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Les humanités numériques, cheval de troie pour revisiter la littératie numérique

Un article repris de https://tipes.wordpress.com/2017/03...

Cet article est le 92 ème des contributions de l’IMT Atlantique autour de la pédagogie, voir l’ensemble des articles ici


Les humanités numériques correspondent à une interrogation des domaines de recherche des sciences humaines et sociales sur l’impact du numérique sur leurs métiers. Démarche réflexive, ce questionnement les a amené à réfléchir aux renouvellement des processus de construction et de diffusion des savoirs.

Cette réflexion ancre les différents éléments de la littératie numérique dans les métiers des « humanités ». On y retrouve globalement les éléments de processus de construction de savoirs prônés autour du web, avec néanmoins des spécificités complémentaires intéressantes. Cette démarche épistémologique émanant des chercheurs en humanités eux-mêmes, elle ne peut être taxée de démarche de geeks ou autres technophiles. Elle acquiert ainsi une légitimité qui doit rendre acceptable ces nouvelles compétences et autres méthodes à un public plus large que celui qui est habituellement sensible à l’importance de la littératie numérique. D’un point de vue sociologique, certains y voient un tournant.

Depuis quelques mois, un collectif se crée autour des humanités numérique et de l’éducation. Cette conjonction comporte plusieurs éléments intéressants :

  1. d’abord cela devrait renforcer la réflexion sur l’acquisition de compétences liées au numérique ;
  2. ensuite, de par ses origines, elle permet de promouvoir une démarche d’acquisition de connaissances par la recherche, ce qui est un mode pédagogique pertinent et tirant parti du numérique ;
  3. les pratiques d’analyses critiques et réflexives font également partie intégrante de la démarche ;
  4. les valeurs d’ouverture, de diffusion, de partage, de libre accès se dégagent naturellement d’une telle démarche
  5. la construction se fait dans un espace d’échange interdisciplinaire. Les débats semblent particulièrement riches. De plus un tel processus a également l’intérêt de ne pas produire un cadre prescriptif et définitif comme on peut l’avoir vu dans le passé.

La définition définitive de compétences semble en effet particulièrement difficile dans un contexte technique qui est et restera mouvant. Comme le rappelle Denys Lamontagne, les valeurs d’entraide et de collaboration sont fondamentales.

Pour l’enseignant informaticien que je suis, un des nœuds à résoudre est d’identifier les notions nécessaires à ces nouvelles pratiques issues de mon domaine. Deux supports de cours sont source d’inspiration. L’un cité dans la bibliothèque des humanités numériques de Elie Allouche nous vient de l’UCLA, le cours DH101. L’autre nous vient de l’ULB de Bruxelles.

On y trouve principalement des sujets techniques (numérisation, structuration et bases de données, analyse et visualisation de données ou de réseaux, analyse de textes, espaces virtuels, …) avec un déroulé issu de la démarche scientifique. On y perd sans doute les éléments de cette démarche inductive chère aux humanités numériques (et donc le développement de compétences de type littératie numérique) mais on y trouve en tout cas un corpus technique clair. Reste à y appliquer une méthode pédagogique plus ouverte, peut être sur un mode connectiviste comme ITyPA en son temps.

Remarquons à l’étude de ce corpus que l’on va au delà de la gestion de médias et de techniques de base au sens classique. Les enseignants et chercheurs en EMI (Éducation au Médias et l’Information) ont un temps considéré que la littératie numérique pouvait se ramener à leurs problématiques, en considérant le Web comme un média comme un autre. Le numérique va au delà, l’interrogation des Humanités Numérique permet d’élargir le débat par son approche pluridisciplinaire.

Dans le cadre des humanités numériques, émergent la nature des sources sur lesquelles on fait des recherche, l’analyse et la visualisation de données numériques, l’analyse linguistique, … bref des dimensions plus techniques de construction de connaissances. Si certains aspects peuvent sembler affaire de spécialiste, il y a tout de même une dimension citoyenne Par exemple, dans un monde de données largement disponibles et ouvertes, la capacité d’interprétation, ou au moins de compréhension de ces interprétations devrait faire partie du bagage citoyen. Le développement du data-journalisme en est un autre signal.

Si les Humanités Numériques sont bien un vecteur d’appropriation des processus de construction de connaissance tirant parti du numérique et donc un vecteur de développement de la littératie numérique, elles réinterrogent également le périmètre de cette littératie numérique. Et c’est une bonne nouvelle, tant ce périmètre est et restera mouvant.

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Crédit photo : Digital Humanities par Brian Solls – licence CC-by

 


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