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Le prochain Congrès de AIPU aura lieu 6 au 9 juin 2016 à Lausanne

2 avril 2016 par Gilles Jacovetti Veille 192 visites 0 commentaire
« Les valeurs dans l’enseignement supérieur » est la thématique choisie. Celle-ci sera déclinée en trois axes durant les quatre jours de colloque. Vous pouvez consulter la page cadrage et thématique.

Vous trouverez sur le site de l’AIPU toutes les informations nécessaires à votre participation à ce congrès.

Le comité d’organisation se réjouit d’ores et déjà de vous retrouver à Lausanne en juin 2016


Les valeurs dans l’enseignement supérieur

A l’aube des années 2000, l’UNESCO a rédigé sa vision de l’enseignement supérieur pour le XXIe siècle. Cette déclaration faisait mention d’une “grave crise des valeurs” de nos sociétés et du besoin essentiel pour nos établissements d’enseignement supérieur de se développer et d’innover pour faire face à ces changements. Près de 20 ans plus tard, les points soulevés par l’UNESCO sont toujours d’actualité (p.ex. voir les propositions effectuées pour une Stratégie Nationale de l’Enseignement Supérieur en France en septembre 2015) :

  • la tension entre les besoins de la société, et notamment des employeurs qui souhaitent le développement de certaines compétences professionnelles spécifiques, et l’offre de formation qui met un accent important sur des éléments plus génériques comme la réflexivité, la créativité, etc.
  • l’accès aux études supérieur et l’enseignement de certains champs théoriques remis en cause par les politiques (p.ex. les débats actuels concernant l’instauration d’un numerus clausus dans les filières SHS)
  • la prise en compte de la diversité
  • le développement de l’esprit critique chez les étudiant·e·s
  • le développement professionnel des enseignant·e·s
    Même si les valeurs sont des préférences personnelles, les enseignant·e·s ou l’institution contribuent (explicitement ou non) à transmettre des valeurs qui leur paraissent importantes. Les étudiant·e·s auront bien entendu le choix d’y adhérer ou non. Mais dans certains cas, le choix peut être quelque peu forcé, lorsque l’institution propose à son personnel et à ses étudiant·e·s de signer une charte leur demandant de respecter certaines valeurs (p. ex. charte d’intégrité académique, etc.).

Le précédent congrès de l’AIPU a contribué à réfléchir sur certains aspects concernant les valeurs dans l’enseignement supérieur en mettant le focus sur la dynamique forte existant entre l’enseignement et la recherche. Ce congrès propose de questionner directement la notion de valeurs dans l’enseignement supérieur : Quelles sont les valeurs qui sous-tendent les actions de nos institutions d’enseignement supérieur ? Quelle est la place des membres de l’institution (étudiant·e·s, enseignant·e·s, personnel administratif et technique, direction, etc.) dans la définition de ces valeurs ? Quelles sont les valeurs que nous souhaitons diffuser auprès de nos étudiant·e·s ? Comment accompagner les enseignant·e·s dans la définition de ces valeurs ? Comment intégrer ses valeurs dans son enseignement ? De ce questionnement, nous pouvons faire émerger trois axes de discussions.

Le premier axe sera orienté sur l’institution et ce qu’elle propose à sa communauté comme espace de réflexion et comme cadre de travail au sujet des valeurs dans l’enseignement supérieur.

Le deuxième axe sera orienté sur les enseignant·e·s en mettant l’accent sur leur développement professionnel. Il s’agira notamment d’envisager différentes pistes pour leur permettre de clarifier leur philosophie d’enseignement et de la mettre en acte.

Enfin, le troisième axe sera orienté sur les apprenants·e·s et plus précisément sur les actions qui peuvent être mise en place pour améliorer l’expérience d’apprentissage des étudiant·e·s à partir des valeurs définies.

