocs du cours d’éducation physique au collégial. En effet, il importe peu que votre podomètre indique 2500 ou même 4000 pas car, selon les recommandations mondiales en matière d’activité physique pour la santé(Organisation mondiale de la santé, 2010), en deça de 5000 pas quotidiens, un individu est considéré comme sédentaire, comme l’illustre le tableau ci-dessous :

Indicateurs fournis par un podomètre
Pas par jour Niveau d’activité physique (adulte de 18-25 ans)
Moins de 5000 Style de vie sédentaire
Entre 5000 et 7499 Faiblement actif
Entre 7500 et 9999 Modérément actif
Entre 10 000 et 12 500 Actif
Plus de 12 500 Extrêmement actif

Les données du tableau ci-dessus sont extraites et traduites à partir de la publication Pacific physical activity guidelines for adults : framework for accelerating the communication of physical activity guidelines (World Health Organization 2008, p. 12).

Cela dit, encore faut-il porter ou avoir son cellulaire près de soi tout au long de la journée. Autrement dit, peu importe que vous portiez ou pas votre cellulaire sur vous, tant et aussi longtemps que vous ne l’oubliez pas au fond de votre sac. Surtout celui que vous déposez sous le bureau le matin pour ne le reprendre que le soir !

Géolocalisation

Par la suite, les participants ont évoqué la différence entre les applications complémentaires (Runtastic et Strava, par exemple) et les applications de base disponibles sur les cellulaires (Apple Santé et Google Fit). Alors que les premières requièrent de l’utilisateur qu’il démarre et arrête le suivi de chacune de ses activités, les secondes détectent et enregistrent tous les déplacements auxquels sont automatiquement associées des séances de marche, de course à pied ou de vélo, et cela, sans aucune intervention.

À cette occasion, une participante a noté une réduction importante de l’autonomie de la batterie peu après l’activation de cette fonctionnalité de son cellulaire. Ce qui a fait dire à un des participants qu’à l’extérieur, l’utilisation de la géolocalisation de ces applications fait systématiquement appel à un signal GPS, ce qui nécessite minimalement de se déplacer avec un cellulaire afin d’être géolocalisé. Comme il préfère « partir léger » en utilisant seulement un iPod Nano pour écouter de la musique, il doit donc consigner ses performances manuellement dans un chiffrier.

Au-delà de l’aide à l’estimation du nombre de pas, les échanges ont ensuite porté sur l’obligation de ce pistage continu et de ses répercussions sur la protection des renseignements personnels que certaines personnes sont en droit de refuser, incluant certains étudiants. Existerait-il un service à vocation éducative afin de protéger ces derniers de toute exploitation commerciale de leurs traces ? Manifestement non, du moins pas dans les deux principaux services en ligne utilisés par les participants et mentionnés précédemment dans cet article.

Concepteur d’itinéraires

En raison de cette obligation, la question était donc de savoir s’il était possible de tirer un quelconque avantage de ce pistage. C’est alors que la création d’un itinéraire basé sur une activité passée a été évoquée. Or, c’est justement ce que les utilisateurs inscrits aux services en ligne de Strava peuvent faire en important leurs traces avec le projet GPX to route. Par la suite, les mêmes utilisateurs profiteront de l’éditeur d’itinéraires pour allonger un parcours de marche, de course à pied ou encore de vélo selon la distance et le dénivelé souhaités avec, en plus, l’estimation du temps nécessaire pour le parcourir selon leurs performances moyennes des quatre dernières semaines.

Circuit des berges (21,1 km)

Éditeur d’itinéraires de Strava

D’une application à l’autre

Le format de fichier GPX est intéressant car son utilisation, tout comme celle du format de fichier TCX, permet de récupérer les suivis de ses activités afin de les utiliser dans une plateforme plutôt que dans une autre. Voyez ci-dessous les données d’une course à pied initialement enregistrée dans l’application Stravaavant d’être importée dans l’application Runtastic.

Écran Classique Parc La Fontaine dans Runtactic
Écran Classique Parc La Fontaine dans Strava

Exposition de renseignements personnels et mesures de mitigation

Une participante a clairement mentionné son rejet de la compétition auquel le partage de ces données peut facilement conduire en précisant qu’elle courait pour et contre elle-même. C’est la raison pour laquelle elle ne voit aucun intérêt à partager ses résultats. À partir de cet instant, les participants se sont demandé si un tel niveau de détails était vraiment nécessaire à un enseignant et s’il n’y avait pas trop d’informations personnelles. Il est clair qu’avec le temps, le partage de ses circuits d’entraînement peut conduire à divulguer son lieu de résidence, ses habitudes et son horaire. C’est la raison pour laquelle il est important de réfléchir à ce que l’on partage depuis son profil. Sur ce point, le site Web Strava permet d’activer des zones de confidentialité autour de son domicile, par exemple. Donc, faire attention de bien déterminer l’étendue de votre zone de confidentialité en fonction de la densité de votre milieu. En milieu urbain, il est en effet plus difficile de localiser précisément le domicile d’une personne dans un périmètre de quelques kilomètres. Ce qui pourrait ne pas être le cas si vous résidez loin d’une ville où la densité de la poplation est moindre.

D’autre part, grâce à la fonction survol disponible depuis le même site Web, il est facile de visualiser le déroulement d’une course et son positionnement par rapport aux autres participants, comme c’est illustré par l’animation ci-dessous.

Fonction survol du site Strava appliquée à un évènement public

À noter : Sur le même principe, deux inconnus utilisant l’application Strava, qui se rencontrent par hasard, pourront en apprendre davantage l’un sur l’autre en cliquant simplement sur le profil de l’individu rencontré. Le partage et surtout l’accès à vos informations personnelles détaillées depuis votre profil peuvent donc s’avérer une arme à double tranchant. Partagez les vôtres en connaissance de cause !

Analyse de nos traces

Il en est autrement dès qu’un individu commence à consolider ses propres données afin d’offrir une vue plus globale, comme ici avec la carte des activités de course à pied sur une période donnée, ce qui, entre les mains d’un enseignant, pourrait lui permettre de s’assurer que l’étudiant progresse dans la réalisation de sa planification. Dans le cadre d’un laboratoire portant sur de nombreux projets expérimentaux, Strava pousse encore plus loin la consolidation des données de ses utilisateurs en permettant de cerner les circuits les plus populaires, comme l’illustre le lien ci-dessous. Pratique pour savoir où aller courir lors des rencontres REPTIC à Québec ! ;-)

Fonction survol du site Strava appliquée à un évènement public

Interprétation pédagogique

Après ce survol, n’oubliez pas que lorsqu’il s’agit d’interpréter les données, il est nécessaire de rester vigilant car un tracé ne donne aucun assurance sur l’identité de la personne en possession du cellulaire lors de l’activité. De plus, comme le rappelait Éric Cloutier lors de la présentation, les données ne disent pas tout sans une mise en contexte pour correctement les interpréter. D’un autre côté, ilfaut savoir modérer l’utilisation des communautés sociales, qu’elles soient sportives ou non, ainsi que les données dont elles se nourrissent. Cela entraîne la problématique de l’évaluation qui devrait mesurer la prise en main par l’étudiant et certainement pas l’atteinte ou non d’un niveau de performance.

À ce sujet, tel que le rappelle Chiasson, cité (tableau 2, p. 6) dans le rapport de recherche PAREA de Jean Lemoyne (2012) [1], au collégial, le programme d’éducation physique se déroule en trois ensembles :

 1 Santé, volet dans lequel l’étudiant situe la pratique de l’activité physique parmi les habitudes de vie favorisant la santé.
 2 Éfficacité, volet dans lequel l’étudiant améliore son efficacité dans la pratique d’une activité physique.
 3 Autonomie, volet dans lequel l’étudiant démontre sa capacité à prendre en charge sa pratique d’activités physiques dans une perspective de santé.

L’utilisation des technologies sportives vient naturellement renforcer l’atteinte des compétences et des orientations pédagogiques énoncées dans les devis ministériels. De plus, certains estiment que l’utilisation de ce genre de technologies peut contribuer au sentiment d’appartenance et à l’engagement d’un étudiant à un groupe, stimuler sa persévérance et son autocontrôle tout en améliorerant sa confiance et son estime de soi, en favorisant sa reconnaissance sociale tout en contribuant à l’amélioration de la prise en charge de l’étudiant par lui-même.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Utilisez-vous de telles applications et si oui, de quelles façons ?

*

Licence : CC by-nc-sa

Portfolio

Exemple de consolidation de données dans Strava avec le Heatmap global

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