Axe 1 – L’institution comme espace de réflexion et d’orientation

Les institutions d’enseignement supérieur sont en tension permanente avec leurs communautés pour (1) offrir un espace de discussion autour des valeurs dans l’enseignement supérieur et (2) proposer un cadre de travail prenant en compte les besoins de la société et les demandes des instances supérieures (politique locale, nationale et internationale). A ce propos, nous pouvons nous poser une question principale : Comment et par qui sont définies les valeurs de l’enseignement supérieur dans nos institutions ? Plusieurs questions secondaires liées à l’ingérence des politiques dans l’élaboration d’une offre de formation peuvent être posées : Devons-nous ou non restreindre l’accès à certaines filières ? La formation tout au long de la vie, qui s’est beaucoup développée dans nos institutions, vise à offrir aux citoyen·ne·s l’accès à l’enseignement supérieur pour son développement personnel, mais ne s’agit-il pas également d’augmenter sa performance dans son poste de travail par des pressions externes (employeur, société, etc.) ? L’offre de formation doit-elle alors être élaborée pour les partenaires externes, avec les partenaires externes ou sans eux ? Les enseignant·e·s doivent-ils/peuvent-ils avoir l’entière responsabilité de cette offre de formation ? Mais dans ce cas-là, toutes les formations sont-elles viables ? N’y a-t-il pas un risque qu’il n’y ait aucune perspective d’employabilité après la formation et du coup qu’aucun·e étudiant·e ne s’inscrive ? Quelle est la place des étudiant·e·s et des autres membres de l’institution dans la définition et l’organisation des curriculums ?

A titre d’exemple, les communications relatives à ce champ peuvent cibler l’une des questions suivantes :

  • l’accès à l’enseignement supérieur
  • l’apprentissage tout au long de la vie (formation continue, validation des acquis de l’expérience, etc.)
  • la prise en compte de la diversité des étudiant·e·s et des enseignant·e·s et du contexte culturel
  • la durabilité dans l’enseignement
  • la définition et l’organisation des curriculums (la place des étudiant·e·s, des enseignant·e·s, du personnel, des employeurs potentiels, etc. ; la liberté académique ; etc.)
  • l’employabilité

Axe 2 – Le développement professionnel des enseignant·e·s

La notion de valeurs dans l’enseignement supérieur est souvent quelque chose que l’on relègue à l’institution. Cependant, chaque enseignant a sa propre philosophie d’enseignement (teaching philosophy), ses propres valeurs, même si celles-ci restent implicite. Force est de constater que ses valeurs propres peuvent être au coeur de tensions terribles, cela peut-être le cas dans la notation. D’ailleurs les étudiant-e-s ne s’y trompent pas, il/elle-s modulent leurs résultats en fonction de l’enseignant-e : “J’ai fait un D mais c’était avec le professeur D. Barras !”.

Expliciter cette philosophie d’enseignement et ces valeurs peut permettre aux enseignant·e·s de clarifier leurs attentes auprès de leurs étudiant·e·s mais également d’analyser leur dispositif d’enseignement et le faire évoluer en fonction des attentes institutionnelles. Comment alors accompagner les enseignant·e·s dans l’explicitation de ces valeurs ou dans l’intégration des valeurs institutionnelles dans ses activités d’enseignement ? Ces accompagnements ne risquent-ils pas d’imposer un modèle unique, une norme, de ce que l’institution (ou les actrices et acteurs de l’accompagnement) aura défini comme étant un “bon” enseignement ?

A titre d’exemple, les communications relatives à ce champ peuvent cibler l’une des questions suivantes :

l’approche réflexive en s’appuyant sur une analyse de son dispositif d’enseignement
le développement de sa pratique à partir de formations à la pédagogie de l’enseignement supérieur ou de séances d’accompagnement pédagogique
faire de son enseignement un objet de recherche dans le cadre du Scholarship of Teaching and Learning
l’expérimentation pédagogique avec l’intégration d’innovation avec ou sans technologie
l’impact des dispositifs de développement professionnel des enseignant·e·s

Axe 3 – L’expérience d’apprentissage des étudiant·e·s

Les valeurs définies au sein d’une institution peuvent permettre de proposer un cadre de travail aux différent·e·s membres de la communauté. Au niveau des étudiant·e·s, le focus peut être porté sur les actions mises en place pour améliorer leur expérience d’apprentissage mais également pour les préparer à être de futur·e·s représentant·e·s de leur institution en dehors de celle-ci. Comme indiqué dans l’introduction, les valeurs sont des préférences personnelles et, dans ce cadre, les étudiant·e·s pourront ou non adhérer à celles proposées par leur institution. Que fait l’institution pour permettre à ses étudiant·e·s d’adhérer à ses valeurs ? Que font les enseignant·e·s pour permettre à leurs étudiant·e·s d’adhérer à leurs valeurs ?

A titre d’exemple, les communications relatives à ce champs peuvent cibler l’une des questions suivantes :

  • les dispositifs d’aide à la réussite des étudiant·e·s
  • le développement des compétences transversales (esprit critique, intégrité académique, etc.)
  • le feedback aux étudiant·e·s sur leurs travaux
  • l’impact sur les apprentissages des méthodes dites “actives”
  • l’impact des supports d’enseignement sur l’apprentissage des étudiant·e·s.

Licence : CC by-sa

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